Internet et l’Histoire de l’Art
Début
2003, nous avions repéré sur Internet la trace de cette œuvre de Louise Abbéma,
«La Sorcière», sous la forme d’une petite image, ci-contre.
L’auteur de ce cliché, contacté, nous écrivit: «Je
suis désolé mais j’ai vendu cette carte, je n’en ai pas conservé
une image sur mon ordinateur, et je ne me souviens pas de détails.»
Nous avons mis alors en ligne cette image sans plus d’information: «Carte
postale».
Par chance, au début d’octobre 2003, un autre
vendeur en ligne a mis en vente, sur le site eBay, un autre exemplaire de
cette curieuse carte postale. Comme la technique progresse sans cesse, et
que les images que l’on trouve sur Internet sont toujours plus grandes,
nous avons pu lire cette fois ce qui était écrit en bas à
droite de cette carte: «Acte IV scène 7». Dès
lors, en moins d’une demi-heure, et avec les ressources d’Internet, tout
a été un jeu d’enfant. On a même presque aussitôt
trouvé la photographie qui avait servi de modèle à l’artiste
pour représenter Sarah Bernhardt dans le rôle de Zoraya, en
1904!
Sarah Bernhardt en 1903-1904 dans
le rôle de Zoraya
Le 15 décembre 1903, Sarah Bernhardt crée dans son théâtre,
le théâtre Sarah Bernhardt, une nouvelle pièce de Victorien
Sardou, écrite évidemment spécialement pour elle,
La Sorcière, où elle interprète
le rôle principal, celui de Zoraya. Le 9 janvier 1904, l’Illustration
consacre un supplément théâtral de 32 pages à
la pièce de Sardou, interprétée triomphalement par
l’actrice. Des photographies de Louis Bouyer sont également diffusées
sous formes de cartes postales, ci dessus reproduites (Nous les avons trouvées
en vente sur le site d'un vendeur de l’Ohio).
Le 20 juin, c’est encore par une interprétation
de La Sorcière que Sarah inaugure sa tournée à
Londres, où Louise Abbéma l’accompagne. Cette tournée
a marqué les esprits: les excentricités de Sarah ont tellement
choqué nos voisins d’outre-Manche que l’actrice a dû précipiter
son retour en France sans même finir sa tournée.
C’est dans
ce contexte que Louise Abbéma, alors âgée de 50 ans,
produit le dessin qui sera diffusé par une nouvelle carte postale.
Il est clairement inspiré d’une des photographies de Louis Bouyer.
A cette époque, la gloire de Sarah Bernhardt est véritablement
mondiale. L’exemplaire que nous reproduisons ici a été posté
d’Uruguay, en septembre1905. On admirera surtout la finesse des traits du
visage, ici agrandi:
.