La trace
maintes fois se perd qui, sur le versant nord, dévale la pente raide
où les chênes foisonnent; et je veille à retenir ma course,
à bien choisir mon chemin. En terrain plat et dégagé,
je me retourne sur la brosse irrégulière, la draperie somptueuse
que font, escaladant la butte, les cimes avides de clarté. Les pins
dardent au travers des feuillus l’extrême pointe de leurs branches
et de leurs aiguilles. L’un d’eux lance, toit noir dans le ciel libre, le
disque en ellipse de son feuillage. On le dirait sans attache avec le sol,
si fine, si ténue l’unique, l’ultime flèche oblique du tronc
qui le soutient! Ici, le vent et le froid resserre la végétation.
Les feuilles tombent sans hâte. Mais aux chênes elles pendent,
ocre vif; elle seront sèches, racornies; cassantes; jusqu’à
la frondaison prochaine.
Extrait du Marcheur
méditatif, 2004.
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