CORPUS ARTISTIQUE ÉTAMPOIS
 
 Louise Abbéma
Bandeau, lettrine et cul-de-lampe
ornements typographiques, 1879

Louise Abbéma: Ornements typographiques (1879)  
Lettrine: le A de Abbéma.

     En 1879 le critique d’art parisien Georges Lecocq consacra un ouvrage de 20 pages à la jeune peintre étampoise Louise Abbéma, à qui il commanda les trois ornements typographiques usuels: bandeau, lettrine et cul-de-lampe.
 
Louise Abbéma
Bandeau, lettrine et cul-de-lampe
ornements typographiques, 1879

Louise Abbéma: Ornements typographiques (1879)
Louise Abbéma: Ornements typographiques (1879)
Page 3: bandeau et lettrine
Page 20: cul-de-lampe

Louise Abbéma: Ornements typographiques (1879)
1. Bandeau: une gondole sur le Grand canal de Venise

Louise Abbéma      En 1879 le critique d’art parisien Georges Lecocq consacre un ouvrage de 20 pages à la jeune peintre étampoise Louise Abbéma, à qui il commande les trois ornements typographiques habituels: bandeau, lettrine et cul-de-lampe.

     1. Commençons par le bandeau. L’artiste y a représenté une gondole voguant sur le Grand Canal de Venise. Ceci renvoie à une expérience fondatrice pour l’artiste, le long séjour qu’elle fit en Italie pendant son enfance, de 1861 à 1867, c’est-à-dire environ de l’âge de 8 ans à celui de 14 ans. Il est des plus probable que le personnage indistinct assis dans notre gondole doit être identifié à l’artiste elle-même. Il faut noter aussi qu’en cette même année 1879, Louise Abbéma a exposé au Salon des Amis des arts de Pau une
œuvre intitulée En gondole, et à celui des Amis des arts de Nice, une autre, ou la même, intitulée Venise. Et en effet Georges Lecocq fait lui-même allusion à un récent séjour de lartiste à Venise lorsquil décrit son atelier en ces termes: Ici, des bibelots, des faïences; là, le Lion de Saint-Marc, sculpture enlevée à une gondole et rapportée de Venise lhiver dernier...

     2. La lettrine met en scène une jeune femme accoudée à la barre d’un A façon idéogramme japonais, allusion à la mode du japonisme à laquelle notre artiste a souvent sacrifié. Devant elle se tient un petit chien, qui encore une fois est sans nul doute le chien tant aimé de Louise Abbéma et si présent dans son œ
uvre. Le choix de cette lettre, tout à fait artificiel et délibéré, puisqu’il est obtenu au prix d’une inversion des positions du nom et du prénom de l’artiste, exprime le début d’une aventure autant que le commencement de la série des fascicules quouvre l’auteur, Georges Lecocq, avec cette monographie sur Louise Abbéma. Il rappelle aussi la bonne fortune de ce patronyme qui commence toujours le catalogue alphabétique des expositions auxquelles participe l’artiste.
     Cette lettrine conserve une trace reconnaissable de signature en bas au milieu, malgré la réduction du dessin de l’artiste. L’original est signalé par Olivia Droin comme de localisation actuelle inconnue (et de même pour le bandeau).

     3. Le cul-de-lampe est d’un symbolisme encore plus élaboré et humoristique puisque le même brave toutou de Louise Abbéma y est élevé au rang de support héraldique. Il est debout, c’est-à-dire, en termes héraldiques, rampant, de manière à tenir entre ses pattes antérieures, à la manière des habituels lions ou léopards, l’écu losangé de l’artiste, ce dernier posé sur une palette de peintre aux initiales de l’auteur, L. A.
     Le dit écu est bien celui des Abbéma tel que le décrit le Dictionnaire historique et héraldique de la noblesse française de Mailhol (Paris, Direction et Rédaction, 1896, tome 2, p. 12): Parti, au 1 d’argent, au cou de héron issant de marais : au 2, coupé d’azur à la fleur de lis d’or et de gueules au trèfle de sinople. C’est-à-dire, en mots de tous les jours: à gauche, sur fond blanc, une tête de héron émergeant d’une eau stagnante; à droite en haut, une fleur de lys jaune sur fond bleu, et en bas un trèfle vert sur fond rouge.
     Notre gentil cabot tient aussi dans sa gueule un phylactère portant la fière devise de Louise Abbéma: Je veux.

Bernard Gineste, octobre 2016
Louise Abbéma: Ornements typographiques (1879)

2. Lettrine: Jeune femme accoudée à la barre du A, et son chien.
Louise Abbéma: Ornements typographiques (1879)
3. Le même chien dans une composition héraldique.

 
BIBLIOGRAPHIE

Édition

     Georges LECOCQ, Louise Abbéma [25 cm; 20 p.], Paris, Librairie des bibliophiles («Peintres et sculpteurs» 1), 1879 (ici en pdf)pp. 3 et 20.

     Bernard GINESTE [éd.], «Louise Abbéma: Bandeau, lettrine et cul-de-lampe (ornements typographiques, 1879)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/cae-19-abbema118.html, 2016.

Sur cette œuvre

     Olivia DROIN, Louise Abbéma (1853-1927) [2 volumes dactylographiés de format A4; 152 p. & 121 p. de catalogue], Mémoire de DEA d’Histoire de l’Art soutenu à l’Université Panthéon-Sorbonne de Paris I sous la direction du Professeur Daniel Rabreau, octobre 1993, tome II, p. 11, n°24 et n°25 (le cul-de-lampe n’est pas signalé).


Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Source de l’image: L’exemplaire de l’ouvrage de Lecocq sur Abbéma ayant appartenu au comte de Saint-Périer.
       
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