CORPUS ARTISTIQUE ÉTAMPOIS
 
Pierre Duranton et Adolphe Tabart
Porte de l’église Saint-Basile d’Étampes
chêne et fer forgé, 1845
Avec un appel à contributions
      
Duranton et Tabart: Porte de Saint-Basile d'Etampes (1845)
 
     La porte de l’église Saint-Basile est un très joli travail de ferronnerie du milieu du XIXe siècle. Elle a été réalisée en 1845 par un menuisier étampois et par deux frères serruriers venus spécialement d’Aubusson. Nous commençons ici des recherches sur cet ouvrage, auxquelles chacun est convié à participer.
B.G., 8 juillet 2010, première édition
   
Duranton et Tabart: Porte de Saint-Basile d'Etampes (1845)

 
La porte de l’église Saint-Basile d’Étampes (1845)

Enquête préliminaire (8 juillet 2010)
 

 
Duranton et Tabart: Porte de Saint-Basile d'Etampes (1845)
     La porte actuelle de l’église Saint-Basile constitue un remarquable travail de ferronnerie précisément daté de 1845. Elle a été réalisée lors d’une des nombreuses campagnes de restauration de l’église qui ont été effectuées de 1826 à 1876 à l’initiative du très dynamique curé Louis-Alexis Buffet, qui réussit à sauver cette église, par son obstination indomptable et ses efforts continuels, malgré la volonté de la municipalité qui voulait la détruire.
 
     A l’initiative de Bernard Paillasson, sacristain tout dévoué à ce monument magnifique, nous mettons en chantier cette page, consacrée à cette porte. Nous avons commencé mercredi dernier par déchiffrer cette inscription, qu’il venait de nettoyer soigneusement à cet effet, et par regarder ensuite ce qu’on trouvait à ce sujet dans les registres d’état civil.


Duranton et Tabart: Porte de Saint-Basile d'Etampes (1845)
1. L’inscription portée en bas de la porte

     L’un des seuls auteurs qui en parlent, Léon Marquis, attribue en 1881 cette porte à un certain Tabart, serrurier. Il n’a visiblement pas pris la peine de déchiffrer ni encore moins de traduire l’inscription qui court au bas de cette porte, et dont voici le texte.

Duranton et Tabart: Porte de Saint-Basile d'Etampes (1845)

     Tabart ligno, ferro Duranton Stampis fabricantibus, anno MLCCCXV ex donis fidelium fores istas ecclesiae Sancti Basilii Stampensis vir quidam restituit.

     Ce qui peut se traduire ainsi: “Un certain homme, grâce aux dons des fidèles, a fait refaire ces portes de l’église Saint-Basile d’Étampes, fabriquées à Étampes, par Tabart en ce qui concerne le bois et par Duranton en ce qui concerne le fer”. On notera la modestie avec laquelle se désigne lui-même le maître d’œuvre, qui sauva cette église de la destruction et consacra cinq décennies à la restaurer patiemment, à savoir l’abbé Louis-Alexis Buffet.
Duranton et Tabart: Porte de Saint-Basile d'Etampes (1845)

2. Premières données sur le menuisier, Tabart

     Les registres d’État Civil étampois conservent l’acte de mariage d’un certain Jean-Baptiste Narcisse Tabart, en date du lundi 24 juin 1844. C’est un serrurier alors âgé de 27 ans, qui se marie alors à mademoiselle Julie Sophie Flisat, femme de chambre âgée de 22 ans et résidant rue de la Porte-Dorée, née à La Chaussée-sur-Marne près de Vitry-le-François. Lui-même vit au n°64 de la rue Saint-Jacques, chez sa mère, veuve de Narcisse Protais Tabart, en son vivant garde-moulin.


     Cependant, ce n’est pas notre homme, puisque ce n’est pas un serrurier que nous cherchons, mais un menuisier. Il faut donc chercher dans son entourage familial. Précisément, l
es témoins du mariage sont ses oncles Henri Alexandre Tabart, tourneur en bois de 43 ans, et Adolphe Stanislas Tabart, menuisier de 41 ans.
     C’est ce dernier qui doit faire notre affaire, puisqu’il est menuisier. Il était né le 12 mai 1802, alors prénommé Stanislas Adolphe. L’inversion des deux prénoms tend à démonter qu’Adolphe était son prénom d’usage.


Duranton et Tabart: Porte de Saint-Basile d'Etampes (1845)


3. Premières données sur le serrurier, Durenton

     Quant à notre serrurier, Durenton, nous ne saurions rien de lui, s’il n’avait pas eu l’infortune de voir mourir à Étampes le fils que venait de lui donner sa jeune épouse.
     Le lundi 5 janvier 1846 en effet, à 1 h de l’après-midi, est enregistré le décès de Pierre Étienne Duranton, mort l’avant-veille, âgé de 5 mois, natif d’Aubusson dans la Creuse, fils de Joseph Duranton, serrurier âgé de 27 ans et de Marie Louise Élisa Lefaure, âgée de 22 ans.
     L’acte de décès est signé du maire lui-même, Albin Nicolas Pommeret de Varenne, du père (“Duranton Joseph”) et de son frère aîné Pierre Michel Duranton, âgé de 31 ans (“Duranton fils aîné”).

     L’enfant étant né en juillet-août 1845 à Aubusson, il apparaît que les frères Duranton ne sont venus à Étampes que dans la deuxième semestre de cette même année pour y réaliser les ferrures désirées par l’abbé Buffet, curé de Saint-Basile.

    Au moment du décès, Joseph Duranton et sa femme résident au n°88 de la rue Saint-Jacques, comme sans doute aussi le frère aîné de Joseph. Ce numéro n’existe plus, le bâtiment qui y correspondait ayant été absorbé par le n°90, site de l’ancien garage Sergent, qui lui même passe pour occuper le site d’une ancienne auberge. Il s’agit dans doute de celle que Léon Marquis, dans sa liste des auberges de la rue Saint-Jacques, situe en face de la rue Pavé, “l’auberge du Rossignol, tenue autrefois par Parquois, et supprimée vers 1844” (plutôt que le numéro 84 supposé par Frédéric Gatineau, Étampes en lieux et places, p. 111, qui est tout à fait au droit de la rue Pavée, mais correspond à une petite maison). C’était devenu de son temps, en 1881, “l’enseigne d’un marchand de vin”. On peut donc supposer que Joseph Duranton et sa jeune épouse résidaient dans une chambre louée de cette auberge.


4. Premières conclusions et appel à contributions

     Il apparaît donc en première analyse que la porte de Saint-Basile a été réalisée pendant le deuxième semestre de l’an 1845 par une équipe constituée d’une part d’au moins un menuisier, Adolphe Stanislas Tabart, sans doute assisté de son frère aîné Henri Alexandre, tourneur en bois, et peut-être de leur neveu Jean-Baptiste Narcisse, serrurier; et d’autre part de deux frères, serruriers chevronnés venus spécialement d’Aubusson, à savoir Pierre Michel Duranton, et son frère cadet Joseph, ce dernier accompagné de son épouse Marie et de leur enfant en bas-âge Pierre Étienne.

     Nous faisons donc appel à toute personne qui serait susceptible de nous aider à continuer cette enquête:
     (1) Nous avons besoin d’une personne capable de décrire dans les termes de l’art le beau travail de ferronnerie exécuté par les frères Duranton.
     (2) Il serait bon de trouver le modèle médiéval qu’ils ont suivi, certainement tiré de quelque manuel ou dictionnaire de référence, tels que ceux de Viollet-le-Duc.
     (3) Nous sommes aussi preneurs de toute donnée relative aux frères Duranton, qui étaient peut-être d’Aubusson, ou bien des compagnons itinérants qui ont dû laisser des traces ailleurs qu’à Étampes.

     Devenez co-auteur de cette page!


Bernard Gineste, juillet 2010.

ANNEXE
Louis Auguste Tabart, serrurier en 1836

     Le recensement de 1836 trouve au n°26 de la rue Sainte-Croix: “Hercule Romain Tabart ex serrurier, 74 ans — Victoire Tatout, femme de confiance, 63 ans — Louis Auguste Tabart, serrurier, 36 ans — Louise Eugénie Michau, sa femme, 30 ans — Louise Tabart, leur fille, 11 ans”.

     Recensement de 1836, réédition numérique en mode image mise en ligne par les Archives départementales de l’Essonne (saisie Bernard Gineste 2011).

BIBLIOGRAPHIE

Édition

     Bernard GINESTE, Bernard PAILLASSON, et qui voudra, «Pierre Duranton et Adolphe Tabart: Porte de l’église Saint-Basile d’Étampes (chêne et  fer forgé, 1845)», in


Toute information critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
     Source: clichés B.G., juillet 2010.
     
Explicit
   
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