Remarque
n°1. — Pages 1 et 2 de couverture.
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Pourquoi,
en couverture d’un ouvrage consacré à un médecin
français, mettre la photographie, empruntée à un
site internet belge, d’un infirmier belge, alors que les clichés
de l’auteur ne manquent pas, non plus que ceux de son hôpital pendant
la guerre?
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Remarque
n°2. — Page 2
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Cliché
non sourcé, localisé à Légé, sans que
cette localisation soit davantage sourcée; c’est d’autant plus gênant
qu’il faut relever ailleurs de nombreuses inexactitudes en la matière, et même plusieurs
erreurs caractérisées.
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Remarque n°3. — Page 5
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«Ce carnet est certes celui d’un homme de l’art médical».
Voilà un style un peu embarrassé.
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Remarque n°4. — Page 6
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«Une lecture attentive du carnet montre qu’en réalité
il a rédigé son récit après la guerre, en
s’appuyant assurément sur les notes détaillées qu’il
avait prises jour après jour». Hypothèse des plus étonnante,
qui surprendra toute personne ayant lu le texte du carnet avant d’en parcourir
la préface, et qu’on s’étonnera aussi de voir répéter
en conclusion sans qu’elle ait été démontrée
en cours de route.
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Remarque n°5. — Page 6.
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«Dès les premières lignes du texte,
il évoque en ces termes un voyage qu’il entreprend (…): ‘(…) Nous
renonçons au séjour de quelques jours que nous devions faire
(…)’. Tout le carnet a beau être rédigé au présent
donnant ainsi le sentiment d’une écriture directe, le ‘que nous
devions faire’ montre bien qu’il y a une réécriture en forme
de bilan.»
Cette argumentation est extravagante. Le sens du texte est pourtant
clair : Saint-Périer dit simplement que devant la menace de guerre
il avait dès le départ réduit la durée du
séjour qu’il devait faire aux Pays-Bas.
Et quand bien même on pourrait démontrer que l’auteur
n’a pas commencé son carnet le jour même où remonte
son récit, on en pourrait seulement conclure qu’il l’a commencé
le lendemain ou le surlendemain, en commençant par revenir sur les
circonstances où la guerre l’a surpris.
|
Remarque n°6. — Page 7
|
L’éditeur nous avertit que notre carnet «présente
à la fois des faits précis appuyés sur les notes (…)
qu’il retranscrit telles quelles, et des réflexions ajoutées
plus tard qui reflètent en réalité son état
d’esprit de l’immédiat après-guerre».
Cette hypothèse est en contradiction ne serait-ce qu’avec
le titre lui-même du carnet, qui parle de «la guerre de 1914»,
et qui a donc clairement été porté à un moment
où l’auteur croyait encore comme tout le monde à une guerre-éclair.
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Remarque n°7. — Pages 7 et 9 |
«Le carnet s’interrompt définitivement par
une évocation très pertinente des conséquences de
la guerre: sort de l’Allemagne, affaiblissement de la France (…). Cette
réflexion lucide accrédite un peu plus l’idée que
sa rédaction date de l’après-guerre.» Argument extravagant.
Ce serait non pas le 29 juin 1916, mais après 1918 que Saint-Périer
aurait écrit: «Nous sommes un peuple définitivement
abaissé et vaincu (…)» et «Finis Galliae»!
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Remarque n°8 — Page 9
|
«Finis Galliae» Il aurait fallu indiquer
au lecteur non latiniste que ces mots signifient en latin (et, disons-le,
plutôt en latin de cuisine): «Terme de la Gaule», ou,
si l’on préfère,
«Fin de la France».
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Remarque n°9. — Page 8.
|
Cliché non sourcé, mal daté et
titré de façon extravagante: «René de Saint-Périer
et son père Jean Guy sur le perron d’entrée du château
de Morigny, 1895 ou 1896». Ce cliché présente visiblement
deux jeunes hommes de la même génération, en lesquels
on reconnaît à droite René de Saint-Périer (tenant
en bandoulière sa chère boîte à herboriser),
et à gauche son frère cadet Urbain (avec un fusil de chasse).
Il a pourtant d’ailleurs déjà été édité
par les Archives départementales de l’Essonne (où il est
conservé sous la cote 76J/17), dans le numéro 38 du Papyvore,
avec un titre plus correct: «René et Urbain de Saint-Périer,
1897». La date est fausse aussi. Ce serait plutôt vers 1901
(d’après les photos analogues conservées aux Archives départementales
de l’Essonne)
|
Remarque n°10. — Page 9
|
«Chasse aux corbeaux en hiver» etc . On
aurait aimé connaître la source de ces affirmations si précises.
On en est réduit aux hypothèses. S’agit-il par exemple des
photographies que notre éditeur a pu consulter dans la collection
de Mme Brinon?
|
Remarque n°11. — Page 10
|
«Cette adolescence heureuse fut brusquement interrompue
(…). Leur père (…) mourut de tuberculose en 1895.»
En réalité Jean-Guy de Saint-Périer n’est pas
mort à Morigny en 1895, mais à Pau dès 1885, et notre
éditeur n’a visiblement pas pris la peine de consulter les autres
récits autobiographiques du comte de Saint-Périer, où
il raconte notamment le jour (22 décembre 1885) de la mort de son
père lorsqu’il avait huit ans.
|
Remarque n°12. — Page 10.
|
«Dès cette époque [1903], en effet, il commença
à éprouver de sérieux problèmes oculaires».
C’est inexact, et, notre éditeur, manifestement, n’a pas jugé
utile de consulter les autres carnets intimes de Saint-Périer conservés
aux Archives départementales de l’Essonne, à Chamarande.
On y trouve notamment une lettre-relique qu’il conservait précieusement
depuis la mort tragique de sa mère en 1897, «Lettre de ma
chère mère», où on lit notamment ceci: «Si
tu négligeais cela, tu exposerais tes yeux à un grand danger
et tu comprends trop maintenant tes propres intérêts pour
qu’il soit nécessaire je crois, de t’en dire beaucoup plus».
Cette lettre n’est pas datée mais l’on voit aux termes qu’elle
emploie qu’elle s’adresse à quelqu’un qui sort à peine de
l’enfance.
|
Remarque n°13. — Page 11
|
Cliché non sourcé, où l’éditeur
propose d’identifier «sans doute l’ami très cher, Pierre d’Argenson»,
sans préciser ce qui pourrait appuyer cette identification.
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Remarque n°14. — Page 12
|
«Adolescent il fut l’un des premiers dans la région
à posséder une bicyclette». Affirmation non sourcée,
mais surtout très peu crédible. Saint-Périer en effet,
comme le rappelle notre éditeur, est né en 1877; or dès
1876 la ville d’Étampes organisait des concours cyclistes, dont
une médaille est en ligne sur le site du Corpus Étampois depuis
plusieurs années.
|
Remarque n°15. — Page 12
|
René de Saint-Périer, photographe, se serait constitué
«une collection de centaines de clichés». Affirmation
non sourcée. S’agit-il de la collection Brinon? Il aurait fallu
dire au moins en note: «Conservés dans une collection particulière».
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Remarque n°16. — Page 12
|
«Il s’intéressait aussi au monde politique, manifestant,
à la différence de son grand-père royaliste légitimiste,
une grande liberté d’esprit et des idées républicaines
avancées (…).»
Affirmation non sourcée. Par ailleurs, on se demande quel est
le critère objectif qui permet à notre éditeur de considérer
que René de Saint-Périer jouissait d’une plus «grande
liberté d’esprit» que son grand-père.
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Remarque n°17. — Page 12
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L’éditeur nous dit de Béatrix, première
épouse de Saint-Périer: «Très vite la jeune
femme eut de graves problèmes de santé.» On aimerait
connaître sa source. Le carnet fait allusion à une crise en
1909, est-ce à quoi il est fait ici allusion? Ou bien notre éditeur
a-t-il eu accès à une source qui puisse nous renseigner sur
ce point pendant la période de 1903 à 1909, premières
années de leur union?
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Remarque n°18. — Page 12
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L’éditeur nous parle de «la grande affection qui
unissait les deux époux», et nous explique immédiatement
après cela que «René demeurait très attaché
à Morigny dont il s’échappait pour conduire ses premiers
chantiers de fouilles, alors que Béatrix résidait volontiers
à Paris et Fosseuse.» On a du mal à saisir la logique
de ce paragraphe.
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Remarque n°19. — Page 12, note 14
|
L’éditeur nous indique que le grand-père de Saint-Périer,
maire de Morigny fut «destitué» de sa charge en 1882,
«lors de l’expulsion des congrégations quand il refusa d’accueillir
dans la commune un instituteur de la République». Il serait
plus exact de dire qu’il présenta sa démission au préfet
lorsque fut chassée de l’école communale une institutrice congréganiste
qu’on voulait remplacer par une institutrice laïque.
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Remarque n°20. — Page 13
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L’éditeur paraît bien renseigné sur la vie
du couple Saint-Périer de 1903 à 1914, puisqu’il nous dit
que pendant cette période, Béatrix était «toujours
malade», mais que René lui manifesta «toujours beaucoup
de compassion», d’autant qu’elle «montra toujours un courage»
que de son côté il «ne cessa jamais de souligner».
On aimerait connaître les sources de notre éditeur sur ces
points mais il semble qu’il ne fasse en réalité que broder
des suppositions à partir de la situation au demeurant peu claire
que reflète notre carnet à partir d’août 1914.
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Remarque n°21. — Page 13
|
«Une consultation auprès d’un certain docteur Félix».
On se demande pourquoi notre éditeur n’a pas cru devoir déterminer
qui était ce personnage qui sans doute est Joseph Félix,
de l’institut herniaire de Paris.
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Remarque n°22. — Page 14.
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L’éditeur nous dit que «René de Saint-Périer
(…) n’est pas mobilisable (…)», et précise en note: «Il
le sera fin août.» On ne voit pas clairement ce que peut vouloir
dire devenir mobilisable.
|
Remarque n°23 — Page 14.
|
«Il a été réformé bien avant
la déclaration de la guerre». C’est tout à fait inexact.
Il aurait fallu consulter la fiche matricule de Saint-Périer, qui
n’a pas été «réformé» mais classé
en 1897 à Beauvais dans les services auxiliaires en conséquence
de sa forte myopie. Il était donc tout à fait mobilisable.
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Remarque n°24 — Page 14.
|
«Mais conscient de la gravité du moment,
par réflexe patriotique, il s’engage dans le service auxiliaire
de santé militaire» C’est du roman. Il a un fascicule et se
rend à l’endroit qu’il indique: «6 août Je pars à
6 h du matin pour rejoindre mon poste» «7 août Je me présente
avant 9 heures au lycée, comme le porte mon livret»
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Remarque n°25 — Page 14.
|
«Il a sans doute sollicité cette affectation».
Supposition aussi invraisemblable qu’inutile. C’est à Beauvais
qu’il était immatriculé depuis 1897, et c’est donc tout
naturellement qu’il y est affecté lors de sa mobilisation Plus loin
notre éditeur ira jusqu’à imaginer (page 61 note 75) que
Saint-Périer se sera même fait pistonner en 1914 par son beau-père
pour être affecté à Beauvais, sans remarquer, comme
nous le verrons plus loin, que le dit beau-père était d’ailleurs
à cette date décédé depuis plus de dix ans.
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Remarque n°26. — Page 16
|
«Son fidèle ami Joxe». C’est en vain que
le lecteur se demande ici de qui il s’agit, et à quand remonte cette
belle amitié.
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Remarque n°27. — Page 16
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«Il dénonce le comportement de certains réfugiés
qui avaient profité de l’exode de la population pour piller l’hôpital.»
Pour justifier cette reconstitution des faits, l’éditeur cite ce
passage du carnet: «Pillage dû aux Français restés
à Beauvais après la fuite de la population», manifestement
sans comprendre le dit passage, où Saint-Périer dit simplement
que ces pillages ne sont pas le fait des Allemands, sans accuser spécialement
personne en particulier, sinon évidemment ceux qui étaient
restés sur place.
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Remarque n°28. — Page 17
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L’éditeur relève en note que Saint-Périer
a écrit Châteaubriand au lieu de Châteaubriant. Cette
faute d’orthographe méritait-elle tant d’honneur?
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Remarque n°29. — Page 19
|
Pour preuve que l’hôpital provisoire où travaillait
Saint-Périer «fonctionnait bien», notre éditeur
allègue que «en 1916, une revue médicale lui consacra
un article en vantant les mérites du médecin-chef Bilhaut».
Il faut que notre éditeur n’ait pas lu l’article auquel il nous
renvoie, car il ne s’agit là en réalité que d’un entrefilet
félicitant Marceau Bihaut de son élévation au grade
de chevalier de la légion d’honneur, entrefilet qui se contente de
reprendre le seul texte du journal officiel du 14 janvier 1916, qui suit:
«Bilhaut Marceau, médecin-major de 1re classe Territorial, médecin-chef
d’un Hôpital temporaire, a pu malgré son grand âge, assurer
depuis le début de la mobilisation, dans d’excellentes conditions,
grâce à une activité de tous les instants, la direction
d’un Hôpital de 500 lits, y a pratiqué avec un rare succès,
toutes les opérations importantes.»
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Remarque n°30. — Page 19 note 38.
|
«Le 10 avril (…) surmenage et problèmes oculaires».
Or Saint-Périer parle seulement d’une «migraine atroce avec
vomissements», sans faire mention ni de surmenage ni d’aucun problème
oculaire. Notre éditeur propose-t-il ici un diagnostic de son cru?
|
Remarque n°31. — Page 20
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Au sujet de la visite de l’hôpital où travaille
Saint-Périer par l’évêque de Beauvais: «Le prélat
a dû rencontrer les soignants et visiter quelques malades; en tout
cas son passage ne suscite aucun commentaire de la part de l’auteur.»
Mais notre éditeur oublie de préciser qu’à cette
date le carnet s’étiole tellement que les notices quotidiennes
deviennent presque inexistantes: «5 octobre. L’évêque
de Beauvais vient visiter l’hôpital. — 6 octobre. Rien à signaler.
— 7 octobre. Je suis de garde.» Sur l’attitude et les dispositions
de Saint-Périer relativement à la religion catholique, notre
éditeur aurait trouvé à glaner dans d’autre récit
autobiographiques de cet auteur, qu’il n’a pas cru devoir parcourir.
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Remarque n°32. — Page 21 note 41.
|
On se demande pourquoi notre éditeur nous parle ici de
la photographie aérienne en général. Il aurait été
plus intéressant d’analyser l’intéressant document photographique
de la même page et sa remarquable scénographie.
|
Remarque n°33. — Page 22.
|
Selon notre éditeur, l’auteur «n’est pas dupe du
rôle qu’on lui fait jouer, celui d’un ‘réparateur’ de pauvres
poilus.» On ne voit pas pour quelle raison le mot ‘réparateur’
est mis ici entre guillemets, ni en quel sens exact il est employé.
|
Remarque n°34. — Page 23
|
Notre éditeur semble supposer que l’apparition du tétanos
serait simplement due à de «longues semaines» sans procéder
«à aucune toilette de propreté ni à aucun changement
de linge», ce qui n’est pourtant sûrement pas sa pensée.
|
Remarque n°35. — Page 24
|
S’il faut en croire notre éditeur, voilà quelque
chose que semble prouver une lecture attentive du carnet de guerre de
Saint Périer: «On peut être un médecin de l’arrière
et avoir du respect pour ceux qui risquent chaque jour leur vie pour la
défense du pays.»
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Remarque n°36. — Page 25
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On nous dit de l’auteur «qu’en 1916 il a déjà
baissé la garde et qu’il ne note plus que peu de choses.»
Aucun des dictionnaires que nous avons consulté ne nous a permis
de comprendre ce que peut vouloir dire ici l’expression «baisser
la garde».
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Remarque n°37. — Page 25
|
Selon notre éditeur, Saint Périer «soutient
(…) une initiative comme celle du comte Andrassy, ministre autrichien
qui, en avril 1915, publie un mémorandum montrant l’inanité
de la guerre suicidaire que s’infligent les Européens».
Tout d’abord, le verbe «soutenir» est ici d’un usage singulièrement
inapproprié, concernant une opinion qui est portée dans un
carnet intime, et non pas exprimée dans un débat public.
Mais surtout, on se demande d’où notre éditeur sort
ce «mémorandum » qui aurait été «publié
» par le comte Andrassy. Nous verrons plus loin qu’il y a là
une grave confusion historique. Pourquoi notre éditeur ne s’est-il
donc même pas donné la peine de se reporter aux journaux auxquels
nous renvoie Saint-Périer, ce qui ne demande de nos jours que quelques
clics? Il aurait lu par exemple à la une du Journal du 20
juin 1915 qu’il s’agissait là non pas d’un mémorandum, mais,
comme le dit Saint-Périer lui-même, d’une simple interview accordée
à Budapest par ce ministre à un correspondant local du quotidien
danois Berlingske Tidende.
|
Remarque n°38. — Page 26 note 61
|
Saint-Périer raconte la mort cruelle d’une fillette tombée
et noyée dans un égout de Beauvais qu’il n’a pu ranimer.
Et notre éditeur de commenter: «La destinée de cette
petite fille innocente évoque forcément chez lui, mais sans
qu’il en parle jamais, la faible constitution de sa propre fille Isabelle
qui disparaîtra aussi prématurément.» Voilà
un beau roman historique, et un bel exercice de divination psychologique.
Il aurait été plus intéressant de se demander
pourquoi dans son carnet intime Saint-Périer ne fait pas la moindre
allusion en deux ans à sa fille unique Isabelle; et pourquoi, parmi
toutes les souffrances morales et les joies qu’il confie à son carnet,
de juillet 1914 à juin 1916, il n’est absolument jamais question
de cette fillette à laquelle il ne prête visiblement pas le
moindre intérêt.
Au reste quelle source permet d’imaginer qu’Isabelle de Saint-Périer
ait été dotée d’une faible constitution? Le seul
argument que donne en ce sens notre éditeur est qu’elle serait
morte jeune elle aussi. Pour autant il n’a pas jugé nécessaire
de déterminer la date de sa naissance; et nous verrons plus loin
qu’il la fait mourir dix ans avant sa mort.
|
Remarque n°39. — P. 29
|
L’expression «en liseré du texte» n’a pas
de sens. Faut-il corriger «en lisière du texte»? Mais
même alors le sens reste problématique.
|
Remarque n°40. — p. 29
|
«Il ne paraît pas avoir beaucoup exercé
l’art médical avant la guerre». S’il s’était donné
la peine de consulter les autres écrits autobiographiques de Saint-Périer,
notre éditeur aurait dit plus exactement que Saint-Périer
n’a jamais exercé la profession de médecin avant la guerre.
|
Remarque n°41. —P. 29
|
«Dès 1919, il déserte la carrière».
Affirmation non sourcée. En réalité Saint-Périer
n’a exercé la profession de médecin, comme il le dit lui-même
dans un autre texte à caractère autobiographique publié
après-guerre, que pendant la guerre, précisément durant
trois années et demie, c’est-à-dire donc depuis août
1914 jusqu’aux tout premiers mois de 1917.
|
Remarque n°42. — p. 29
|
Pourquoi, après des études de médecine,
avoir abandonné la carrière médicale (à la
date supposée de 1919 qu’on vient de dire)? La cause en serait double.
D’une part, la «mauvaise vue» de Saint-Périer. D’autre
part «c’est aussi un homme désabusé, ébranlé
au fond de lui-même par le décès brutal de ce frère
bien-aimé, pour qui il avait tant tremblé pendant la guerre»;
à quoi s’ajoute cette note de bas de page: «Urbain trouve
la mort dans un accident d’automobile le 31 décembre 1923».
Ainsi donc tout s’explique. Si Saint-Périer abandonne la carrière
dès 1919, c’est qu’il a été profondément traumatisé
par le décès de son frère en 1923. Et c’est pourquoi
sans doute sa fille est muette.
|
Remarque n°43. — P. 29
|
Notre éditeur remarque que Saint-Périer est «capable
d’évaluer la force militaire de l’Allemagne grâce à
un article du Times de Londres» et précise en note
qu’il s’agit en l’occurrence du «Times du 26 décembre
1914». Il y a là une faute d’inattention doublée d’une
incohérence. En effet cette date du 26 décembre est en réalité
celle où Saint-Périer parle dans son carnet de cet article
du Times, et il est tout à fait invraisemblable en cette fin
de 1914 que Saint-Périer puisse lire à Beauvais un article
publié à Londres le même jour. Par ailleurs notre éditeur
écrit tout autre chose en note au passage considéré
(p. 72, note 116), à savoir qu’il «est plus que probable qu’il
s’agit d’une traduction publiée dans l’un des journaux français
qu’il consulte.» Et nous verrons que cette deuxième hypothèse
est mieux fondée.
|
Remarque n°44 — P.30 note 85
|
Nouvelle allusion aux convictions politiques de Saint-Périer
qui aurait été un républicain progressiste, pas davantage
sourcée que la précédente.
|
Remarque n°45. — p.32
|
Le 25 octobre 1914, Saint-Périer revisite Fosseuse «qui,
on le sait, appartenait à sa belle-famille.» Affirmation totalement
inexacte. Il aurait fallu dire: «avait appartenu à sa belle-famille»,
car déjà le recensement de 1911 nous montre que ce château
a changé de main et qu’il est entre celles du comte de Florian.
|
Remarque n°46. — p. 32
|
«Le château a été évacué.»
Affirmation également inexacte, puisque Saint-Périer y retrouve
Jules Faucard, garde particulier du comte de Florian après avoir
été celui des Kergorlay. L’absence du maître de maison
et de sa famille ne signifie pas que le château soit abandonné,
dans un milieu social où l’on possède presque toujours plusieurs
résidences à Paris et en province. Déjà le
recensement de 1906 ne trouvait que ce garde particulier et sa famille à
Fosseuse.
|
Remarque n°47. — Page 33
|
Cliché non sourcé, qui aurait été
pris «au Ve congrès archéologique de Beauvais, 1908».
Or le congrès de Beauvais a eu lieu en 1905, tandis que 1908
a vu celui de Caen. Où donc et quand cette photographie a-t-elle
été prise?
|
Remarque n°48. — Page 34
|
«Après chaque entretien ou chaque visite, il prolonge
les découvertes qu’il vient de faire par la consultation des ouvrages
qu’on lui conseille» Et sur quoi s’appuie notre éditeur pour
ce dire? Sur ce seul exemple donné en note de bas de page: «Ainsi,
le 20 février 1915, sans doute conseillé par le docteur Lamotte,
il consulte les Mélanges Boissier.» Or
rien n’est plus faux. À cette date Saint-Périer nous dit
qu’il a parcouru cet ouvrage parce qu’il l’avait trouvé dans la
salle de garde, ancien bureau du censeur du Lycée Félix-Faure,
où il avait été oublié par un certain M. Fréchac,
sur lequel nous devrons revenir plus loin, parce que ce passage pourtant
parfaitement clair a inspiré à notre éditeur deux
autres identifications totalement erronées.
|
Remarque n°49. — Pages 34 et 35
|
Passage des plus intéressant, où notre éditeur
expose implicitement ses conceptions sur l’histoire locale, et où
il suppose que c’étaient déjà celles du comte de
Saint-Périer. «Ses connaissances l’autorisent à mettre
en perspective ce qu’il découvre.» Et il conclut l’exemple
qu’il en donne par ces mots: «Toujours le besoin de connaître,
d’approfondir, de comparer: un vrai chercheur, quoi!» Pourtant à
y bien regarder il manque dans ce processus de la recherche une étape
essentielle que précisément illustre l’exemple donné:
«Passé (…) près d’une chapelle de St-Mathurin (…).
Chercher s’il s’agit du St Mathurin de Larchant. Voir A(annales de la) S(ocié)té
archéol. du Gatinais vers 1890, etc.». Cette étape essentielle
de la recherche scientifique, à laquelle ne songe pas notre éditeur,
et qu’il ne reconnaît pas dans le texte qu’il édite, est celle
de la vérification de l’hypothèse.
|
Remarque n°50. — Page 37
|
Intéressant portrait au pastel d’Urbain de Saint-Périer
appartenant à une «collection privée», qui est
apparemment celle de son descendant Amaury de Saint-Périer, troisième
des quatre personnes que notre éditeur «remercie tout particulièrement»,
page 2 de couverture.
|
Remarque n°51. — Page 38
|
Notre éditeur pense pouvoir démontrer que ce que
Saint-Périer n’apprécie pas chez l’ennemi ce sont ses côtés
sombres, tandis qu’il continue d’admirer certaines de ses qualités.
La belle affaire! mais n’est-ce pas jouer sur les mots et parler pour
ne rien dire que d’y voir une «double appréciation contradictoire»?
|
Remarque n°52. — Page 39
|
«L’intime est alors venu prendre une place importante
dans sa réflexion.» Cette phrase énigmatique semble
signifier tout simplement d’une manière un peu embarrassée
que Saint-Périer, déçu par la continuation de la
guerre et par ce qu’il découvre du caractère réel
de son chef, cesse progressivement de tenir son carnet, et se consacre
surtout à une liaison avec la plus jeune et jolie de ses infirmières,
Raymonde-Suzanne François, qu’il finira par épouser après
avoir divorcé de sa première épouse désormais
infirme et aveugle.
|
Remarque n°53. — Page 40
|
Le 27 décembre 1914, en compagnie de sa belle infirmière
il visite la cathédrale de Beauvais et «il y découvre
les beaux vitraux qui font son renom». Si Saint-Périer a
assisté au congrès archéologique de Beauvais comme
l’affirme notre éditeur en légende à l’un des clichés
qu’il édite, les vitraux de Beauvais ne sont plus pour lui une découverte,
puisqu’il en a été abondamment traité lors de ce congrès,
d’après les actes que nous en avons conservés, et qu’il
aurait fallu consulter.
|
Remarque n°54. — Page 41
|
En conclusion à sa longue introduction, notre éditeur
revient à son hypothèse extravagante selon laquelle «le
récit laissé par René de Saint-Périer est un
texte recomposé après coup (…) sans doute au cours de l’année
1924, après la mort d’Urbain (…) dans le confort de son bureau
à Morigny après la tourmente». À aucun moment
pourtant il n’a donné le moindre élément qui puisse
la démontrer ni même la rendre seulement plausible.
|
Remarque n°55. —Page 43
|
Pourquoi l’éditeur n’a-t-il pas recherché qui
était le docteur Félix, question importante pour déterminer
la raison de ce voyage à La Haye sur lequel s’ouvre le journal du
comte? C’est pourtant un personnage intéressant.
|
Remarque n°56. — Page 44
|
Notre éditeur consacre sa note 4 à une amie des
Saint-Périer, l’artiste peintre Odette des Garets (note dont il
emprunte la teneur semble-t-il, au moins en partie, à son descendant
Philippe des Garets, dernière des quatre personnes qu’il «remercie
tout particulièrement» à la page 2 de couverture).
Il y rappelle qu’on lui doit «un portrait sensible d’Isabelle, leur
fille unique, à l’âge de cinq ans».
Ajoutons que ce pastel était en vente tout récemment,
mais que le Corpus Étampois n’est malheureusement pas parvenu à
l’acquérir au bénéfice du musée d’Étampes,
la chose étant d’autant plus déplorable qu’il s’est vendu
pour une bouchée de pain.
|
Remarque n°57. — Page 44
|
«Le maire de Morigny organise intelligemment, avec décision
et autorité, etc.». Pourquoi ne pas l’avoir identifié
en note? On a du mal à le comprendre de la part de l’ancien président
d’une association d’histoire locale qui précisément réside
lui-même à Morigny.
|
Remarque n°58. — Page 44
|
«Retrouverai-je les miens et ma pauvre chère maison
de Morigny». Il aurait fallu noter la réminiscence
de Du Bellay, Heureux qui comme Ulysse….
|
Remarque n°59. — Page 45
|
Saint-Périer cite deux modestes habitants de Morigny
parmi ceux qui sont mobilisés et se demande s’il les reverra, Auguste
Marin et Fernand Aubin. Notre éditeur note qu’il «ont sans
doute sauvé leur vie puisqu’ils ne figurent pas sur le monument
aux morts de Morigny». Mais pourquoi en reste-t-il aux simples suppositions?
Ne sait-il pas ce que valent les arguments a silentio aux yeux de l’histoire?
Il lui suffisait en quelques clics de consulter les fiches matricules des
deux intéressés, et surtout celle d’Auguste Marin, qui était
né en Seine-et-Marne, et dont le nom aurait donc pu être porté
sur un autre monument aux morts que celui de Morigny. Il aurait ainsi trouvé
en moins de deux minutes qu’Auguste Marin (classe 1895, numéro matricule
à Versailles 4167) est mort à Étampes le 26 mars 1921,
et que Fernand Aubin (même classe, matricule 4106) est mort quant
à lui le 3 mars 1921 à Montlhéry.
|
Remarque n°60. — Page 46
|
Saint-Périer nous parle de son «cousin de Bray».
Notre éditeur note «Sans doute Bray, commune de Rully dans
l’Oise.» Mais il est bien invraisemblable que René de Saint-Périer
qualifie l’un de ses cousins du nom de la commune où il résiderait.
C’est là une supposition qui s’oppose tout à fait à
son usage constant comme d’ailleurs à celui du milieu social où
il évolue. Il s’agit beaucoup vraisemblablement de Fernand Louis
Joseph Le Canu de La Jonquière, vicomte de Bray (1883-1971), bien
que je n’ai pas réussi à déterminer à quel
degré il pouvait être le cousin de Saint-Périer, sans
doute à la mode de Bretagne et par alliance, qui en 1911 encore
habitait à Paris avec sa mère.
|
Remarque n°61. — Page 46
|
«…avec le 11e… la 15e compagnie du 11e…». Il aurait
fallu préciser qu’il s’agit ici du 11e régiment d’infanterie
territoriale cantonné habituellement à Beauvais, plutôt
que de porter ici d’inutiles généralités sur l’alcoolisme
et les atrocités allemandes.
|
Remarque n°62. — Page 47
|
Le texte imprimé en caractères soulignés
aurait dû l’être en caractères italiques, selon la
convention typographique universellement admise suivant laquelle les mots
soulignés dans les manuscrits sont portés en italiques à
l’impression.
|
Remarque n°63 — Page 47 note 15
|
Saint-Périer dit être arrivé «aux
Planches» où il déjeune, et nous parle aussitôt
de sa belle-sœur Camille. Notre éditeur porte en note que «Le
hameau des Planches (…) est alors connu pour son château et le pèlerinage
à saint Mauxe et saint Vénérand», ce qui ne
nous importe pas beaucoup. Le lecteur en revanche était en droit
de savoir que le château des Planches était la résidence
habituelle d’Urbain de Saint-Périer, ce qui semble voir échappé
à notre éditeur.
|
Remarque n°64. — Page 47 note 16.
|
Saint-Périer parle de sa belle-sœur en l’appelant «la
pauvre Camille», et notre éditeur y voit un «signe»
de ce que notre carnet a été rédigé après
la mort d’Urbain survenue en 1923. Que répondre à un argument
aussi extravagant? Le contexte ne suffit-il pas largement à expliquer
une telle expression, concernant une jeune femme qui doit désormais
seule élever quatre enfants en bas-âge, tenir un château
et une exploitation agricole, et commander à une dizaine de domestiques
et d’employés, sans parler de la gestion des autres biens du couple,
le tout sous la menace permanente d’apprendre qu’elle est veuve (sans parler
de l’oppressante anxiété «perpétuelle»
de son beau-frère à ce sujet)? Cela ne suffit-il pas à
expliquer une expression aussi anodine que «cette pauvre Camille»?
|
Remarque n°65. — Page 48
|
On s’étonne que notre éditeur n’ait pas un mot
concernant des personnes telles que Viry, Lecq et le Dr Yvon.
|
Remarque n°66. — Page 49 note 23
|
L’éditeur relève à nouveau en note (cf.
p. 17 note 31) que Saint-Périer a écrit Châteaubriand
au lieu de Châteaubriant. Il aurait été plus simple
de corriger le texte, quitte à mentionner l’erreur d’orthographe
en note.
|
Remarque n°67. —Page 50 note 24
|
Note sur les docteurs Paquet et Vignaud sans qu’ils soient identifiés.
|
Remarque n°68. — Page 50 note 32
|
Concernant le site dit de la Pierre Levée, l’éditeur
donne une photographie contemporaine en couleur où l’on voit une
deuxième pierre en premier plan et annote: «Il s’agit en fait
de deux menhirs qui ont donné leur nom au château tout proche».
Mais outre qu’on voit mal pourquoi en ce cas le dit château aurait
été appelé le «château de la pierre levée»,
il est clair que cette deuxième pierre est moderne. Seule l’autre
apparaît en tout cas sur les cartes postales du début du XXe
siècle.
|
Remarque n°69. — Pages 51 et suivantes.
|
Plusieurs notes auraient dû être portées,
et d’autres sont nettement oiseuses (e. g. les notes 57, 68, 70). Pour
la suite nous relevons seulement celles des notes qui présentent
des erreurs manifestes.
|
Remarque n°70. — Page 58 note 67
|
Saint-Périer note que «Bunel a demandé à
Béatrix de revenir à Morigny». Son éditeur
note: «Une connaissance du couple Saint-Périer dont l’identité
exacte est inconnue.» Il serait plus juste de dire qu’elle est inconnue
de ceux qui ne prennent pas la peine de la rechercher. Il s’agit évidemment
de Michel Bunel (1851-1924), agent d’assurances, 8 rue de la Cordonnerie
à Étampes, membre comme Saint-Périer de la Société
des Amis du Musée d’Etampes qui s’est réunie encore le 1er
février 1914.
|
Remarques n°71 à 75. — Page 61 note 75
|
Quatre erreurs et une lacune dans cette note.
1) Contrairement à ce que nous dit notre éditeur, le
château de Fosseuse n’appartenait plus alors aux «Kergorlay»,
mais depuis au moins 1911 au comte de Florian.
|
n°72
|
2) Le château n’était pas non plus «évacué»,
puisque le gardien y vit encore avec sa famille: ce n’est que l’une des
résidences de son propriétaire et son absence ne signifie
pas que les lieux soient à l’abandon.
|
n°73
|
3) Si Saint-Périer connaît les lieux ce n’est
pas pour y avoir séjourné «avec sa jeune épouse
dans les premières années du siècle»; il y a
surtout souvent et longuement séjourné depuis la mort de son
père en 1885; dès lors c’est surtout son oncle de Kergorlay,
qui, étant aussi son tuteur, remplaçait la figure du père
prématurément disparu.
|
n°74
|
4) «D’ailleurs il est possible qu’il ait été
affecté à l’hôpital de Beauvais grâce à
l’influence de son beau-père». Si notre éditeur avait
pris la peine de consulter les pièces essentielles de l’état-civil
de l’auteur, il saurait que le mariage de René de Saint-Périer
avec Béatrix de Kergorlay avait été célébré
en 1903 dans l’intimité parce qu’elle venait juste de perdre son
père. Il n’est donc pas «possible» que Geoffroy de Kergorlay,
mort en 1903, ait pistonné son gendre en 1914.
|
n°75
|
5) Enfin, concernant le garde particulier qui accueille Saint-Périer
à Fosseuse, il aurait fallu, au lieu de paraphraser le texte en
parlant de «Jules, un domestique de confiance», dire qu’il
s’agissait de Jules Faucart, garde-particulier qui était déjà
en fonctions lorsque le château était encore la propriété
des Kergorlay.
|
Remarque n°76. — Page 63 note 82.
|
Les «Ostrea bellovacensis» se sont pas du tout
une «variété d’huîtres», mais une
espèce d’huîtres fossiles.
|
Remarque n°77. — Page 64 note 84
|
Il aurait fallu dire duquel des deux Paquet il s’agissait, du
père ou du fils.
|
Remarque n°78. — Page 65 note 89
|
Il aurait fallu noter que le roman en question venait de paraître
(Paris, Plon-Nourrit, 1914).
|
Remarque n°79. — Page 66
|
«(…) que restera t’il (…)». On se demande quel est
l’intérêt de conserver dans cette édition une faute
d’orthographe due à la seule inattention de l’auteur de notre carnet
(qui s’explique d’ailleurs par la «fatigue» dont il dit alors
souffrir).
|
Remarque n°80. — Page 66 note 93
|
«On serait tenté de saluer la lucidité de
l’auteur si nous ne savions pas que le texte a été rédigé…
après la guerre.» Tout d’abord on peut se demander de quelle
«lucidité» il est ici question, concernant un passage
où on ne trouve que des appréciations subjectives: «triomphe…écrasé…
formidable... puissante… monstrueuse iniquité… espérer… infamie….».
D’autre part, il faut rappeler que l’éditeur n’a toujours
pas fourni le moindre argument plausible en faveur de l’hypothèse
qu’il considère ici comme démontrée.
|
Remarque n°81. — Page 67
|
Photographie d’une salle d’hôpital quelconque. Pourquoi
ne pas avoir ici reproduit l’une des cartes postales disponibles représentant
plus précisément l’intérieur de l’hôpital provisoire
de Beauvais?
|
Remarque n°82. — Page 69
|
«Nous aurons bien peu de chances d’obtenir la victoire,
etc.» L’éditeur se demande si la phrase qui commence par
ces mots n’aurait pas été écrite après la
guerre. N’est-elle pas au contraire l’une des nombreuses phrases qui auraient
dû lui faire renoncer à cette hypothèse?
|
Remarque n°83. — Page 72 note 116
|
Saint-Périer alléguant le 26 décembre 1914
un article du Times, l’éditeur suppose en note avec raison
qu’il ne doit connaître cet article que par sa traduction dans un
journal français (hypothèse qu’il ne fait pas encore dans
son introduction p. 29 où il écrit au contraire, note 81:
«Times du 26 décembre 1914»). Mais pourquoi n’a-t-il
pas consulté les journaux du jour considéré? Il aurait
ainsi trouvé en deux ou trois clics qu’il s’agissait ici d’un article
du lieutenant-colonel Charles Repington (1858-1925), dont Saint-Périer
a lu une version française à la une du Journal du
26 décembre 1914.
|
Remarque n°84. — Page 73 note 122.
|
Paraphrase bien inutile.
|
Remarque n°85. — Page 73 note 123.
|
«alors que (…) leur union chancelle». C’est possible,
mais nous n’avons aucune preuve en cette fin de 1914, le divorce n’ayant
eu lieu qu’en 1920.
|
Remarque n°86. — Page 75 note 125.
|
Il aurait fallu noter ici que Saint-Périer a déjà
fait allusion dans son carnet à ce poème de Du Bellay, Heureux
qui comme Ulysse… (dès le 6 août), et que déjà
il y renvoyait dans son journal de voyage de 1900.
|
Remarque n°87. — Page 80 note 144
|
«Mme de L.» serait pour notre éditeur une
«personne impossible à identifier»; mais le milieu
dans lequel évolue alors Saint-Périer à Beauvais
n’est pas si vaste qu’il soit impossible avec un peu de recherches de déterminer
de qui il est ici question. Il doit s’agir de la grosse, maladroite et
arrogante infirmière qui dans le pamphlet de 1919 s’appelle «Mme
de Sétal».
|
Remarque n°88. — Page 81 note 151
|
Saint-Périer dit qu’il a «vu Polak» et notre
éditeur nous dit qu’il s’agit d’un «ophthalmologue parisien
de sa connaissance»; il a sans doute raison, mais il n’a pas vérifié,
car en 1913 il existe à Paris deux médecins quasi-homonymes
tous deux diplômés de la faculté de Paris, le premier
reçu le 22 juillet 1901 , Aaron Polak, 7 place d’Italie dans le
7e arrondissement; le deuxième reçu le 31 mai 1900, Aaron
ou Aron Polack, 7 avenue de Villiers dans le 17e arrondissement . Malgré
l’orthographe présentée par le carnet de Saint-Périer
(Polak), il doit s’agir du second qui est ophtalmologue (Polack).
|
Remarque n°89. — Page 82 note note 152.
|
Saint-Périer parle d’un certain Bargmann que son éditeur
déclare «non identifié». Pourtant il n’y a pas
beaucoup de Bargmann dans l’Oise! C’est évidemment Louis Bargmann,
engagé volontaire de 1870, titulaire de la médaille commémorative
et de la médaille militaire de 1870, ancien administrateur des
docks de Marseille, qui au moins de 1909 à 1920 avec son épouse
Thérèse Cécile d’Avon de Collonge séjourne au
château de Boulaines à Méru dans l’Oise, ainsi qu’à
Compiègne, 4 boulevard Victor-Hugo et Paru, 21 rue de Londres (Dictionnaire
des châteaux 23, 1909, p. 46; 34, 1920, p. 49), décédé
en décembre 1930 (Comœdia 24/6544, 19 décembre 1930,
p. 4).
|
Remarque n°90. —Page 82
|
Le texte édité est évidemment fautif lorsqu’il
évoque «le bellovacum gallo-romaci», non-sens absolu
en quelque langue que ce soit. Il est bien certain que le manuscrit de
Saint-Périer porte «le bellovacum gallo-romain».
|
Remarque n°91. — Page 83 note 159
|
Saint-Périer parle d’une certaine rumeur qu’il qualifie
«énorme stupidité». L’éditeur fait remarquer
que pourtant cette rumeur «n’est pas infondée puisque peu
après etc.» Et il a tout à fait raison mais il aurait
dû observer aussi qu’on a là l’une des innombrables preuves
que ce carnet a été rédigé au jour le jour
et qu’il n’a jamais été retouché.
|
Remarque n°92. — Page 84 note 163
|
Dans cette note consacrée au docteur Lamotte, l’éditeur
se contente de paraphraser les données du texte du carnet et, il
en conclut vaguement que c’est «un médecin de Beauvais»,
alors qu’une recherche sommaire lui aurait montré que, primo, Louis
Lamotte (1860-1923) était le chirurgien de l’Hôtel-Dieu de
Beauvais; secundo, qu’il a donné des publications savantes dans un
bulletin d’érudition locale; tertio qu’il a été chevalier
de la légion d’honneur; quarto, qu’il a deux statues à Beauvais;
et surtout, quinto, que c’est Saint-Périer lui-même qui a
rédigé sa notice nécrologique en 1924, où il
le présente comme son ami.
|
Remarque n°93. — Page 85, note 169
|
Saint-Périer dit avoir lu avec intérêt,
le 20 février 1915, «quelques chapitres des Mélanges
Boissier, ouvrage oublié par M. Fréchac à la salle
de garde, ancien cabinet du censeur du lycée». Notre éditeur
a bien vu qu’il s’agissait là d’un ouvrage d’érudition concernant
«la littérature et les antiquités romaines»
(note 85). N’importe quel lecteur attentif induirait de ce passage que le
dit Fréchac est l’ancien censeur du lycée, et que le même
personnage, avant d’avoir été censeur, avait probablement
été professeur de lettres classiques, ou au moins un historien.
Mais notre éditeur pense pour sa part que c’est «sans doute
un collègue de Beauvais», c’est-à-dire un médecin.
Plus loin, de plus il confondra d’autorité le dit «Fréchac»
avec un certain «Fessart» qui vient voir Saint-Périer
le 10 septembre 1915: «Il s’agit du collègue qui, quelques
mois auparavant, avait oublié dans la salle de garde un ouvrage etc.»
(page 112, note 269). On se rappelle qu’on a une troisième interprétation
de cet épisode dans l’introduction, tout aussi indéfendable
et contraire aux données du texte: «le 20 février 1915,
sans doute conseillé par le docteur Lamotte, il consulte les Mélanges
Boissier.» (p. 34, note 97).
|
Remarque n°94. — Page 90 note 179
|
Saint-Périer dîne avec une certaine «Yvonne
des Roys» et se souvient: «que d’années depuis que
je la voyais venir à Fosseuse!» Notre éditeur en tire
la conclusion exacte que c’était «sans doute une amie proche
des Kergorlay» qui l’invitaient à Fosseuse. Mais pourquoi
ne pas avoir cherché plus loin et ne pas dire qu’il s’agit évidemment
de Marie Charlotte Yvonne de Robin de Barbentanne, comtesse des Roys depuis
qu’elle a épousé, en 1901, Étienne Jacques Lazare
des Roys d’Eschandelys?
|
Remarque n°95. — Page 91
|
Saint-Périer porte «Nil novi» et son éditeur
note justement «’Nihil novi’, rien de nouveau». Il aurait
fallu rappeler que c’est une citation du livre biblique de l’Ecclésiaste,
qui convoque l’idée d’une réflexion désabusée
sur la vanité des choses humaines.
|
Remarque n°96. — Page 96
|
Belle photographie qu’il aurait fallu sourcer en donnant sa
cote (aux Archives départementales de l’Oise, qui l’ont mise en ligne,
d’ailleurs). Elle aurait mérité plus que d’être simplement
reproduite en petit format sans commentaire ni encart, alors qu’elle présente
au verso de très nombreuses informations à recouper avec celles
du carnet, qui n’ont même pas été exploitées:
c’est ce qui s’appelle gâcher de la matière.
|
Remarque n°97. — p 97 note 201
|
Saint-Périer écrit «3 brachiopodes (Terebratula?)».
L’éditeur annote: «Mollusques marins bivalves du tertiaire.»
C’est inexact: Les Brachiopodes, dont le genre Terebratula, ne sont pas
des mollusques bivalves mais une classe distincte (Brachiopodes) d’animaux
avec une coquille composée de 2 valves.
|
Remarque n°98. — p. 97 note 202.
|
Erreur: le terme «pélécypodes» est
tout simplement un mot ancien pour désigner les bivalves.
|
Remarque n°99. — Page 98 note 212
|
Cette note nous fait comprendre sur quelle erreur repose un
passage de l’introduction qui nous avait d’abord paru incompréhensible
(page 25). Saint-Périer dit avoir lu dans les journaux du 20 avril
1915 une interview du comte Andrassy, diplomate autrichien. Comme nous
l’avons dit plus haut, c’est à la une du Journal du 20 juin
1915 que Saint-Périer a lu le résumé de cette simple
interview accordée à Budapest par ce ministre à un
correspondant local du quotidien danois Berlingske Tidende.
Mais notre éditeur pense qu’il s’agit ici d’un «mémorandum
d’avril 1915» publié par «le comte Julius Andrassy, ministre
autrichien». Il confond visiblement cet épisode avec une affaire
remontant à la génération précédente,
lors de la crise des Balkans. Il y a eu en effet deux comtes Gyula Andrássy,
le père et le fils, tous deux diplomates austro-hongrois. Le fils
est celui qui a donné une interview retentissante en avril 1915.
Il ne faut pas le confondre avec son père qui, lui avait produit,
à la fin de 1875, la célèbre «note Andrassy»,
d’où avait découlé, au début de 1876, le fameux
«mémorandum de Berlin». Il semble donc bien que notre
éditeur a été ici trahi par sa mémoire.
|
Remarque n°100. — p. 99 note 214.
|
Erreur: Le terme «lamellibranches» est un synonyme
antérieur de bivalves, donc de la classe.
|
Remarque n°101. — Page 99 note 215
|
Au lieu de noter que «un butor et un imbécile»
sont des «termes très vifs», notre éditeur aurait
dû identifier le «Dr Whisman» que Saint-Périer
nous présente comme «le nouvel inspecteur du service de santé
de la IIe armée» en précisant qu’il a «le grade
de général». Il n’était pourtant pas bien difficile
de corriger ici l’orthographe du carnet, puisqu’il s’agit en réalité
du docteur Maurice non pas Whisman, mais Wissemans (1850-1940).
|
Remarque n°102. — Page 100 note 222
|
«Le croiseur…. coulé… par un sous-marin… fit près
de 700 morts.» N’est-ce pas plutôt le sous-marin?
|
Remarque n°103. — Page 101
|
On aurait aimé savoir d’où sort cette très
intéressante affiche du concert du 2 mai 1915.
|
Remarque n°104. — Page 104
|
«Morigny, pauvre maison», nouvelle réminiscence
de Du Bellay, qu’il aurait fallu noter, comme amusante, parlant du château
du même nom.
|
Remarque n°105. — Page 105 note 240.
|
Note inutile.
|
Remarque n°106. — Page 106 note 243
|
Note inutile.
|
Remarque n°107. — Page 107 note 247
|
Note inutile.
|
Remarque n°108. — Page 109 note 255
|
L’éditeur note que «Yvart» est «un
collègue pharmacien»; il tire apparemment cette information
de la légende de la photo reproduite p. 96 de cette édition,
et qui porte plus précisément: «Yvard, pharmacien à
Beaumont-sur-Oise».
|
Remarque n°109. — Page 109
|
Pourquoi conserver l’orthographe aberrante «sera t’elle»
au lieu de sera-t-elle»?
|
Remarque n°110. — page 110 note 262
|
Inutile
|
Remarque n°111. — Page 111 (4 septembre 1915)
|
«Comme me le disait le Dr Douriez». Il aurait fallu
noter que c’était le 22 décembre de l’année précédente
(p. 69 de cette édition).
|
Remarque n°112. — Page 111 (7 sept.)
|
«Vilaine conduite de l’amb(ulancier?) C. A. 7 vis-à-vis
du chef.» Le fait d’interpréter «amb.» par «ambulancier»
semble indiquer que l’éditeur ne comprend pas que C. A. veut dire
«corps d’armée». Il s’agit ici de la septième
ambulance du deuxième corps d’armée; le numéro du corps
n’est pas exprimé parce qu’il est évident. Autrement Saint-Périer
aurait écrit «l’ambulance 7/2».
|
Remarque n°113. — Page 112 note 269
|
On ne comprend pas pourquoi l’éditeur propose de confondre
ce «Fessart» avec le «Fréchac» dont il
a été question antérieurement comme ayant oublié
un livre dans la salle de garde. Le premier est clairement identifiable
à un docteur en médecine, Gaston Fessart, qui a passé
sa thèse en 1903 comme Saint-Périer, tandis que le second
est un spécialiste du littérateur, philosophe et homme politique
romain Senèque, qui a d’ailleurs édité plusieurs
de ses œuvres dans la fameuse collection bilingue Guillaume Budé,
à savoir François Fréchac. Ni l’un ni l’autre n’ont
par ailleurs aucun rapport avec le docteur Lamotte que notre éditeur
évoque aussi en introduction, sans raison claire, comme ayant peut
être conseillé à Saint-Périer la lecture de
ce livre oublié par Fréchac-Fessart.
|
Remarque n°114. — Page 113 note 274
|
Note inutile.
|
Remarque n°115. — Page 114
|
Saint-Périer nous dit le 9 octobre 1915 que son ami «Estienne
est nommé médecin-chef au dépôt des éclopés».
Notre éditeur annote: «Sans doute un service de rééducation
pour blessés des membres inférieurs». Dans le doute
il fallait ouvrir un dictionnaire, par exemple celui d’Alain Rey: «Éclopé
s’emploie comme nom au propre (‘soldat’ et par extension ‘personne légèrement
blessé(e)’»).
Un fait divers rapporté par le Petit Journal du 19 octobre
1915, soit quelques jours seulement après la nomination d’Estienne
au dépôt des éclopés de Beauvais, montre bien
que ces derniers ne sont que des blessés légers: «Un
militaire de l’hôpital de Beauvais tue sa maîtresse — Beauvais,
18 octobre. — À Beauvais, un drame vient de se dérouler
dans des circonstances particulièrement tragiques. — Blessé
en Artois et soigné au dépôt des éclopés
de la ville, le soldat G... de la classe 1912, avait fait venir son amie,
Mlle C... femme de chambre à Paris. — La jeune fille était
depuis quelques jours auprès de son ami quand les parents de ce dernier
arrivèrent. Le père, honnête fabricant de Paris, fit
quelques reproches à son fils et le pria de congédier immédiatement
la jeune fille. Le soldat s’y refusa. — Les parents partis, les deux jeunes
gens décidèrent d’en finir avec la vie. Après une nuit
passée dans un hôtel de notre ville, ils se dirigèrent
vers la campagne. Arrivés à la carrière de Sénéfontaine,
le jeune homme abattit son amie d’une balle dans la tête, puis s’enfuit
non sans avoir tiré encore six balles sur la malheureuse victime.
En route, rencontrant des passants, il demanda où il pourrait trouver
une rivière pour y pêcher. On lui indiqua le chemin de l’Avelon.
Arrivé sur la rive, il déposa son képi, son couteau
et son porte-monnaie sur la berge, puis se jeta à l’eau. Mais la
rivière étant peu profonde, il ne réussit pas à
mettre son projet à exécution et il alla se réfugier
piteusement chez un cafetier du voisinage à qui il raconta son extraordinaire
aventure. — La malheureuse victime fut retrouvée dans la carrière
elle était déjà raidie par la mort. — L’assassin, ramené
à la caserne Watrin a été évacué par
l’autorité militaire.»
On voit que notre homme n’avait pas besoin de rééducation
des membres inférieurs.
|
Remarque n°116. — Page 116 note 289
|
Note inutile.
|
Remarque n°117. — Page 118 note 295
|
Saint Périer: «été à Paris…
sous prétexte de l’emprunt.» Note de l’éditeur: «René
de Saint-Périer a sans doute prétexté la souscription
pour se rendre à Paris.»
|
Remarque n°118. — Page 119 note 297
|
Note inutile.
|
Remarque n°119 — Page 120 note 301
|
Reprise en conclusion d’une thèse développée
en introduction mais qui n’a jamais été démontrée
en cours de route, selon laquelle notre carnet aurait été
retouché en 1924.
|
Remarque n°120. — Page 121
|
«Publier un témoignage est une aventure car tout
document a besoin d’être analysé, éclairé par
un commentaire et l’on redoute alors d’en trahir le sens et par là
de trahir l’auteur». Nous ajouterons pour notre part que l’on ne
s’improvise pas éditeur intellectuel de sources primaires: il y
faut beaucoup de recherches et de vérifications méticuleuses,
qui ne peuvent être menées qu’avec un savoir-faire qui s’acquiert
par de longues années de pratique. C’est un autre savoir-faire que
celui d’historien.
|
Remarque n°121. — Page 121
|
«Une personne d’une grande rectitude, un sage».
Voilà une appréciation toute subjective. Saint-Périer
était certes une belle âme. Mais on ne peut que remarquer
l’absence totale d’intérêt qu’il montre dans ce carnet pour
sa fille, et l’intérêt croissant qu’il y montre pour une jeune
et jolie infirmière pour laquelle il finira par divorcer de sa femme
malade et infirme. L’historien, sans doute, n’a pas à juger de ce
genre de choses: mais il n’a pas non plus à donner dans la légende
dorée.
|
Remarque n°122. — Page 122
|
Magnifique cliché dont on aurait aimé connaître
l’origine.
|
Remarque n°123. — Page 123
|
«Il a perdu son père alors qu’il venait d’avoir
vingt ans.» C’est tout à fait inexact: il n’avait que huit
ans à la mort de son père, comme il le raconte lui-même
ailleurs.
|
Remarque n°124. — Page 123
|
«… puis sa mère, deux ans plus tard». Corrigez:
douze ans plus tard.
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Remarque n°125 — p. 123
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«Jeter sur le papier les mots évoquant un passé
d’angoisses et d’interrogations a sans doute aidé cet homme à
surmonter la disparition de ce frère tant aimé, tout en lui
rendant hommage». À force de répéter indéfiniment
l’hypothèse selon laquelle Saint-Périer aurait remanié
son carnet de guerre en 1924, notre éditeur a visiblement fini par
se persuader qu’il l’avait démontrée. Aussi fastidieux que
cela soit, il nous faut donc relever ici encore, au hasard, quelques échantillons
de ce carnet qui en démontrent le caractère absolument invraisemblable.
20/11/1914: «je n’ai plus le courage de rédiger ce carnet»
— 12/09/1915: «chapelle St Mathurin… Chercher s’il s’agit du St
Mathurin de Larchant. Voir A. Sté archéol. Du Gâtinais
vers 1890 une note détaillée sur ce Mathurin». Si Saint-Périer
avait mis au propre ses notes il aurait fait alors la recherche pour avoir
la réponse et ne les aurait pas recopiées bêtement.
— 23/08/1915: «recueilli un coléoptère qui me paraît
être un longicorne. À déterminer exactement s’il m’est
jamais donné de pouvoir, un jour m’occuper d’entomologie»
— 19/09/14, p.51: «…Pièce extrêmement intéressante
(bibliog. à consulter ultérieurement) — 4/10/14 p 54 «Granit
à contexture grossière,… contient-il du fer? Point à
rechercher.» — p. 68, du 9 au 15 décembre: «Toujours
énormément de travail; …, le soir venu, je n’ai plus le courage
de rédiger ce carnet…» — p. 99: «Voir si Gautrelet,
qui est agrégé de physiologie, a quelque opinion intéressante
sur la question.» — p. 103 17/07/1915: «Rien écrit depuis
deux mois. Beaucoup de travail.» — p. 117 29/10/1915: «par les
mauvaises nouvelles que Camille (la femme d’Urbain) me donne de Béatrix?
Cette journée eut été si belle sans la tristesse de
cet état que je devine malgré les réticences de Camille»
— p. 118 2/11 au 16/11: «Mauvaises nouvelles de la pauvre Béatrix.
Je suis très triste et découragé. Que faire? devant
cette situation sans issue.» — p. 118 16/11 au 31/12: «Toujours
attristé et inquiet de Béatrix. Eté à Paris
le 15 Xbre sous prétexte de l’emprunt. B. est mal et je ne peux rien
pour elle…» — p. 119 25/06/1916: «Béatrix semble être
un peu mieux. Peut-on encore espérer?» — p. 120 29/06/1916:
«quelle que soit l’issue de cette guerre lamentable», «nous
puissions profiter même d’une victoire, au cas peu vraisemblable où
nous l’obtenions.».
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Remarque n°126. — Page 123
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«…Isabelle, sa fille. Elle mourut jeune, autour de vingt
ans, en 1926.» C’est tout à fait inexact: elle est morte en
1936. Cette erreur est d’autant plus étonnante que la fille unique
des Saint-Périer a sa tombe au cimetière de Morigny, commune
de notre éditeur, où tout le monde peut lire qu’elle était
née à Paris le 6 mai 1906 et qu’elle y décéda
le 21 mai 1936, âgée donc de 30 ans.
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Remarque n°127. — Page 123
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«Qu’il n’en parle jamais [d’Isabelle] dans son carnet
est pour le moins étonnant; mais elle n’en fut sans doute
pas moins plus tard une douleur secrète.» Il n’y a rien de
secret dans le scandale épouvantable dont Isabelle de Saint-Périer
et ses parents furent les victimes en 1931.
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Remarque n°128. — Page 124
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«Divorcé de Béatrix immédiatement
après la guerre…» C’est inexact, le divorce n’a été
prononcé qu’en 1920.
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Remarque n°129. — Page 124
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«Suzanne Raymonde». Il fallait dire: «Raymonde
Suzanne».
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Remarque n°130. — Page 124
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L’éditeur évoque le second divorce de Saint-Périer,
cette fois d’avec Raymonde Suzanne François en 1948, si étrangement
suivi comme on sait d’un remariage presque immédiat avec la même.
Il n’ébauche aucun élément d’explication de cet ultime
rebondissement de la vie de Saint-Périer. Que faut-il penser de
cette énigme? Nous ferons remarquer pour notre part que si le second
mariage entre Saint-Périer et Raymonde Suzanne François a
fait l’objet d’un contrat devant notaire, comme le note notre éditeur,
en revanche l’acte du premier mariage de 1920, qu’il ne paraît pas
avoir consulté, mentionne qu’il n’avait pas été fait
alors de contrat de mariage.
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Remarque n°131. — Page 3 de couverture
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Il est peut-être, sinon exagéré, du moins
aventuré de dire que tous les ouvrages listés dans cette
page, à savoir ceux qui ont été publiés par
l’association Étampes-Histoire, ou au moins sous son égide,
«font désormais référence». Les éloges
en effet ne valent que lorsqu’on les reçoit d’autrui.
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Remarque n°132. — Page 4 de couverture
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«Cette guerre totale frappe René de Saint-Périer
dans ce qu’il a de plus intime: le frère, Urbain, qui combat en
première ligne, la famille qui subit le contrecoup du conflit etc.»
On voit mal en quoi Urbain est spécialement «frappé».
Il s’en tire plutôt bien, à ce qu’il ressort de sa fiche matricule,
qu’il aurait fallu consulter. Quant à «la famille»,
il faut bien dire qu’elle brille par son absence dans le carnet.
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Remarque n°133, et
avant-dernière.
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On reste étonné
de la liberté avec laquelle notre éditeur imagine, d’une manière
d’ailleurs assez vague, la suite de la vie de Saint-Périer après
le 29 juin 1916, date à laquelle il arrête de tenir son carnet.
Il n’a pas cherché à savoir ce qu’est concrètement
devenu le comte depuis cette date jusqu’à la fin de la guerre,
et n’a pas cru devoir explorer les sources primaires les plus importantes
comme les autres œuvres autobiographiques de l’auteur, ni même les
simples pièces d’état civil les plus élémentaires,
qui lui auraient évité plusieurs erreurs chronologiques majeures,
ainsi que bien des «peut-être» et des «sans doute».
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Remarque n°134 et dernière
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Qui a jamais réécrit son journal intime, sauf
à vouloir le publier? Cette hypothèse d’un remaniement, daté
de plus on ne sait pourquoi de 1924, est invraisemblable en elle-même.
Elle ne serait d’ailleurs même pas venue à l’esprit de
notre éditeur, s’il avait pris la peine de lire l’amusant pamphlet
que Saint-Périer a publié dès 1919 sous le titre d’Hippocrate
chez les Pingouins, avec une préface d’Anatole France. Tout y
est dit d’une manière autrement plus plaisante que dans son journal.
En conclusion, souhaitons longue vie à la nouvelle collection
«Retour aux sources» inaugurée par cet ouvrage si intéressant
et joliment illustré en couleurs.
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