Alfred Prunaire: Gaston de Foix (chromolithographie, vers 1885)

L’éditeur Alcide Picard-Bernheim, d’origine juive et alsacienne, papetier, se déclare libraire le 3 août 1872, installé 11, rue Portefoin à Paris. Le 11 juin 1873, il ajoute une activité d’imprimeur typographe et associé d’Alphonse Kaan, dans la société Picard-Bernheim et Cie. Ils s’installent 18 rue du Sommerard et 80 boulevard Saint-Germain. Ils deviennent des éditeurs scolaires importants. À Saint-Denis, 21 cours Saint-Benoît, à partir de 1879, ils ont trois presses lithographiques et une presse pour la taille-douce.

Le peintre auteur de la peinture non localisée dont s’inspire cette gravure est Nicolas Luc-Olivier Merson, artiste peintre et illustrateur français né à Paris le 21 mai 1846 et mort le 13 novembre 1920 dans le 5e arrondissement de Paris.

L’auteur de la gravure est Alphone-Alfred Prunaire (1837-1912), graveur, xylographe et aquafortiste

L’auteur de la notice portée au dos de cette image est Alcide Bonneau (1836-1904), érudit, philologue, critique littéraire et traducteur français, auteur également et éditeur de nombreux ouvrages érotiques. Il rédigea de nombreux articles pour le Grand dictionnaire de Pierre Larousse, notamment relatifs aux littératures italienne et espagnole, ainsi que pour le Nouveau Larousse illustré.

Voici les renseignements que porte cette image:

Au recto:
L. O. Merson, pinx(it) [d’après une peinture de Luc-Olivier Merson] — A. Prunaire, sc(ulpsit) [gravure d’Alfred Prunaire] — GASTON DE FOIX

Au verso:
Collection Prunaire N°2

Gaston de Foix, duc de Nemours, né en 1489, tué à la bataille de Ravenne, le 14 avril 1512. — Ce jeune héros mort à vingt-trois ans, le soir d’une bataille gagnée, n’a fait qu’une seule campagne, mais elle suffit pour lui acquérir l’immortalité. Il était le fils de Jean, comte d’Étampes, et de Marie d’Orléans, sœur de Louis XII. Nommé gouverneur du .Milanais et commandant en chef de l’armée d’Italie, il était à peine à Milan que la situation devint presque désespérée; la ligue des Espagnols, des Vénitiens du Pape menaçait de le bloquer dans la ville, et le vice-roi de Naples entreprenait d’assiéger Bologne, notre alliée. Avec une décision qui annonçait un grand capitaine, et par une marche d’une rapidité prodigieuse, où se révélèrent pour la première lois les qualités de l’infanterie française, Gaston de Foix se porta sur Bologne, pénétra dans la place, où il mit une bonne garnison, et, fondant sur les Espagnols, les força de s’éloigner. — Pendant cette courte expédition, la Haute-Italie s’était soulevée; Crémone se détachait de notre alliance, Brescia avait ouvert ses portes aux ennemis. Gaston de Foix y accourut et fit aussitôt donner l’assaut. Le sol était si glissant, que la colonne d’attaque, sous les ordres de Bayard, hésitait à avancer; Gaston se mit à la tête des gendarmes, leur fit quiller leurs souliers, et courut avec eux pieds nus à l’assaut, en vrai montagnard des Pyrénées: Brescia fut emportée en quelques heures. — De Brescia il se dirigea vers Ravenne, essaya de prendre la ville de vive force, et, avant échoué, livra sous ses murs, le 11 avril 1512, à l’armée espagnole et pontificale, une bataille terrible qui devait décider du sort de l’Italie, si le jeune capitaine français était parvenu à modérer sa fougue. La journée était gagnée, les meilleurs généraux de l’armée ennemie avaient été faits prisonniers; l’infanterie espagnole, culbutée par une charge de de cavalerie française, commençait à se retirer, à la tombée de la nuit, lorsque-Gaston se livra imprudemment à sa poursuite, malgré les avis de Bayard. Voyant passer à portée quelques bataillons qui rétrogradaient en bon ordre, il s’écria: «Qui m’aime me suive !» et fondit sur eux au galop, suivi d’une vingtaine de cavaliers. Les Espagnols, faisant volte-face, déchargèrent leurs arquebuses sur les assaillants, qui presque tous tombèrent. Gaston, continuant d’avancer, tomba de son cheval et fut massacré à coups de piques: il avait reçu tant de blessures, qu’on en compta quatorze rien qu’au visage. «Plût à Dieu,» dit Louis XII en pleurant, «que j’eusse perdu l’Italie, et que Gaston et tous ceux qui sont morts à Ravenne fussent encore au monde !» — Alcide Bonneau. — Propriété de Picard-Bernheim et Cie, éditeurs à Paris. — Impr. J. Crêté.

Récompense à: Melle L. Lecomte, Arnay-le-Duc, le 23 novembre 1889. — [Signé:] F. Dupont.