De Jean des Temps à Jean d’Estempes
|
Vincent de Beauvais.— Martin d’Oppavia.— Guillaume de Nangis.— Juan Gil de Zamora.— Sigimar
de Kremsmünster.— Jean Lelong d’Ypres.—
Autres chroniques flamandes.— Liber Terre Sancte d’Évreux.—
Philippe de Bergame.— Fulgosius.— Johannes Nauclerus (Vergenhans).— Paul Émile.— Joachim
Curius.— François de Belleforest.—
Theodor Zwinger.— Giovanni Selino.— Paolo Morigia.— Jean Bodin.—
Richard Verstegan.— Lewis Bayly.— Balthasar
Exner.— Francis Bacon.— Thomas Browne.— Dom Basile
Fleureau.— Pedro Calderón de
la Barca.— Christian Friedrich Garman.—
Henning Witte.— Johann Jacob Hofmann.— John Evelyn.— Harcouet de Longueville.— Fredric Hasselquist.— Les Comtes Stampa.— Jean Paul.— Johann
Georg Theodor Grässe.— Robert Leslie Ellis.— Emilio Seletti.—
Felix Liebrecht.— Edward Peacock & Abram Smythe Palmer.—
Gaston Paris.— Volkrat Stampa..— Jesko Stampa.— Giacomo Cavallo.— Le comte Henri de Stampa.— Bernard Gineste.
|
01.
Vincent de Beauvais, Chronique
(avant 1264)
Vincent de Beauvais,
savant dominicain, a étudié à Paris à
la fin du règne de Philippe Auguste, avant d’entrer couvent
des dominicains de Saint-Jacques à Paris en 1218. Familier
de saint Louis, il a peut-être été le précepteur de ses enfants,
et son bibliothécaire. Son œuvre est caractéristique
de l’esprit du XIIIe siècle, tout occupé à classer
et à organiser les nouveaux espaces intellectuels ouverts par
le siècle précédent: c’est l’âge des encyclopédies.
Sa notice est la plus ancienne
connue à ce jour sur notre mystérieux personnage.
Nous ne connaîtrons sans doute jamais ses sources. On peut
se demander si une édition critique de cette chronique n’en
viendrait pas à corriger le nombre de 341 en 361: en effet, toutes
les chroniques qui paraissent ensuite s’inspirer de celle de Vincent
de Beauvais portent ce dernier nombre.
Texte de l’édition de Douai (1624)
|
Traduction B. G. (2006)
|
[An. Christ. 1139.] Anno domini 1139. habitaculum seruorum
Dei in loco qui dicitur ad Montem Dei construitur. Florebat
hoc tempore ecclesia Gallicana per viros religione ac sapientia
illustres: Milonem Morinensem episcopum humilitatis virtute præcipuum.
Aluisum
Atrebatentem liberalitate atque consilio
ac facundia clarum. Godefridum Lingonensem, Hugonem Antisiodorensem,
Ioslenum Suessionensem, Giffridum Carnotensem, Albericum Bituricensem
Archiepiscopum, scientiaque literarum atque consilij prudentia
clarissimum. Inter hos & alios multos tunc claros scientia
viros, Bernardus Clareuallensis vir opinatissimæ religionis
eminentissimè clarebat, qui multorum miraculorum patrator,
& verbi Dei seruentissimus, prædicator, atque multorum
monasteriorum fundator, animarum lucra maxima Dei exhibebat, adeo
vt magistri scholarum cum magno clericorum comitatu, etiam de longinquis
regionibus ad eius optabile magisterium confluentes, centenario vel
etiam ampliori novitiorum numero domum probationis implerent, &
vno die 40. monachi fierent.
Eodem anno
Ioannes de temporibus moritur, qui annis 341. vixerat à
tempore Caroli magni cuius armiger fuerat.
[An. Christi 1140.]
Anno Domini 1140. cenobium sanctæ Mariæ de frigido
monte fundatum est.
(p.1102)
|
[1139] L’an du Seigneur 1139
fut construite la résidence des serviteurs de Dieu qui
s’appelle Mont-Dieu. En ce temps-là
l’église gallicane s’illustrait par des hommes célèbres
par leur piété et leur sagesse: Milon, évêque
de Théouanne, caractérisé par la vertu
d’humilité, Alvise d’Arras réputé pour sa
libéralité, son bon sens et sa faconde, Geoffroy
de Langres, Hugues d’Auxerre, Jocelin de Soissons, Geoffroy de Chartres,
Aubry archevêque de Bourges, fort réputé pour
sa connaissance des lettres et la sagesse de ses avis. Parmi ceux-ci
et bien d’autres hommes réputés pour leur science,
brillait par-dessus tout Bernard de Clairvaux, homme d’une piété
des plus vantées, qui, accomplissant de nombreux miracles,
servant mieux que personne la parole de Dieu et fondant de nombreux
monastères, gagnait à Dieu de très nombreuses
âmes, au point que des maîtres d’école accompagnés
d’un grand nombre de clercs, affluant même de régions fort
éloignées vers une autorité si désirable,
emplissaient le logis des candidats d’un nombre de novices atteignant
la centaine, voire davantage, et qu’en un seul jour il se fit quarante
moines.
La même année
meurt Jean des Temps, qui avait vécu 341 ans, depuis
l’époque de Charlemagne, dont il avait été
écuyer.
[1140] L’an du Seigneur
1140 fut fondé le monastère de Notre-Dame de Froidemont.
|
Éditions
LEANDER A
SANCTO-MARTINO (Léandre de Saint-Martin, Leander of
St-Martin, nom de religion de John JONES) [éd.],
Bibliotheca Mundi, seu Speculi Maioris Vincentii Burgundi,
præsulis Bellovacensis, ordinis Prædicatorum, theologi
ac doctoris eximii, Tomus Quartus, qui Speculum Historiale inscribitur:
in quo universa totius orbis, omniumque populorum ab orbe condito
usque ad Auctoris tempus Historia continetur, pulcherrimum actionum
civilium & ecclesiasticarum Theatrum. Omnia nunc accuratè
recognitæ, distinctè ordinata, suis unicuique autori
redditis exactè sententiis; summariis prætereà
& observationibus, quibus anteà carebant, illustrata.
Operà & studio Theologorum Benedictorum Collegii Vedastini
in Alma Academia Duacensi [in-f°; pagination multiple (environ
2000 p. dont 1334 p. plus les index; «Bibliothèque
du Monde, ou: Quatrième tome du Grand Miroir de Vincent
de Bourgogne, évêque de Beauvais, qui est intitulé
le Miroir Historique, dans lequel est contenue toute l’histoire
du monde entier et de tous les peuples depuis la création du
monde jusqu’à l’époque de l’auteur. Le tout étant
maintenant vérifié et mis dans un ordre clair, chaque
citation étant correctement attribuée à son
auteur, et le tout étant en outre éclairci par des résumés
et des remarques qui auparavant faisaient défaut. Par le travail
et les recherches du collège des théologiens bénédictins
de Saint-Vaast de l’académie de Douai»], Duaci (Douai),
ex Officina Typographica Baltazaris Belleri (Balthazar Beller),
sub Circino aureao. Anno M.DC.XXIV (1624) [dont une réédition
numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur
son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=N081676,
en ligne en 2006], p. 1102.
|
02.
Martin d’Oppavia, Chronique (avant 1278).
Martin de Troppau,
ou d’Oppavia, selon qu’on adopte le nom germanique ou slave de cette
localité de Bohème, actuellement située en Tchéquie,
est un dominicain qui est mort à Rome, chapelain et pénitentiaire
du pape, laissant plusieurs ouvrages, dont une Chronique.
Il dépend visiblement de Vincent
de Beauvais pour ce qui nous occupe.
Les différences entre le texte (et le contexte)
des notices de Vinccent de beauvais et de Martin d’Oppavia paraissent minimes
mais sont en réalité considérables. Nous monterons
dans nos propres conclusions que Matin d’Oppavia
paraît beaucoup plus près du texte originel que Vincent de
Beauvais, et que, correctement analysé, son texte tend à prouver
que la date de la mort de Jean était originellement 1039, plutôt
que 1139.
Texte de l’édition de Hanovre (1872)
|
Traduction et notes de B. G. (2006)
|
[1138] Conradus II. imperavit annis 15. Huius tempore quidam
magister Arnaldus nomine predicavit in urbe Roma, reprehendens
divicias et superfluitates. Per cuius dicta multi magnates Romanorum
sequebantur eum. Qui postea captus ad odium clericorum est suspensus.
Huius tempore Ascalon capta est a christianis. Huius
tempore anno Domini 1039. Iohannes de Temporibus, qui annis
361 vixerat a tempore Karoli Magni, cuius armiger fuerat, est defunctus.
[Un autre manuscrit où
se passage est porté par une deuxième main porte:
Huius tempore anno Domini 1039. Iohannes
de Temporibus obiit, qui annis 361 vixerat a tempore Karoli Magni,
cuius armiger fuerat.] Hic Conradus rex in Frankenvort a sancto
Bernardo cum cunctis pene principibus crucis caractere est insignitus,
et illius temporibus socii peregrinacionis super numerum multiplicantur.
Nam de Lothoringis, Flandria et Anglia cum 200 pene navibus proficiscuntur.
Conradus itaque imperator cum innumerabili multitudine peregrinacionem
aggressus, Yconium pervenit. Cui Ludovicus rex Francorum cum multa milicia
per Ungariam descendens, ibidem advenit.
(M.G.H., t. XXII, p. 469)
|
[1139] Conrad II [en fait Conrad III] fut empereur pendant
quinze ans [1138-1152]. De son temps
un certain écolâtre du nom d’Arnaud précha
à Rome, réprouvant les richesses et le luxe. Entraîné
par ses dires, nombre de magnats des Romains le suivaient. Mais
ensuite il fut pris à faire haïr les clercs et suspendu.
De son temps Ascalon fut prise par les chrétiens [en fait: 1153]. De son temps, l’an
du Seigneur 1039 [sic: on notera que c’est Conrad II qui a régné
de 1024 à 1039], mourut Jean des
Temps, qui avait vécu 361 ans depuis l’époque de
Charlemagne, dont il avait été écuyer. Ce
roi Conrad, à Franckfort, fut marqué du signe de la
croix par saint Bernard avec presque tous les princes, et du temps
de celui-ci ceux qui s’associent à la croisade se multiplient
d’une manière incalculable. En effet ils partent de Lorraine,
de Flandre et d’Angleterre à bord de près de 200 navires
[1147]. Ainsi donc l’Empereur
Conrad ayant entamé son expédition en compagnie d’une
multitude innombrable, arrive à Iconium. Louis, roi des Francs,
descendant pour le rejoindre par la Hongrie avec une armée
innombrable, arrive au même endroit, etc.
|
Éditions
Ludowicus (Ludwig) WEILAND [éd.], «Martini Oppaviensis
Chronicon Pontificum et Imperatorum» («Chronique
des papes et des empereurs par Martin d’Oppavia»), in Georgius
Heinricus (Georg Heinrich) PERTZ (serenissimo Borussiae regi a
consil. regim. int. bibliothecae regiae praefectus) [éd.],
Monumenta Germaniae Historica, inde ab anno Christi
quingentesimo usque ad annum millesimum et quingentesimum, auspiciis
Societatis aperiendis fontibus rerum Germanicarum medii aevi.
Scriptorum tomus XXII [VIII+564 p.], Hannoverae (Hanovre), impensis
bibliopolii aulici Hahniani (Hahn), MDCCCLXXII (1872). [Réédition
anastatique: Leipzig, Karl W. Hiersemann, 1928. Dont une réédition
en microfiches (15 micorfiches), Leiden, IDC, XXe siècle.
Dont une réédition numérique en mode image
par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica,
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k93451j,
en ligne en 2006], pp. 377-475, spécialement p. 469.
|
03.
Guillaume de Nangis, Chronique
(avant 1301)
Guillaume de Nangis,
bénédictin de Saint-Denis, mort en 1300, fut garde des
chartes de Saint-Denis de 1289 à 1299. On lui doit entre autres une
Chronique des rois de France. Nous reproduisons un extrait assez
large pour qu’on puisse mesurer à quel point il dépend ici
de Vincent de Beauvais, cité plus haut, dont il reprend des phrases
entières.
Texte de l’édition de Paris (1840)
|
Traduction de François Guizot (1825)
|
MCXXXVIII. Petrus Leonis,
qui per schisma papatum invaserat per octo annos, judicio Dei percussus
interiit. Tunc Innocentius papa ordinatos ab eo degradavit,
et ne ultra promoverentur ad ordines judicio Dei decrevit. Florebat
hoc tempore Theobaldus comes Campaniæ, pater orphanorum,
judex viduarum, cæcorum oculus, pes claudorum, in pauperibus
sustinendis singulariter munificus, in construendis monasteriis
et erga religiosos quoscumque largitate incomparabilis. Hic abbatiam
sancti Florentii salmuriensis et abbatiam Eleemosynæ cisterciensis,
ac plures alias construxit. Genuit autem ex Matilde uxore sua,
nobili genere Teuthonicorum progenita, Henricum comitem Campaniæ,
et Theobaldum comitem blesensem, ac Stephanum comitem Sacri-Cæsaris,
Guillermum primò carnotensem electum, deinde senonensem archiepiscopum,
post remensem; item Adelam reginam Francorum, comitissam de Pertico,
comitissam Barri, ac uxorem ducis Burgundiæ.
Florebat etiam
Guillermus nivernensis comes insignis, cujus devotio mira
enituit, dum de potenti principe sæculi factus est in Carthusia
humilis pauper Christi. Florebat et sanctus Bernardus abbas
Clarevallis, et sanctus Malachias in Hybernia, qui mortuum suscitavit.
Florebat etiam magister Gilbertus cognomento Porree, tam liberalium
artium quàm divinarum scripturarum doctor eximius, et fere
incomparabiliter eruditus. Hic post magistrum Anselmum super psalterium
et super epistolas Pauli ex dictis Sanctorum Patrum compactam edidit
glossaturam.
MCXXXIX. Obiit Johannes
de Temporibus, qui vixerat annis trecentis sesaginta uno
à tempore Karoli magni, cujus armiger fuerat. His
temporibus quidam pseudo-imperator in partibus Alemanniæ
surrexit, qui per aliquot annos apud Solodorum in reclusione
vivens, [p.751], egressus inde imperatorem
Henricum perditum se esse mentiendo dixit, et cùm multos
seducendo sibi allexisset in tantum ut pro eo etiam graves pugnæ
et homicidia
fierent, aliis eum recipientibus, aliis
seductorum palam profitentibus, tandem declaratâ ejus
falsitate, Cluniaci in monachum attonsus est.
MCXL. Obiit magister
Hugo sancti Victoris parisiensis canonicus regularis. Habitaculum
servorum Dei carthusiensium in loco qui dicitur ad montem
Dei construitur. Cœnobium sanctæ Mariæ Frigidimontis
in episcopatu belvacensi cisterciensis ordinis fundatur. Henricus
frater regis Franciæ Ludovici apud Clarevallem monachus effectus
est, qui non multò pòst ad episcopatum belvacensem
est assumptus; fueruntque præter istum Henricum alii fratres
regis Franciæ, Robertus Drocarum comes, et Petrus dominus
de Cortenayo. Innocentius papa fundavit apud Aquas-Salvias monasterium
sancti Anastasii martyris, et constructis ibidem cœnobialibus
mansionibus, petiit à Clarevalle conventum monachorum et abbatem.
Missus est autem illuc cum conventu Bernardus pisanæ civitatis
olim vicedominus, qui postmodùm fuit papa Eugenius.
Florebat hoc tempore
gallicana ecclesia per viros religione et sapientiâ.
illustres, Milonem morinensem episcopum, humilitatis virtute
præcipuum, Alvisum attrebatensem pontificem, liberalitate
atque consilio et facundiâ clarum; Godefridum lingonensem;
Hugonem autissiodorensem; Goslenum suessionensem; Gaufridum carnotensem
episcopos; Albericum bituricensem archiepiscopum, scientiâ
litterarum atque consilii prudentiâ clarissimum; Sugerium
abbatem sancti Dionysii in Francia, virum eruditissimum. Inter
hos et alios multos tunc claros scientiâ viros, Bernardus abbas
Clarevallis vir opinatissimæ religionis eminentissime clarebat,
qui multorum miraculorum patrator, ac verbi Dei servientissimus prædicator,
atque plurimorum monasteriorum fundator, animarum Deo lucra maxima
exhibebat; adeo ut magistri scholarum cum magno clericorum comitatu
etiam de longinquis regionibus ad ejus optabile magisterium confluentes,
centenario vel etiam ampliori novitiorum numero domum probationis
implerent, et unâ die quadraginta monachi fierent. Florebat
etiam magister Richardus de sancto Victore parisiensis canonicus regularis,
qui in libris et tractatibus variis multa Ecclesiæ sanctæ
utilia descripsit. Claruit præterea his temporibus Hugo de
Folieto Sancti Petri corbiensis monachus, qui librum de claustro animæ
et corporis composuit. Alii dicunt istum Hugonem in pago ambianensi
fuisse canonicum regularem.
(Recueil des Historiens, t. XX, p. 750-751)
|
[1138.]
Pierre de Léon, qui s’était, par un schisme, emparé
pendant huit ans du pontificat, mourut, frappé du jugement
de Dieu. Alors le pape Innocent destitua ceux qu’il avait ordonnés,
et les déclara, par le jugement de Dieu, incapables d’être
élevés aux ordres de l’Eglise. Dans ce temps florissait
Thibaut comte de Champagne, père des orphelins, le défenseur
des veuves, l’œil des aveugles, le pied des boiteux, qui soutenait
les pauvres avec une singulière munificence, et se montrait
incomparablement libéral [p.20] à aider toutes sortes de religieux,
et construisit des monastères. Il fit bâtir l’abbaye
de Saint-Florent de Saumur, l’abbaye d’aumône de Cîteaux,
et plusieurs autres. Il eut de Mathilde, sa noble épouse,
allemande d’origine, Henri, comte de Champagne Thibaut, comte de Blois;
Etienne, comte de Sancerre; Guillaume, qui fut d’abord élu
archevêque de Chartres, ensuite archevêque de Sens,
et après archevêque de Rheims; Adèle, reine
des Français, comtesse du Perche, comtesse de Bar, et femme
du duc de Bourgogne.
En ce temps florissait
aussi le noble Guillaume, comte de Nevers, qui fit éclater
sa merveilleuse dévotion, en se rendant, de puissant prince
du siècle qu’il était, humble pauvre du Christ au
monastère des Chartreux. Dans ce temps florissait saint Bernard,
abbé de Clairvaux, et saint Malachie en Hibernie, qui ressuscita
un mort. Alors florissait aussi maître Gilbert, surnommé
Porré, aussi célèbre, et presque aussi incomparable
dans les arts libéraux que dans la science des divines Ecritures.
Il continua, d’après les saints pères, les commentaires
de maître Anselme sur le psautier et les épîtres
de saint Paul.
[1139.] A cette
époque mourut Jean Des Temps, qui avait vécu trois
cent soixante et un ans depuis le temps de Charlemagne, dont
il avait été homme d’armes. Dans ce temps il
s’éleva en Allemagne un faux empereur qui, après
avoir vécu pendant quelques années dans la retraite
à Soleure, en sortit, et prétendit faussement être
l’empereur Henri, qui avait disparu. Ayant, par ses mensonges,
séduit beaucoup de gens, il les attacha tellement à
son parti, qu’il en advint de cruels et meurtriers combats, les uns
le recevant, et [p.21] les autres le proclamant
publiquement un imposteur; mais enfin son imposture fut reconnue, et
il fut tonsuré moine de Cluny.
[1140.] En ce temps
mourut maître Hugues, chanoine régulier de Saint-Victor
à Paris. On construisit dans un endroit appelé Montdieu
une maison de serviteurs de Dieu de l’ordre des Chartreux. Le monastère
de Sainte-Marie de Froidemont, de l’ordre de Cîteaux, fut
fondé dans l’évêché de Beauvais. Henri,
frère de Louis, roi de France, se fit moine à Clairvaux,
et, peu de temps après, fut élevé à
l’évêché de Beauvais. Outre ce Henri, le roi de
France eut d’autres frères, Robert, comte de Dieux, et Pierre,
seigneur de Courtenai. Le pape Innocent fonda le monastère
de Saint-Anastase, martyr; et y ayant fait construire des demeures
pour les moines, il demanda une société de moines et un abbé tirés de Clairvaux.
On y envoya, avec une société de moines, Bernard, autrefois
vicomte de la ville de Pise, qui dans la suite devint le pape Eugène.
Dans ce temps des
hommes célèbres par leur dévotion et
leur sagesse faisaient fleurir l’Eglise française: c’était
Milon, évêque des Morins, remarquable par sa vertueuse
humilité: Éloi, évêque d’Arras, fameux
par sa libéralité, sa sagesse et sa faconde; Geoffroi,
évêque de Langres; Hugues, évêque d’Autun
[distraction de Guizot: il s’agit
d’Auxerre (B.G)], Goslin, évêque de Soissons;
Geoffroi, évêque de Chartres; Aubry, archevêque
de Bourges, homme savant et célèbre par la sagesse
de ses conseils; Suger, abbé de Saint-Denis en France, homme
très-érudit. Parmi eux et beaucoup d’autres hommes
remarquables par leur science, brillait éminemment Bernard,
abbé de [p.22] Clairvaux,
homme de la plus éclatante dévotion, qui fit un grand
nombre de miracles, prêcha avec la plus grande ferveur la parole
de Dieu, fonda plusieurs monastères, et gagna à Dieu
beaucoup d’âmes; au point que les maîtres des écoles,
accompagnés d’un grand nombre de clercs, accourant en foule
des nations lointaines se ranger sous son excellente domination,
remplirent la maison d’épreuves de plus de cent novices, et
que quarante se firent moines en un jour. On voyait aussi fleurir
maître Richard, chanoine régulier de Saint-Victor de
Paris, qui écrivit, dans différens livres et traités,
beaucoup de choses utiles à la sainte Église. Dans
ce temps brilla aussi Hugues de Feuillet, moine de Saint-Pierre
de Corbeil, qui composa un livre de la prison de l’âme et
du corps; d’autres disent que ce même Hugues fut chanoine régulier
dans le territoire d’Amiens.
|
Éditions
Première édition:
Domnus Lucas D’ACHERIUS (Dom Luc d’Achery, bénédictin
de la congrégation de Saint-Maur), [éd.], «Nangiacum
Chronicon», in ID. [éd.], Veterum aliquot
scriptorum qui in Galliae bibliothecis, maxime Benedictinorum, latuerant,
Spicilegium... opera et studio D. Lucae d’Acherii,... [in-4°;
13 volumes; ouvrage communément appelé Spicilegium],
Parisiis (Paris), apud C. Savreux, 1655-1677., in Spicilegium
[in-4°], tome. XI, pp. 405-602.
Deuxième édition:
Ludovicus-Franciscus-Joseph de LA BARRE (Louis-François-Joseph
de LA BARRE), Edmundus MARTENE (Edmond MARTÈNE, 1654-1739),
Stephanus BALUZE (Étienne BALUZE, 1630-1718) [réviseurs
& éd.], Domnus Lucas D’ACHERY (dom Luc D’ACHERY) [premer
éditeur], «Nangiacum Chronicon», in ID. Spicilegium
sive collectio veterum aliquot scriptorum qui in Galliae bibliothecis
delituerant, olim editum operâ ac studio D. Lucæ d’Achery,
prebyteri ac monachi ordinis sancti Benedicti, congregationis s. Mauri.
Nova editio prior accuratior, & infinitis propè mendis ad
fidem mss. Codicum, quorum varias lectiones V. C. Stephanus Baluze, ac
R.P.D. Edmundus Martene collegerunt, expurgata, per Ludovicum-Franciscum-Joseph
De La Barre, Tornacensem [in-8; 3 volumes], Parisiis (Paris), Montalant,
1721-1723. Dont une réédition numérique en mode
image par la BNF (curieusement, seulement des tomes II et III) sur
son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1085969
(tome II) et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108597p
(tome III)], t. III, p. 1-53, spécialement p. 5.
Troisième édition:
Pierre-Claude-François DAUNOU (1761-1840) & Joseph
NAUDET (1786-1878) [éd.], «Suppleta pars prior
Chronici Guillelmi de Nangiaco, ann. 1113-1226» (aliter:
«Chronicon Guillelmi de Nangis, sive Nangiaci, monachi Sancti
Dionysii in Francia, ordinis sancti Benedicti»), in ID. [éd.],
Rerum Gallicarum et Francicarum Scriptores. Tomus vigesimus
– Recueil des Historiens des Gaules et de la France. Tome vingtième,
contenant la première livraison des monumens des règnes
de Saint Louis, de Philippe le Hardi, de Philippe le Bel, de Louis
X, de Philippe V et de Charles IV, depuis MCCXXVI, jusqu’en MCCCXXVIII,
publié par MM. Daunou et Naudet, membres de l’Institut
[in-8° (42 cm); LXVII+844 p.; 1 folio de frontispice; table p.
LXVI], Paris, Imprimerie Royale, 1840 [dont une réédition
en microfiches: Doetinchem, Microlibrary Slangenburg Abbey, sans date;
dont une réédition numérique en mode image
par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica,
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50138z,
en ligne en 2006], pp. 725-763 (et non 752-763 comme indiqué
par erreur par la BNF), spécialement pp. 750-751.
Traduction
François
GUIZOT [trad.], Chronique de Guillaume de Nangis
[IX+421 p.; en fait traduction de la fin de cette chronique (de
1113 à 1301) et de sa première continuation (1301-1327)],
Paris, J.-L.-J. Brière [«Collection des mémoires
relatifs à l’histoire de France depuis la fondation de la
monarchie française jusqu’au 13e siècle, avec une introduction,
des suppléments, des notices et des notes, par M. Guizot,
professeur d’histoire moderne à l’Académie de Paris
(1823-1835)» 13], 1825 [dont une réédition
numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur son
site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k946086,
en ligne en 2004], p. 20.
Sur Guillaume
de Nangis
M. de SAINTE-PALAYE,
«Mémoire sur la vie et les ouvrages de Guillaume
de Nangis», in Mémoires de l’Académie
des Inscriptions, tome VIII, pp. 560-578.
DAUNOU & NAUDET,
«Monitum», in op. cit., pp. 543-544.
François
GUIZOT, «Notice sur Guillaume de Nangis», in
op. cit., pp. VII-IX.
|
04.
Juan Gil de Zamora, Chronique (avant 1318)
Juan Gil de Zamora,
en latin Johannes Aegidius Zamorensis, en français
parfois Egide de Zamore, était un clerc séculier
à Madrid, en 1266. Il entre dans les ordres en 1269-1270
et devient maître en théologie à Zamora en 1278.
Ami et collaborateur du roi Alphonse X, c’est un encyclopédiste
important, qui a notamment rédigé une Chronique.
On remarquera que Juan Gil
de Zamora présente la même anomalie que Martin d’Oppavia: il
date la mort de Jean du règne de Conrad II, mais dans un contexte
chronologique qui ne convient qu’à Conrad III, de sorte qu’on doit
comme dans le cas précédent se demander où est l’erreur:
ou bien le numéro de l’empereur est inexact, ou bien la notice a
insérée au mauvais endroit dans leur source. Mais comme, chez
Martin, la date également est aberrante dans le contexte (1039) et
correspond au numéro de l’empereur (Conrad II), c’est la deuxième
solution qui paraît la plus vraisemblable.
Édition Fita de 1884
|
Traduction B. G. (2006)
|
[VII.] [19] Henrricus quartus
Henrrici filius imperator, suscepto imperio, patrem suum capiens,
in vinculis mori fecit. Huius temporibus papa Kalixtus, compostellanum
episcopum, pro reverencia Beati Jacobi qui ibi quiescit, ad archiepiscopatus
apicem sublimavit, [p.189]
subiiciens Emeritanam provinciam sibi totam. Tempore Lotharii
IIII, tanta siccitas in Francia fuit, ut flumina, lacus, fontes,
et puttei siccarentur. Ignis quoque quod per rimas terram subintraverat,
nec ymbribus, nec frigore nec arte aliqua biennio extingui potuit.
Temporibus Conrradi secundi, Johannes de temporibus,
qui annis CCCLXI vixerat, a tempore Karuli Magni cuius armiger fuerat,
est defanctus.
|
[VII.19]
L’empereur Henri IV [Lisez Henri V, 1106-1125]
fils d’Henri [Henri IV, 1056-1106],
après avoir accédé à l’empire, capturant
son père, le fit mourir en prison. De son temps le pape Calixte
[1119-1124], par
révérence pour saint Jacques qui repose là,
éleva l’évéche de Compostelle au rang d’archevêché
en lui soumettant toute la province de Mérida. Au temps de
Lothaire IIII [Lisez Lothaire III, 1123-1137],
il y eut en France une si grande sécheresse que les fleuves,
les lacs, les sources et les puits s’asséchèrent.
Aux temps de Conrad II [Même
numéro aberrant que chez Martin d’Oppavia],
Jean des Temps, qui avait vécu 361 ans, depuis le temps
de Charlemagne dont il avait été écuyer, trépassa.
|
Éditions
Manuscrit: Biblioteca
de la Real Academia de la Historia, estante 23, grada 7. Códice
A, 189, fol. 99-136 (copie déficiente du XIVe siècle).
Fidel FITA, «Dos
libros (inéditos) de Gil de Zamora: I. Liber de preconiis
Hispanie. II. Liber de preconiis civitatis Numantine»,
in Boletín de la Real Academia de la Historia
5 (1884), pp. 131-200. Dont une réédition numérique
en mode texte in FUNDACION BIBLIOTECA VIRTUAL MIGUEL DE CERVANTES,
Biblioteca Virtual Miguel de CervantesLa Biblioteca de
las Culturas Hispánicas, http://www.cervantesvirtual.com/servlet/SirveObras/12504986456704839654657/p0000017.htm#I_24_,
en ligne en 2006.
|
05. Sigimar
de Kremsmünster, Chronique (début du XIVe
siècle)
Wilhelm
Wattenbach, qui a édité en 1851 pour les Monumenta
Germaniae Historica différentes annales autrichiennes,
et entre autres celle de Melk avec chacun de ses divers remaniements,
a notamment publié dans ce cadre les additions qui ont
été faites à cette chronique par un moine
de Kremsmünster qu’il supppose être Sigimar, cellérier
de ce monastère au début du XIVe siècle.
Texte de l’édition
de Hanovre (1851)
|
Traduction B. G. (2006)
|
1138. Hoc anno mortuus est Iohannes de temporibus, qui 361. annis
vixerat, scilicet a tempore Karoli Magni, cuius armiger fuerat.
Sanctus Bernardus floruit.
(M.G.H., t. IX, p. 554)
|
1138.
Cette année-là mourut Jean des temps, qui
avait vécu 361 ans, à savoir depuis l’époque
de Charlemagne, dont il avait été écuyer.
C’est le temps de Saint Bernard.
|
Éditions
Wilhelmus (Wilhelm) WATTEBACH [éd.],
«Annales Mellicenses a. 1-1124-1123: Auctarium Cremifanense
a. 249-1217» [«Surplus de Kremsmünster pour
les années 249-1217» (additions anonymes au canevas
de la chronique de Melk, attribuées par l’éditeur
précisément à Sigimar de Kremsmünster)],
in Georgius Heinricus (Georg Heinrich) PERTZ (serenissimo Borussiae
regi a consil. regim. int. bibliothecae regiae praefectus) [éd.],
Monumenta Germaniae Historica, inde ab anno Christi
quingentesimo usque ad annum millesimum et quingentesimum, auspiciis
Societatis aperiendis fontibus rerum Germanicarum medii aevi. Scriptorum
tomus IX [VIII+910 p.], Hannoverae (Hanovre), impensis bibliopolii
aulici Hahniani (Hahn), MDCCCLI (1851) [Réédition anastatique:
Leipzig, Karl W. Hiersemann, 1925. Dont une réédition
en microfiches (24 micorfiches), Leiden, IDC, sans date. Dont une
réédition numérique en mode image par la BNF,
1995, mise en ligne sur son site Gallica,
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k934370,
en ligne en 2006], pp. 550-554, spécialement p. 554.
|
06.
Jean Lelong d’Ypres, Chronique de Saint-Bertin (avant 1383)
Jean
Lelong était un moine du monastère de Saint-Bertin,
à Saint-Omer, en Flandre, dont on date la mort de 1383. On
lui doit une importante chronique, dite de Saint-Bertin. Comme Martin
d’Oppavia et Juan Gil de Zamora il place la mort de Jean sous le règne
de Conrad II (mort en 1039) alors qu’on est d’après la date qu’il
donne sous Conrad III (1139).
Texte de l’édition de 1925
|
Traduction B. G. (2006)
|
Leo vero noster indultum sibi
privilegium a papa super hac sententia secum afferens, prospere
gaudensque repatriavit. Quod privilegium sic incipit: Innocentius
episcopus, servus servorum Dei, dilecto filio Leoni abbati Sancti
Bertini eiusque successoribus regulariter substituendis in perpetuum.
Que ad perpetuam ecclesiarum et cet. Datum Laterani anno Domini 1139.
Item attulit litteras quibus papa mandat Theodorico comiti Flandrie,
Sibille eius comitisse et baronibus per Flandriam constitutis iudicium
predictum, mandans, ut hoc monasterium et abbatem eius in has sua iusticia
manutenere defendereque curent. Itemque consimiles Willelmo castellano et
tam majoribus quam minoribus ville Sancti Audomari; similes quoque Miloni
episcopo, Philippo et Miloni archidiaconis et toto capitulo Minororum.
Et hec tria eiusdem date cum originali sentencia predicta. Datum Laterani
anno Domini 1139.
Eodem anno ecclesia
de Ardea, que nunc dicitur prioratus de Ardea, data est Theodorico
abbati de Capella. Et eodem anno obiit Iohannes de
Temporibus, qui fuerat armiger regis et imperatoris Karoli Magni,
et ab eiusdem Karoli Magni tempore vixerat usque nunc, id est annis
361, hoc anno defunctus est, id est anno Domini 1139. Imperante
Conrardo secundo necdum coronato.
(M.G.H., t. XXV, p. 801)
|
Notre cher
Léon apportant avec lui la charte qu’il s’était fait
accorder par le Pape relativement à cette sentence, regagne
heureusement et joyeusement sa patrie. Ce privilège commence
ainsi: L’évêque Innocent, serviteur des serviteurs
de Dieu, à son cher fils Léon abbé de Saint-Bertin
et à ceux qui seront désignés de façon
légitime pour lui succéder à jamais. Pour que
des églises la perpétuelle etc. Donné
au Latran l’an du Seigneur 1139. En outre il rapporta une charte
dans laquelle le Pape ordonne au comte de Flandre Thierry, à
sa comtesse Sybille et aux barons en fonction par toute la Flandre
d’avoir soin de soutenir par leurs jugements et de défendre en
ces matières ce monastère et son abbé. Et une
autre charte semblable adressée au châtelain Guillaume
et tant aux notables qu’à la population de la ville de Saint-Omer.
Une autre aussi à l’évêque Milon, aux archidiacres
Philippe et Milon et à toute l’assemblée du peuple. Et
ces trois documents ont la même date que la susdite sentence:
Donné au Latran l’an du Seigneur 1139.
La même année
l’église du Héron, qui s’appelle présentement
le prieuré du Héron fut donnée à l’abbé
Thierry de la Chapelle. Et la même année
mourut Jean des Temps, qui avait été écuyer du
roi et empereur Charlemagne, et qui avait vécu depuis le temps
du dit Charlemagne jusqu’alors, soit 361 ans; il décéda
cette année-là, c’est-à-dire l’an du Seigneur
1139, sous le règne de l’empereur Conrad II [à nouveau
qui n’avait pas encore été couronné.
|
Éditions
Oswald HILDER-EGGER
[éd.], «XXX. Chronica monasterii Sancti Bertini
auctore Iohanne Long» [«Chronique de Saint-Bertin
due à Jean Lelong»], in Monumenta Germaniae Historica,
inde ab anno Christi quingentesimo usque ad annum millesimum et
quingentesimum, auspiciis Societatis aperiendis fontibus rerum Germanicarum
medii aevi. Scriptorum tomus XXV [VIII+957 p.], Leipzig, Karl
W. Hiersemann, 1925. Dont une réédition en microfiches
(24 micorfiches), Leiden, IDC, sans date. Dont une réédition
numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur
son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k93454k,
en ligne en 2006], pp. 736-866, spécialement p. 801.
|
07. Autres
chroniques flamandes (?)
Selon Felix Liebrecht (1879),
cité par Gaston Paris (1891), ce sont des chroniques
flamandes qui feraient mention de Jean des Temps. Il n’y aurait
pas donc seulement la chronique de saint-Bertin que nous venons
de citer à évoquer ce personnage, et nous faisons
appel aux chercheurs qui tomberaient sur ces passages pour nous nous
les signaler, au cas où le manque de rigueur de Gaston Paris
ou de Liebrecht ne nous induirait pas ici en erreur.
Texte non disponible
|
Traduction à venir
|
|
|
Source:
Felix LIEBRECHT, Zur
Volkskunde. Alte und Neue Aufsätze [in-8; XVI+522 p.], Heilbronn,
Henninger, 1879, p. 107 [cité par PARIS 1891].
Gaston PARIS, Le
Juif errant en Italie [in-4°; 16 p.; extrait du Journal
des savants (septembre 1891); compte rendu de L’Ebreo errante
in Italia, par S. Morpurgo], Paris, E. Bouillon, 1891.
Gaston PARIS, «Le
juif errant» [réédition de deux études
dont celle de 1891], in ID., Légendes du moyen
âge [in-16; IV+291 p.; contient: «Roncevaux»,
«Le paradis de la reine Sibylle», «La légende
du Tannhäuser», «Le juif errant», «Le
lai de l’oiselet»], Paris, Hachette, 1903. Rééditions:
1904. 1908. 1912. [reproduction en fac-similé de l’édition
de 1903], Amsterdam, Rodopi, 1970.
Réédition
numérique en mode texte: François MORIN &
Dolène SCHMIDT [éd.], «Gaston Paris:
Le Juif errant», in Biblisem (Bibliothèque
de Littérature Spiritualiste Et Mystique), http://www.biblisem.net/etudes/parislje.htm,
en ligne en 2006.
|
08.
Liber terre sancte Jerusalem d’Évreux (fin
XIVe siècle)
Dans
une compilation de la fin du XIVe siècle conservée
à Évreux signalé à Gaston Paris par
son ami le comte Paul Riant (1836-1888), spécialiste
de l’Orient latin, nous trouvons un guide du pélerin en Terre
Sainte. On y donne l’adresse à Jérusalem du Juif errant
qui aurait frappé le Christ sur son chemin de croix, Jean
Boutedieu (entre la maison de Judas et celle du Mauvais Riche). Ce
personnage du Juif errant (qui d’ailleurs n’est pas toujours juif)
apparaît sous diverses formes et sous divers nom à partir
du début du XIIIe siècle, et notamment celui de Jean Boutedieu,
pour lequel se firent passer, semble-t-il divers imposteurs en divers
temps.
Notre compilateur introduit
ici une glose où il exprime son incrédulité
envers la légende de Jean Boutedieu, qui serait selon lui
une déformation populaire de la réalité elle
historique de Jean des Temps, personnage qu’il appelle curieusement
pour sa part Jean Dévot-de-Dieu, et qui n’aurait vécu
selon ses informations que 250 ans.
Texte donné en
1891 par Gaston Paris d’après Paul Riant
|
Traduction B. G. (2006)
|
L’une des notices ajoutées par le compilateur
est celle qui nous intéresse: «Aussitôt après
l’église du Spasme, la station de Simon le Cyrénéen
et la maison de Judas (Philippus, p. 52), on lit: Item magis
ultra per eamdem viam est locus a vulgo [il manque
évidemment dictus et un nom], ubi Johannes Buttadeus impellit
(Lisez: impulit) Christum Dominum
quando ibat ligatus ad mortem, insultando dicens Domino: Vade ultra,
vade ad mortem! Cui respondit Dominus: Ego vado ad mortem, sed tu usque
ad diem judicii non. Et, ut quidam dicunt simplices, visus est aliquando
multis; sed hoc asseritur a sapientibus quia
dictus Johannes, qui corrupto nomine dicitur Johannes Buttadeus, sano vocabulo
appellatur Johannes Devotus Deo, qui fuit scutifer Karoli Magni et vixit
CCL annis. Vient ensuite la maison du mauvais riche.»
|
En outre plus loin dans la même rue se trouve un
lieu vulgairement [lacune: appelé
on ne sait comment], où Jean
Boutedieu frappa notre Seigneur le Christ alors qu’il allait enchaîné
à sa mort, en l’insultant et disant au Seigneur:
Vas-y, va mourir! Le Seigneur lui répondit:
Moi je vais mourir, mais toi, jusqu’au jour du Jugement,
non. Et, à ce que rapportent les gens naïfs, il
est apparu de temps à autres à de nombreuses personnes;
mais ce qu’en disent les sages, c’est que le dit Jean,
qu’on appelle sous un nom déformé Jean Boutedieu, s’appelle
de son vrai nom Jean Dévot-de-Dieu, qu’il fut écuyer de
Charlemagne et vécut 250 ans.
|
Éditions
Gaston PARIS, Le
Juif errant en Italie [in-4°; 16 p.; extrait du Journal
des savants (septembre 1891); compte rendu de L’Ebreo errante
in Italia, par S. Morpurgo], Paris, E. Bouillon, 1891.
Gaston PARIS, «Le
juif errant» [réédition de deux études
dont celle de 1891], in ID., Légendes du moyen
âge [in-16; IV+291 p.; contient: «Roncevaux»,
«Le paradis de la reine Sibylle», «La légende
du Tannhäuser», «Le juif errant», «Le
lai de l’oiselet»], Paris, Hachette, 1903. Rééditions:
1904. 1908. 1912. [reproduction en fac-similé de l’édition
de 1903], Amsterdam, Rodopi, 1970.
Réédition
numérique en mode texte: François MORIN &
Dolène SCHMIDT [éd.], «Gaston Paris:
Le Juif errant», in Biblisem (Bibliothèque
de Littérature Spiritualiste Et Mystique), http://www.biblisem.net/etudes/parislje.htm,
en ligne en 2006.
Publications du
Comte Riant pouvant présenter de l’intérêt
pour l’interprétation de ce document:
Paul-Édouard-Didier,
comte RIANT, Archives de l’Orient latin [in-4°; 2 tomes],
Paris, 1881-1883.
Paul-Édouard-Didier,
comte RIANT, Inventaire sommaire des manuscrits relatifs
à l’histoire et à la géographie de l’Orient
latin. I. France. A. Paris [in-4°; 81 p.; extrait des
Archives de l’Orient latin publiées sous le patronage de la
Société de l’Orient latin, t. II, 1882, pp. 131-204],
Gênes, l’Institut royal des sourds-muets, 1882.
Henri MICHELANT &
Gaston RAYNAUD [auteurs], Paul-Édouard-Didier, comte RIANT
[préfacier], Itinéraires de Jérusalem
et descriptions de la Terre Sainte, rédigés en français
aux XIe, XIIe et XIIIe siècles [gr. in-8°; XXXIII+283+12
p.], Genève, J. A. Fick [«Publications de la Société
de l’Orient latin. Série géographique» III],
1882.
|
09.
Philippe de Bergame, Chronique (1483)
les photographies du texte italien (édition
non datée) nous ont été aimablement communiquées
par M. le comte de Stampa (2004).
Jacopo Filippo
Foresti (1434-1520), en latin Jacobus Philippus Bergamensis, et
en français Philippe de Bergame, naquit à Bergame, et
y passa l’essentiel de sa vie au couvent Ermites de Saint-Augustin. Ce
théologien et historiographe a surtout donné une Chronique
qui a un connu un gros succès sous le nom de Supplément
des Chroniques, et de nombreuses rééditions de 1483
à 1537, notamment à Paris, sans parler d’une traduction
italienne elle-même plusieurs fois rééditée
de 1491 à 1581, et d’une version espagnole en 1510.
Dans cette chronique, fort curieusement,
la date de la mort de Jean des Temps est déplacée de
1139 aux alentours de 1144, probablement par suite d’une simple erreur
matérielle, l’auteur ayant intercallé de nouveaux
matériaux entre ses notes sur le règne de Conrad et
la mention de la mort de Jean des Temps.
On peut se
demander la raison du succès d’une chronique qui paraît
contenir tant d’erreurs matérielles que dans ce bref passage
qui nous intéresse, on n’en trouve pas moins de quatre: date
de la mort de Jean, numéro du pape Luce, calcul de la durée
de son pontificat et occasion réelle de sa mort: tout cela est
entièrement faux dans notre chronique!
Texte latin
|
Traduction B.G. (2006)
|
[papa 176] Lucius papa eius nominis
tertius natione bononiensis patre Alberto: post celestinum pontificem
predictum: sedit mensibus .11. diebus .9. Hic tituli sancte crucis
in hierusalem presbyter cardinalis fuit, Quam quidem basilicam ferme
totam colapsam, propriis expensis restituit. Qui inito ponti. nil pretermisit:
quod ad expeditionem hyerosolimitanam necessarium putabat. verum &
ipse dum in his versaretur: peste absumit: & in laterensi basilica
sepelitur
Ioannes de t(em)p(or)ibus
sic appellatus: ut Cronicæ omnes referunt: hoc eodem anno:
cum .361. annis vixisset: in Galliis moritur: quem caroli magni Armigerum
fuisse tradunt. |
[Pape n°176]
Le pape Luce, troisième du nom [en réalité le deuxième (B.G.)], de nation bolognaise, fils d’Albert, après le susdit
pape Célestin, siège 11 mois et 9 jours [en fait 3
jours: 12 mars 1144 - 15 février 1145 (B.G.)]. Il était cardinal-prêtre
du titre de Sainte-Croix-de-Jérusalem. Cette église étant
presque entièrement effondrée, il la fit restaurer à
ses frais. Dès le commencement de son pontificat, il n’omis rien de
ce qu’il pensait nécessaire à l’expédition de Jérusalem;
mais lui aussi, alors qu’il s’en occupait, est emporté par la peste
[En réalité il mourut au combat lors d’un assaut contre le Capitole
où s’étaient retranchés ceux qui contestaient ses droits
au pouvoir temporel (B.G.)],
et il est enseveli dans la basilique du Latran.
Jean des Temps, appelé
ainsi au rapport de toutes les Chroniques, cette même année,
alors qu’il avait vécu 361 ans, meurt en Gaule, lui dont
on rapporte qu’il avait été écuyer de Charlemagne.
|
Version italienne
|
Traduction B.G. (2006)
|
[Gioanni] Gioanni chiamatode Temporibus
(come scriveno gli historici) essendo di età d’anni .361.
mori in Franza quest’anno, & dicono che fu homo d’arme de Carolo
chiamato sopranome Magno.
|
[Jean]
Jean, appelé de Temporibus (comme écrivent
les historiens), étant âgé de 361 ans, meurt
en France cette année-là, et on dit qu’il fut homme
d’armes de Charles surnommé le Grand.
|
Éditions latines du vivant
de l’auteur:
JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS
(Jacopo Filippo FORESTI, de Bergame, 1434-1520), Supplementum
Chronicarum [in-f°; 180 ff. ; caractères gothiques;
figures; l’auteur dit avoir achevé son ouvrage à
Bergame le 3 des calendes de Juillet 1483, âgé de
49 ans], in civitate Venetiarum (Venise), per Bernardinum de Benaliis
Bergomensem, 1483.
JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS,
Fratris Iacobi Philippi Bergomensis ordinis Fratrum Eremitarum
Diui Aug. in omnimoda historia nouissime congesta Supplementum cronicarum
appellata liber primus feliciter incipit (f°22) [in-f°
(31 cm); 23+358+1 ff.; le titre est au f°22], Brixiae (Brescia),
per Boninum de Boninis de Ragusia, 1485.
JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS,
Fratris Iacobi Philippi Bergomensis, Ordinis Fratrum
Eremitarum Diui Augustini, In omnimoda historia nouissime congesta,
Supplementum cronicarum appellata [in-f° (31 cm); 274 ff.;
gravures sur bois], Venetiis (Venise), per Bernardinum de Benaliis
Bergomensem, 1486.
JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS,
Opus preclarum supplementum chronicarum vulgo appellatum
in omnimoda historia novissime congesta fratris Jacobi Philippi Bergomensis,
religionis heremitarum diui Augustini decoris [in-f° (31
cm); 12+261+1 ff.; gravures sur bois], Venetiis per Bernardum Rizum
de Novaria, 1490. Dont une réédition en microfilm: Cambridge
(Massassuchetts, U.S.A.), Omnisys [«Italian books before 1601»
441.5], vers 1990.
JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS,
Supplementum chronicarum Jacobi Philippi Bergomensis
(aliter: Supplementum chronicarum ab ipso mundi exordio usque
ad annum 1490, editum à Jacobo-Philippo Bergomate) [in-f°
(32 cm); 2+256+12 ff.; gravures sur bois], Venetiis (Venise), Bernardinus
Ricius de Novaria, 1492.
JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS,
Nouissime hytoriarum omnium repercussiones nouiter a
Reuerendissimo Patre Jacobophilippo Bergomense, ordinis heremitarum
edite, que supplementum supplementi cronicarum nuncupantur incipiendo
ab exordio mundi usque in annum salutis nostre MCCCCCII [inf°
(34 cm); 543+10 ff.; gravures sur bois], Venetiis (Venise), per Albertinum
de Lissona Vercellensem, 1503.
Autre édition vénitienne
de la même année: [in-f°; 452+9 ff.; figures gravées
sur bois et coloriées; initiales peintes], Venetiis, 1503.
JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS,
Supplementum chronicarum [in-f°; à la
page 440 (année 1493) on lit: «de quatuor permaximis insulis
in India extra Orbem nuper inventis» (découverte de
l’Amérique)].
JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS,
Novissime historiarum omnium repercussiones, noviter
a reverendissimo patre Jacobo Philippo Bergomense,... edite, que supplementum
supplementi cronicarum nuncupantur, incipiendo ab exordio mundi usque
in annum salutis nostre 1502... [in-f°; 449 p; table; figures
gravées sur bois], Venetiis (Venise), opera G. de Rusconibus,
1506 [Dont une réédition en microfilm: Cambridge (Massassuchetts,
U.S.A.), Omnisys («Italian books before 1601» 99.1), vers
1990. Dont une réédition numérique par la BNF,
1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k587732,
en ligne en 2006], f°295, verso.
JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS,
Supplementum supplementi chronicarum ab ipso mundi exordio
usque ad redemptionis nostrae annum MCCCCCX editum et novissime recognitum
et castigatum a... Jacobo Phillippo [sic] Bergomate,...
[in-f°; 335 ff. ; gravures sur bois], Venetiis (Venise), impensa
G. de Rusconibus, 1513.
Éditions latines
posthumes:
JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS,
Supplementum chronicorum, omnes fere historias quae ab
orbe condito hactenus gestae sunt, iucunda admodum dicendi breuitate
complectens, opus... primum... a... Jacobo Philippo Bergomate,...
conscriptum, deinde vero eruditorum quorundam diligentia... mendis...
repurgatum, cui insuper addita est nostrorum temporum brevis quaedam
accessio, eorum annorum... res... complectens quae ab anno 1500, ad annum
1535... gestae sunt (autre titre: Supplementum Chronicarum omnes
fere historias quae ab orbe condito actenus Gestae sunt ineunda admodum
brevitate complectens, repurgatum et Bernardini Bindoni, annorum 32 appendice
auctum) [in-f° (35 cm); 18 pièces liminaires; 443 ff.],
Parisiis (Paris), apud Simon. Colineum & apud Galiotum, 1535.
JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS,
Supplementum chronicorum, Venetiis, 1547.
JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS,
Supplementum chronicarum [17 cm; pagination multiple
; reprodiction d’une édition non précisée par
la catalogue de la Congress Library], Roma, Klaræ Augia, 1983.
Version numérique
en mode texte en ligne:
JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS,
Novissime historiarum omnium repercussiones, noviter
a reverendissimo patre Jacobo Philippo Bergomense,... edite, que supplementum
supplementi cronicarum nuncupantur, incipiendo ab exordio mundi usque
in annum salutis nostre 1502... [in-f°; 449 p; table; figures
gravées sur bois], Venetiis (Venise), opera G. de Rusconibus,
1506 [Dont une réédition en microfilm: Cambridge (Massassuchetts,
U.S.A.), Omnisys («Italian books before 1601» 99.1), vers
1990. Dont une réédition numérique par la BNF,
1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k587732,
en ligne en 2006], f°295, verso.
Versions italiennes:
Francesco SANSOVINO Fiorentino
(1521-1583) [trad.], Jacopo Filippo FORESTI da Bergamo (1434-1520)
[premier auteur], Incomenza l’Opera dignissima et preclara
chiamata supplemento de le Chroniche, in le quali se tracta in
brevità d’ogni historia, comenzando dal principio del mondo
fino al presente: compilata et facta per lo excellentissimo et famoso
Doctor Messer Frate Iacobo Philippo da Bergamo: de l’ordine de gli
Heremitani di Sancto Augustino.... et vulgarizzato per me Francesco
C.(iei) Fiorentino [in-f°; le traducteur dit avoir fini son
œuvre à Florence en janvier 1483, c’est-à-dire 1484],
Venetia (Venise), Bernardino Rizo de Novara, 1491.
Autres rééditions
in-folio: [in-f°] Venetiis (Venise), 1500. Venetia (Venise),
1520; [in-f°; «vulgarizato et historiato cum la gionta
per insino 1524»], Venetia (Venise), 1524. Venetia (Venise),
1535.[in-f°; «nuovamente revisto, vulgarizzato secondo
il vero testo latino dell’ultima impressione fatta a Parigi. Et appresso
l’addittione delle cose più memorabili accadute, o fatte per
l’universo Mondo a tutto l’anno 1539»], Venezia (Venise), Bernardino
Bindoni, 1540. Etc.
Francesco SANSOVINO Fiorentino
(1521-1583) [trad.], Jacopo Filippo FORESTI da Bergamo (1434-1520)
[premier auteur], Sopplimento delle croniche universali
del mondo... Tradotto da Francisco Sansovino… con un ritratto del
più nobili città d’Italia... [in-4°; 2 volumes],
Venetia (Venise), 1575. Réédition, 1581.
Version espagnole:
Narcís VIÑOLES
[trad.], JACOBUS PHILIPPUS Bergamensis (Jacopo Filippo FORESTI,
de Bergame, 1434-1520), Suma de todas las cronicas del mundo, llamado
en latin Supplementum cronicarum (por J. F. Foresti, traducido por
N. Viñolas).— [autre titre:] Suma de los cronicas del mundo traduzido
de lengua latina y toscana en esta castillana por Narcis Viñoles
[in-f°; 446 ff.; table; caractères gothiques; figures gravées
sur bois], Valencia (Valence), Gorge Costilla, 1510.
Sur Philippe de Bergame:
P. David Aurelius PERINI (ordinis Erem. S. Augustini), «Foresti
Fr. Iac. Philippus» [6 items bibliographiques], in ID.,
Bibliographia Augustiniana, cum notis biographicis.
Scriptores Itali [in-8°; 4 volumes (t.1: A-Cyr, 1929;
t.2: D-M, 1931; t.3: N-S, 1935; t.4: T-Z, 1937)]. Firenze (Florence),
typis florentinis librariae editricis [«Biblioteca agostiniana.
Serie 2a» 5], 1929-1937, tome II (1931) [dont une réédition
numérique en mode texte par le Centro Studi Agostiniano “Cherubino
Ghirardacci”, http://web.tiscali.it/ghirardacci/perini/perini2.htm,
en ligne en 2006], pp. 77-79.
|
10.
Nicole Gilles, Annales (avant 1503)
Les Annales de
François Nicolle, contrôleur du Trésor royal
sous Charles VIII mort en 1503, passent pour la première Histoire
de France, Cet ouvrage fut constamment réédité
et remanié jusqu’en 1621. Il a adapté et complété
les Grandes Chroniques de France.
En fait je n’ai pas encore consulté
ces Annales.
Texte non disponible
|
Traduction à venir
|
|
|
Éditions des Très
élégantes Annales de Nicole Gilles (de 1520
à 1551)
Nicole GILLES (vers
1425-1503), Les très élégantes,
très véridiques et copieuses Annales des très
preux, très nobles, très chrestiens et très
excellens modérateurs des belliqueuses Gaules...
Depuis la triste desolation de la...cite de Troye jusques au regne
du tres vertueux roy François... Compilées par...
Nicole Gilles jusqu’au temps de très prudent et victorieux
roy Loys unziesme et depuis additionnées selon les modernes hystoriens
jusques en lan mil cinq cens et vingt [2 parties en 1 volume in-f°;
caractères gothiques; encadrements gravés; figures],
Paris, Galliot Du Pré, 1520. réédition: 1521.
Réédition, 1527. Réédition: Les
treselegantes… [in-f°; LXI+CLXVII ff.; caractères
gothiques; deux cahiers de l’édition de 1531 insérés
à la suite de celle de 1527], Paris, Galiot du Pre, 1531. Réédition:
Les très élégantes… jusques
en l’an mil cinq cens XXXVI [in-f°, 2 parties en 1 volume
(CXXXIII, CXLV ff.); feuillets imprimés recto-verso; illustrations],
Paris, J. Longis, 1536. Réédition: Les très
élégantes… Nouvellement reveues et corrigées sur
les anciens originaulx oultre les précédentes impressions
[2 tomes en 1 volume in-f°], Paris, à l’enseigne sainct
Jehan Baptiste, 1538. réédition: Les très
élégantes… jusques en l’an mil cinq cens XXXVI [in-f°],
, à l’enseigne sainct Jehan-Baptiste, 1538. Réédition:
Les très élégantes… et depuis additionnées
selon les modernes hystoriens... mil D. XLIIIILes très
élégantes… [in-f°], Paris, J. Foucher, 1544.
Réédition: Les tres elegantes… [in-f°],
Paris, J. de Roigny & Galliot Du Pré & J. de Roigny, 1547.
Réédition: Les Tres elegantes…, iusques
en l’an mil cinq cens cinquante et un. Nouuellement reuues et corrigees
sur les anciens originaulx, et amplifiees oultre les precedentes impressions
[in f°; 145 ff. ; table], Paris, veufve Françoys Regnault &
Massellin, 1551.
Éditions des Chroniques
et Annales de Nicole Gilles et de leurs continuations avant
Belleforest (de 1525 à 1621)
Nicole GILLES (vers 1425-1503),
Chroniques et annales de France [in-f°; 2 tomes
en 1 volume], Paris, Galliot-Dupré, 1525.
Nicole GILLES, Les Cronicques
et annalles de France [28 cm; 776 ff.; 2 parties en
1 volume (1: «Le Premier volume des Cronicques et annalles
de Fra[n]ce augmentees en la fin du second volume daucuns faictz
dignes de memoire des feux rois Charles huistieme Loys douziesme
et Fracois premier du nom jusques en l’an mil V.C.XXX. A Paris M.V.C.XXX»;
2: «Le Second volume des Cronicques et annalles de Fra[n]ce augmentees
en la fin dudit volume daucuns faictz dignes de memoire des feux rois
Charles huytiesme, Loys douziesme et Fra[n]cois premier du nom jusques
en lan mil cinq cens trente. Nouvellement imprime a Paris»], Paris,
Philippe Le Noir, 1530.
Nicole GILLES, Chroniques
et annales de France [in-f°; 2 tomes en 1 volume], Paris,
Gilles Gormontius, 1533.
Nicole GILLES, Les Annales
et cronicques de France, composées par feu... Nicolle Gilles,...
- Le second volume des cronicques et annales de France, augmentées
d’aucuns faitz... jusques en l’an mil cinq cens trente huyct
[2 volumes in-f°], Paris, Galliot Du Pré, 1538 [l’exemplaire
de Baluze est conservé par la BNF].
Denis SAUVAGE (pseudonyme
de DU PARCQ, Champenois) [continuateur], Annales et chroniques
de France, depuis la destruction de Troye jusques au temps du roy
Loys XI, jadis composées par... maistre Nicole Gilles,...
depuis additionnées selon les modernes historiens jusques
en l’an mil cinq cens quarante et neuf, le tout nouvellement reveu
et corrigé... par Denis Sauvage,... Le second volume des Croniques
et annales de France, augmentées... d’aucuns faictz dignes
de mémoire des feuz roys Charles huyctième, Françoys
premier et Henry deuxième... jusques en l’an mil cinq cens
quarante et neuf Nouvellement reveu et corrigé... par D. S.
[Denis Sauvage] [2 parties en 1 volume in-f°; figures; tableaux
généalogiques; armoiries], Paris, G. Du Pré, 1549.
Denis SAUVAGE [continuateur],
Nicole GILLES [premier auteur], Les... Annales et croniques des
très chrestiens et excellens modérateurs des beliqueuses
Gaules... jadis composées par... Nicole Gilles, et depuis
additionnées... jusques en l’an mil cinq cens cinquante
et un... [in-f°; 145 ff.; table], Paris, Vve F. Regnault &
R. Masselin, 1551. monographie
Denis SAUVAGE [continuateur],
Nicole GILLES [premier auteur], Les Annales et Croniques de
France, depuis la destruction de Troye jusques au temps du Roy
Louis onziesme, jadis composees par feu maistre Nicole Gilles,...
Imprimees nouuellement sur la correction du Signeur Denis Sauvage
de Fontenailles en Brie, et additionnees, selon les modernes historiens,
iusques à cest an Mil cinq cens cinquante trois [2 tomes
en 1 volume in-f°; 149 ff.; table; figures], Paris, V. Sertenas
& Jean Macé, 1553.
Denis SAUVAGE [continuateur],
Nicole GILLES [premier auteur], Annales et croniques de France,
depuis la destruction de Troye jusques au temps du roy Louys onziesme
jadis composées par... maistre Nicolle Gilles,... imprimées
nouvellement sur la correction de M. Denis Sauvage,... et additionnées...
jusques à cet an mil cinq cens soixante et deux... - Le Second
volume des Annales et croniques de France, augmentées, en la
fin dudict volume, d’aucuns faictz dignes de mémoire des feuz
roys Henry deuxiesme, Francoys deuxiesme et Charles IX. du nom, jusques
en l’an mil cinq cens soixante et deux, imprimées nouvellement
sur la correction de M. Denis Sauvage,... [2 parties en 1 volume
in-f°; figures; portraits; tableaux généalogiques;
armoiries], Paris, G. Le Noir, 1562 [La BNF conserve un exemplaire annoté
de Montaigne].
Denis SAUVAGE [continuateur],
Nicole GILLES [premier auteur], Les Croniques et annales de
France, depuis la destruction de Troye, iusques au Roy Loys onziesme,
jadis composees par feu maistre Nicole Gilles,... Nouuellement imprimees
sur la correction de maistre Denis Sauvage, de Fontenaille en Brie,
et additionnees, tant par luy que par autres, selon les modernes historiens,
iusques au Roy Charles neufiesme... Auec les effigies des Roys...
[2 parties en 1 volume in-f° ; portraits], Paris, G. Buon, 1562-1566.
Denis SAUVAGE [continuateur],
Nicole GILLES [premier auteur], Les Croniques et annales de
France, depuis la destruction de Troye jusqu’au roi Louis XI composées
par Nicole Gilles, additionnées jusqu’au roi Charles IX,
par Denis Sauvage, avec les effigies des rois au plus près
du naturel [in-f°; 2 tomes en 1 volume], Paris, Duchemin,
1566.
Denis SAUVAGE [continuateur],
Nicole GILLES [premier auteur], Les Croniques et annales de
France, depuis la destruction de Troye, iusques au Roy Loys onziesme,
jadis composees par feu maistre Nicole Gilles,... Nouuellement imprimees
sur la correction de maistre Denis Sauvage, de Fontenaille en Brie,
et additionnees, tant par luy que par autres, selon les modernes historiens,
iusques au Roy Charles neufiesme... Auec les effigies des Roys...
[in-f°; table; 336 ff.; portraits], Paris, J. Ruelle, 1571. [in-f°;
2 parties en 1 volume; figures; encadrements gravés], Paris,
à l’enseigne de l’Éléphant & à l’enseigne
du Pellican, 1541-1544.
Version allemande des Chroniques
de Nicole (1572) :
Nicolaus FALCNER [trad.],
Nicole GILLES [premier auteur], Frantzösische Chronica,
oder volkommene Beschreibung aller nammhafftiger Gedechtnuss
wirdiger Geschichten unnd Thaten so sich zum Theil von Anfang der
Welt demnach under allen Fürsten und Königen... biss
auff diss gegenwirtige 1572. Jar und Carolum den Neundten diss Nammens,
jetzt regierenden König in Franckreich, zugetragen, gantz ordenlich
begriffen... erstlich durch weiland Herren Nicolaum Gillem,...
[in-f°; 2 volumes; portrait], Basel (Bâle), gedruckt bey
N. Brylingers Ehrben, 1572.
Éditions des Chroniques
et Annales de Nicole Gilles par Belleforest et ses continuateurs
(1573-1551)
François de BELLOREST
[2e continuateur & éditeur], Denis SAUVAGE (pseudonyme
de DU PARCQ, Champenois) [continuateur], Nicole GILLES [premier
auteur], Les Croniques et Annales de France dès
l’origine des Francoys, et leur venue ès Gaules, Faictes
iadis... par Nicole Gilles,... iusqu’au Roy Charles huictiesme, et
depuis continuees par Denis Sauvage, iusqu’au Roy Francoys second. A
present reuues, corrigees et augmentees... iusqu’au Roy Charles neufiesme
régnant à présent... Par Françoys de
Belle-Forest, comingeois. Avec les Genealogies et effigies des Roys...
[in-f°; VIII+536 ff.; portrais], Paris, G. Buon, 1573.
Gabriel CHAPPUYS (vers
1546-vers1613) [3e continuateur et éditeur], François
de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur],
Nicole GILLES [premier auteur], Les Chroniques et annales
de France dez l’origine des Françoys et leur venue ès
Gaules...... faictes jadis... par Nicole Gilles,... et depuis additionnées
par Denis Sauvage... reveues... par F. de Belleforest,... augmentées
et continuées... jusques au roy Henri III... par G. Chappuys...
[in-f° ; pièces liminaires; table; 521 ff.; portraits],
Paris, J. Cavellat, 1585.
Gabriel CHAPPUYS (vers
1546-vers1613) [3e continuateur et éditeur], François
de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur],
Nicole GILLES [premier auteur], Les Chroniques et Annales
de France dez l’origine des Françoys et leur venuë ès
Gaules, faictes jadis briefvement par Nicole Gilles,... jusqu’au
roy Charles VIII et depuis additionnées par Denis Sauvage jusqu’au
roy François II du nom, reveues, corrigées et augmentées...
contenantes l’histoire universelle de France dès Pharamond
jusqu’au roy Charles IX, par F. de Belleforests (sic), Comingeois,
avec la suite et continuation d’icelles, depuis le roy Charles IX,
jusques au roy... Louys XIII à présent régnant,
par G. Chappuys,... et autres [in-f°; 2 parties en 1 volume
in-f°], Paris, M. Sonnius & C. Rigaud & Sébastien Chappelet,
1617.
Gabriel CHAPPUYS
(vers 1546-vers1613) [3e continuateur & éditeur],
François de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur],
Nicole GILLES [premier auteur], Les Croniques et annales
de France... continuées par Denis Sauvage... et augmentées...
jusqu’au Roy Charles neufième régnant à présent...
[in-f°], Paris, P. Chevalier, 1621.
Jean SAVARON (1566-1622)
[4e continuateur & éditeur], Gabriel CHAPPUYS
(vers 1546-vers1613) [3e continuateur], François de BELLOREST
[2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier
auteur], Les Chroniques et annales de France dez l’origine des
Françoys par Nicole Gilles jusqu’au roi Charles VIII, additionnées
par Denis Sauvage jusqu’à François II, revues et augmentées
jusqu’à Charles IX, par F. de Belleforest avec la suite et continuation
jusques au roy... Louis XIII... plus la saincteté du roy Louys
dict Clovis, par M. Jean Savaron,... [in-f°; pièces
liminaires; 730 ff.; table], Paris, P. Chevalier, 1621.
|
11.
Fulgosius, De dictis factisque memorabilibus (avant 1504)
Battista Fregoso (1453-1504),
surnommé en latin Fulgosius, fut doge de Gènes,
et donna en italien plusieurs ouvrages dont un Recueil de Dits
et faits mémorables (titre emprunté à un ouvrage
du même genre de l’historien antique Valère-Maxime), qui
fut traduit en latin par Camillo Ghilini et connut une dizaine d’éditions
au XVIe siècle.
Nous n’avons pas
consulté cet ouvrage. Robert Leslie Ellis, éditeur de l’Historia Vitae
de Francis Bacon en 1859 (page 146, note 6), le range au nombre de ceux
qui pensent que le nom de Jean des Temps fut donné à Jean
d’Étampes en raison de sa longévité.
Texte non disponible
|
Traduction à venir
|
On
dit que son nom était Jean de Stampis (D’Estampes),
et on lie ce changement de nom à sa longévité légendaire.
Voyez Zuingerus [Theodor Zwinger],
Theatrum vitæ humanæ, ou Fulgosius [Battista Fregoso], Factorum dictorumque memorabilium,
p. 298.
(Robert Leslie Ellis, 1859)
|
|
Notre source:
Robert Leslie ELLIS
[éd.], «Francis Bacon: Historia vitae et mortis»,
in The works of Francis Bacon, etc. (voir infra),
1859 [mis en ligne sur le site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k254716,
en ligne en 2006], p. 146, note 6.
Éditions:
Camillus GILINUS (Camillo
GHILINI) [traducteur en latin], Baptista FULGOSIUS (Batiista FREGOSO,
doge de Gènes, 1453-1504) [auteur, en italien], De dictis
factisque memorabilibus collectanea a Camillo Gilino Latina facta
[in-f° (31 cm); 664 p.], Mediolani (Milan), Iacobus Ferrarius, 1509.
Camillus GILINUS [trad.] & Baptista
FULGOSIUS, Factorum dictorumque memorabilium libri IX
[in-f°; 20+380+16+3 ff. + 154 p.], Parisiis (Paris), Petrus (Pierre)
Cavellat, 1578 (relié avec: De Magistratibus adeoque
reipublicae romanae statu commentarii. Lausannae, excudebat Franciscus
le Preux Ilustr. D. Bernensium Typographus, Parisiis, Cavelat, 1578)
[Plusieurs rééditions par Cavellat (où seule la date
est changée, à la plume), 1580-1599], p. 298.
|
12.
Johannes Nauclerus, Chronique (avant 1510)
Johann
Vergenhans, en latin Johannes
Nauclerus, chroniqueur allemand né vers 1430 en Souabe et mort vers 1510, professeur,
puis chancelier de l’Université de Tübingen, a laissé
une Chronique en latin, parue en 1516, qui va depuis Adam
jusqu’en 1500.
Nauclerus
mentionne le cas de Jean des Temps dans sa Chronique, selon Johann Jacob Hofmann, dans son Lexicon Universale
paru en 1698, tome II, page 622 (voir ci-dessous).
Merci à toute personne
qui y aurait accès de nous en comuniquer le texte, voire
un scan.
Texte non disponible
|
Traduction à venir
|
|
|
Notre source:
Johann Jacob HOFMANN, Lexicon
Universale,1698, tome II, page 622 (voir ci-dessous).
Éditions:
Joannes NAUCLERUS (Johann
VERGENHANS, mort en 1510), Memorabilium omnis aetatis
et omnium gentium chronici commentarii a Ioanne Nauclero I.U. Doctore
Tubing. Praeposito, & Universitatis Cancellario, digesti in
annum Salutis M.D. [40 cm; 2 livres en 1 volume], Ex Tvbinga
Sveviae vrbe (Tübingen), 1516.
Johannes NAUCLERUS, Chronica
D. Iohannis Navcleri ... svccinctim compraehendentia res memorabiles
secvlorvm omnivm ac gentivm, ab initio mundi vsque ad annum
Christi nati M.CCCCC. Nvnc, plvrimis locis, ex ipsis, vnde desumpta
sunt, authoribus emendatis, & mendis, quæ irrepserant,
sublatis, nouo insuper adiecto indice, emendatiùs ac elegantiùs
quàm vnquam antehac excusa ... [in-f° (32 cm); 20 pièces
liminaires; 1122 (en fait 1102) p.], Coloniæ (Köln, Cologne),
apud G. Calenium, & hæredes Iohannis Quentel, 1579.
Aperçu
en ligne de cet ouvrage:
Per NAUCLÉR, «The World Chronicle»,
in ID., A Naucler Genealogy Home Page, http://web.telia.com/~u42300055/NAU/The_book.htm, en
ligne en 2006.
|
13.
Paul Émile, De rebus
gestis Francorum (1519).
Appelé en France sous Charles VIII pour composer une histoire
érudite de ce pays, Paolo Emili (en latin Paulus Aemilius)
a publié les quatre premiers volumes de son œuvre en 1517,
les deux suivants en 1519, et laissa à sa mort en 1529
les matériaux suffisant pour en composer quatre autres,
tâche qui fut entreprise par son ami et compatriote Zavarizzi.
La première édition de l’œuvre complète prit
place en 1539 chez Vascosan; à cette chronique furent reprochés
son ton déclamatoire et son parti-pris pro-français
mais elle demeure une source importante pour l’histoire du XVème
siècle.
Malheureusement nous ne disposons pour l’instant que du
texte de l’édition de 1520 mis en ligne par la BNF sur son
site Gallica, texte presque illisible à force
de pâtés: l’édition en était typographiquement
très mauvaise.
Elle nous permet cependant en l’état
de rectifier la citation tronquée et erronée que
fait Gaston Paris (1891), d’après Graesse (1861), du passage
relatif à Jean des Temps, et de mieux comprendre qu’ils ne
l’ont fait l’hypothèse très ingénieuse et élégante
de Paul-Émile, qui permet de ramener le nombre de 361 à
161, et de passer ainsi du surnaturel à l’extraordinaire.
Paul-Émile suggère
qu’il a pu y avoir une confusion entre deux Charles de la dynastie
carolingienne, à savoir le premier, Charlemagne, et le dernier,
Charles dit de Basse-Lorraine, compétiteur malheureux d’Hugues
Capet, qui fut couronné en 988, un an après son rival,
mais fut capturé et emprisonné par ce dernier en 991.
De fait, un homme qui serait
mort en 1139 à l’âge de 161 ans, et qui serait donc
né vers 978, aurait eu de dix à treize ans pendant
la période où Charles de Basse-Lorraine fut roi en
même temps qu’Hugues Capet, à savoir de 988 à
991. Il aurait donc en être le page, voire même, en tirant
sur les dates, l’écuyer.
Par ailleurs, Paul Émile est
le premier auteur à notre connaissance qui propose d’identifier
Jean des Temps à un certain Jean d’Étampes.
On notera que ceux des auteurs suivants
qui citent Paul Émile (voyez ci-dessous), à savoir au moins Fleureau (1668), Grässe (1840)
et Gaston Paris (1891), ne prêtent pas tout le soin qu’il
faudrait à sa lecture, pourtant des plus suggestives.
1) Dom Basile Fleureau (1668) comprend
mal le terme latin de virtus, qui signifie ici, selon toute
apparence, «prodige», et non pas «vaillance», de sorte que l’argument de Paul Emile, qui était
logique (les historiens n’auraient pas manquer de signaler un tel
prodige) devient très faible, voire illogique chez le savant
barnabite (les historiens n’auraient pas manqué de signaler
quelque trait de sa bravoure).
2) Quant à Grässe (1841),
servilement suivi par Gaston Paris (1891), il lit Paul Émile
avec tellement d’inattention qu’il lui prête l’idée
que, par Charlemagne, il faudrait entendre Charles le Simple; alors
qu’en réalité cet auteur parle de Charles de Basse-Lorraine,
petit-fils de Charles le Simple et rival d’Hugues Capet, hypothèse
beucoup plus intéressante, et même si intéressante
qu’on peut en venir à se demander si Paul Émile n’a pas
trouvé la solution de cette énigme véritablement
irritante de la longévité merveilleuse de Jean des Temps.
Qui aurait à sa disposition
une édition de Paul Émile plus lisible que celle qui
a été mise en ligne par la BNF, et plus fiable que celle
qu’ont utilisée par Grässe et Gston Paris?
Texte latin
|
Traduction B. G.
(2006)
|
Sub idem tempus obiit Ioannes a
Stampis, quam per errorem a temporibus multi vocitant, ob diuturnam
vitam. Plus trecentis sexaginta vixisse annis eum faciunt, sub
Karolo Magno meruisse, Ludovico Crassi filio decessisse; cum
interea nulla in tot motibus mentio eius facta fuerit, nec latere ignorarive
potuisset virtus, que speci... ......clarissimi ....... ........ ..........isset,
.....ius crediderim eum militasse sub Carolo Simplicis nepote,
quem Regnum ..........cumque petentem & in Carolum Magnum originem
suam referentem, Capetus Regni æmulus cepit (?), speque .....
................orum ...... nec trecentorum sexaginta sed centum
circiter & sexaginta annorum vitam ei contigisse, id quod etiam
consenescente mundo magnum & memorabile sit.
(Livre V, édition
de 1520, ff. CXLIv-CXLIIr)
|
Vers
la même époque mourut Jean d’Étampes, que par erreur
beaucoup appellent des Temps, à cause de la longueur de sa vie.
On le fait avoir vécu plus de trois cent soixante ans, avoir servi
sous Charlemagne, être décédé sous Louis, fils
de Louis le Gras; alors que dans l’intervalle, au milieu
de tant de péripéties il n’a été fait aucune
mention de lui, et que ce miracle n’aurait pu rester inaperçu ou
inconnu... (une ligne illisible) ... je croirais qu’il
a servi sous Charles le petit-fils de Charles le Simple, qui prétendait
à la royauté ...... ....., qui faisait remonter son lignage
à Charlemagne, et que Hugues Capet, son concurrent pour la royauté,
captura ........... ; et qu’il n’a pas eu pour lot une vie de trois cent
soixante ans mais de cent soixante ans environ, ce qui est encore considérable
et mémorable en cet âge avancé du monde.
|
Manuscrits:
Un manuscrit est conservé
au musée Hunter de l’université de Glasgow (Pauli
Aemilii Veronensis Galliæ Antiquitates, GB 0247 MS
Hunter 11 (S.2.1), l’autre à la BNF.
Éditions:
Paulus ÆMILIUS Veronensis
(alias Paulus ÆMYLIUS, en italien Paolo EMILI, en français
Paul ou Paule ÆMYLE ou ÆMILE ou EMILE ou ÉMILE,
1460-1529), Pauli Aemilii,... de Rebus gestis Francorum
libri IIII... [in-f°; 124 ff.; 1 f° d’errata], Parisiis
(Paris), in aedibus Jodoci Badii Ascensii (Josse Badius, du village
bruxellois d’Asse), vers 1517.
Paulus ÆMILIUS, Pauli
Æmilii Veronensis De rebus gestis francorum libri VII
[in-f°; CCXVIII (218) ff.], Parisiis (Paris), in aedibus Jodoci
Badii Ascensii, 1520 [dont un microfilm: Cambridge (Massachusetts,
U.S.A.), Omnisys [«French books before 1601» 93.3], années
1990. Dont une réédition numérique en mode image
par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica,
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k52692m/,
en ligne en 2006], ff. CXLIv-CXLIIr.
Daniel ZAVARISIUS (Danielo ZAVARIZZI)
[continuateur] & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE) &
Johannes TILIUS (Jean du TILLET, †1570, auteur du Chronicon),
De rebus gestis Francorum. Additum est de regibus item
Francorum chronicon, ad haec usque tempora studiosissime deductum
[auctore Joanne Tilio], cum rerum maxime insignium indice copiosissimo
[in-f° (35 cm); IV+CCXLVIII+47 ff.; 2 parties en 1 vol. in-f°;
première édition complète des 10 livres, avec
la continuation par Zavarizzi couvrant les années 1488 à
1539 dans les 4 derniers livres; la page de titre porte après
l’adresse: «cum privilegio Senatus»; pièces limininaires
(privilège du Parlement de Paris accordé à Michel
Vascosan pour deux ans; épître dédicatoire de M.
Vascosan à François Ier ; Paris, le 3 des nones de mai
1539; liste des rois France de Pharamond à Charles VIII; préface
de Paul Emile; avis de Daniel Zavarisius au lecteur (f° CCXLVIII);
texte encadré; le Chronicon de Jean Du Tillet a un titre propre],
Parisiis [Paris], ex officina Michaelis Vascosani (Michel Vascosan)
& Galliot du Pré, 1539.
Réédition: Parisiis
(Paris), Michael Vascosanus & Johannes Roigny 1544 (où
le Chronicon est de 1543).
Daniel ZAVARISIUS (D. ZAVARIZZI,
premier continuateur du De rebus) & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE)
& Johannes TILIUS (Jean du TILLET, auteur du Chronicon)
& Arnoldus FERRONUS Burdigalensis (Arnoul LE FERRON de Bordeaux,
1515-1563, deuxième continuateur), De rebus gestis
Francorum Libri X. Chronicon de iisdem regibus, a Pharamundo usque ad
Henricum II [relié avec:] Ferroni Arnoldis De
rebus gestis Gallorum Libri quator, ad Historiam Pauli Aemilii additi
[in-8° (16,5 cm sur 11,5); trois parties : 1) Paul Émile :
996 p. paginées 9+506 (1548) ; 2) Arnoul Le Ferron: Ferroni
Arnoldis De rebus gestis Gallorum Libri quator, ad Historiam Pauli Aemilii
additi: 140 p. numérotées 3-70 (1549); Jean du Tillet:
Chronicon de Regibus Francorum, a Pharamundo usque ad Henricum
II, 1+165+2 p. (1548)], Parisiis (Paris), Audoënus Parvus &
Vascosanus, 1548-1549.
Réédition: Lutetiæ
(Paris), Michael Vascosanus, 1550.
Daniel ZAVARISIUS (D. ZAVARIZZI,
premier continuateur) & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE) &
Johannes TILIUS (Jean du TILLET, auteur du Chronicon) &
Arnoldus FERRONUS (Arnoul LE FERRON, deuxième continuateur),
Aemylii Historici clarissimi de rebus gestis Francorum…Additum
est de regibus item Francorum Chronicon [relié avec:]
Arnoldi Ferroni Burdigalen. regii consiliarii, De rebus gestis Gallorum
libri IX ad historiam Pauli Æmylij additi, perducta historia usque
ad tempora Henrici II. Francorum Regis. Tertia edio nunc recèns aucta
& reconita [in-f°; 1 volume en deux parties (t.1: 4 ff. + 244
p. + 20 ff. + 32 ff.; t. 2: 183 p. + 8 ff. (index)], Parisiis (Paris),
ex officina typographica Michaelis Vascosani (Michel Vascosan), 1550. Réédition:
1555.
Daniel ZAVARISIUS (D. ZAVARIZZI,
premier continuateur) & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE),
& Arnoldus FERRONUS (Arnoul LE FERRON, deuxième continuateur)
& Johannes TILIUS (Jean du TILLET, auteur du Chronicon),
Pauli Aemylii,... de Rebus gestis Francorum libri X. Arnoldi
Ferroni,... de Rebus gestis Gallorum libri IX, ad Historiam Pauli Aemylii
additi. Chronicon Jo. Tilii de regibus Francorum, a Pharamundo usque
and Henricum II [in-8°; 448 ff.], Parisiis (Paris), apud Vascosanum,
1555.
Daniel ZAVARISIUS (D. ZAVARIZZI,
premier continuateur) & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE) &
Arnoldus FERRONUS (Arnoul LE FERRON, deuxième continuateur),
Pauli Aemylii Veronensis historici clariss. De rebus gestis
Francorum libri X. Arnoldi Ferroni Burdigalensis regii consiliarii,
de rebus item gestis gallorum libri IX ad historiam Pauli Aemylii additi,
historia perducta a Pharamundo primo Francorum rege, usque ad Henricum
secundum, Galliarum regem, 3a editio nunc recens aucta et recognita
[in-f° ; 244+183 p.; index], Lutetiae Parisiorum (Paris), ex officina
Vascosani, 1565. Réédition 1566.
Johannes-Thomas FREIGIUS (Johann
Thomas FREIGE) [éditeur], Daniel ZAVARISIUS (D. ZAVARIZZI,
continuateur du De rebus) & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE)
& Arnoldus FERRONUS (Arnoul LE FERRON, continuateur de Paul Émile
de Zavarizzi) & Johannes TILIUS (Jean du TILLET, auteur du Chronicon),
Historiae jam denuo emendatae Pauli Aemilii,... de Rebus
gestis Francorum, a Pharamundo,... usque ad Carolum octavum, libri
X. Arnoldi Ferroni,... de Rebus gestis Gallorum libri IX, ad Historiam
Pauli Aemylii additi, a Carolo octavo usque ad Henricum II... Adjunctum
est Chronicon Joan. Tilii de regibus Francorum [in-f°; 2 volumes],
Basileae (Bâle), per S. Henricpetri, 1569.
Daniel ZAVARISIUS (D. ZAVARIZZI,
premier continuateur) & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE),
& Arnoldus FERRONUS (Arnoul LE FERRON, deuxième continuateur),
Pauli Aemylii,... de Rebus gestis Francorum libri X. Arnoldi
Ferroni,... de Rebus gestis Gallorum libri IX, ad Historiam Pauli Aemylii
additi. Chronicon Jo. Tilii de regibus Francorum, a Pharamundo usque
and Henricum II [in-f°; pièces liminaires; 244 ff.;
index; sans DU TILLET semble-t-il], Lutetiae Parisiorum (Paris), ex off.
Vascosani, 1577.
Jacob HENRICPETRI (Jabob Henric-Petri,
éditeur & troisième continuateur), Arnoldus FERRONUS
(Arnoul LE FERRON, deuxième continuateur), Daniel ZAVARISIUS
(ZAVARIZZI, premier continuateur), Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE,
premier auteur) & Johannes TILIUS (Jean du TILLET, auteur du Chronicon),
Pauli Aemylii,... de Rebus gestis Francorum, a Pharamundo,
primo rege, usque ad Carolum octavum, libri X. Arnoldi Ferroni,...
de Rebus gestis Gallorum libri IX. ad Historiam Pauli Aemylii additi,
a Carolo octavo usque ad Henricum II. Continuatio Jacobi Henricpetri,...
ad Aemylium et Ferronum adjecta usque ad annum 1601. Ad hujus historiae
lucem, in fine adjunctum est Chronicon Joan. Tilii de regibus Francorum
a Pharamundo usque ad Henricum II. a. D. Jac. Henricpetri auctum usque
ad Henricum IIII, cum omnium regum imaginibus... Editio ultima emendatior
[in-f°; 2 volumes; figures], Basileae (Bâle), per S. Henricpetri,
1601.
Édition numérique
en ligne:
Paulus ÆMILIUS, Pauli
Æmilii Veronensis De rebus gestis francorum libri VII
[in-f°; CCXVIII (218) ff.], Parisiis (Paris), in aedibus Jodoci
Badii Ascensii, 1520. Dont un microfilm: Cambridge (Massachusetts,
U.S.A.), Omnisys [«French books before 1601» 93.3], années
1990. Dont une réédition numérique en mode image
par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica,
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k52692m/,
en ligne en 2006.
Traductions françaises
Simon de MONTHIÈRES [trad.]
& Paul ÉMILE [premier auteur], Deux livres de Paul
Aemyle de l’Histoire de France... traduicts de latin en françois,
par Simon de Monthiers [in-4°; pièces liminaires; 144
ff.], Paris, M. de Vascosan, 1556.
Jean REGNART [trad.] & Paul
ÆMILE [premier auteur], Les Cinq premiers livres de l’histoire
française, traduits en françois du latin de Paul
Aemile, par Jean Regnart [in-f°; pièces liminaires;
328 p.; index], Paris, M. Fezandat, 1556.
Jean REGNART [trad.], Arnoul
LE FERRON [deuxième continuateur], Daniel ZAVARIZZI [premier
continuateur] & Paul ÉMILE [premier auteur], L’Histoire
des faicts, gestes et conquestes des roys, princes, seigneur et peuple
de France,... par... Paul Aemyle véronois,... mise en françois
par Jean Regnart, gentilhomme angevin, en son vivant seigneur de la
Mictière, avec la suyte de ladicte Histoire tirée du
latin de feu Me Arnold Le Ferron, conseiller du roy à Bourdeaux...
[in-f°; pièces liminaires; 687 p.; table; errata; privilège;
en tête, vers latins signés: Jo. Auratus, Fed. Morellus,
Ger. Sepinus Salmureus; vers français de Jacques Tahureau et
d’Estienne Jodelle], Paris, F. Morel, 1581.
Traduction italienne:
ANONYME [trad.], Historia
delle cose di Francia raccolte fedelmente da Paolo Emilio da Verona,
e recata hora a punto dall latina in questa nostra lingua volgare
[in-8° (21 cm); 28+354+2 ff.],Venetia (Venise), Michele Tramezzino,
1549.
|
14.
Joachim Curius, Gentis Silesiæ Annales
(1571)
Jaochim Curius
est un historien polonais qui a publié en 1571 des Annales
de la nation silésienne (Gentis Silesiae Annales). Rappelons que la Silésie (Śląsk en polonais,
Sleszko en tchèque, Schlesien en allemand, Silesia en latin) est une
région située pour l’essentiel au sud-ouest de la
Pologne, une partie se trouvant au-delà de la frontière
avec la République tchèque.
Curius est le seul à notre connaissance
à donner la date de 1151.
On voudra bien bien remarquer trois choses: Conrad
II est mort en 1039; Conrad III en février 1152; au Moyen Age l’année
commençait en mars, et par suite on datait la mort de Conrad III
de 1151, Il semble donc que Curius dépend d’une source qui datait
la mort de Jean des Temps de la dernière année du règne
de l’empereur Conrad. C’est-à-dire, originellement de 1039, comme nous le redirons dans nos conclusions.
(Cité par Garmann
en 1670, ci-dessous)
|
(Traduction B.G., 2006)
|
Anno 1151, in Galliis vixit 372.
annos Caroli Magni armiger Johannes de Temporibus (Cureus
Annal. Siles. Part. 1. p. m. 46.).
|
L’an
1151, dans les Gaules, mourut à l’âge de 372 ans
l’écuyer de Charlemagne, Jean des Temps (Cureus, dans ses
Annales de Silésie, part. 1, p. m. 46).
|
Notre source:
Balthazar
EXNERUS de Hirschberga (Balthazar EXNER, 1576-1624), Valerius
Maximus christianus, hoc est Dictorum et factorum memorabilium unius
atque alterius seculi impp., regum, principum, imprimis christianorum,
libri novem [in-8° (14,5 cm sur 7,5); pièces liminaires;
427 p.], Hanoviae (Hanovre), apud D. et D. Aubrios et C. Schleichium,
1620. Réédition: Hanoviae (Hanovre), sumptibus J. Pressii,
1645. Dont une réédition numérique en mode image
et en mode texte (de l’édition de 1620) par l’Université
de Mannheim: http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/exner.html,
en ligne en 2006], spécialement: Livre VIII, chapitre
XIX (De Senectute, «De la Vieillesse»), §
6 (Ioannes de Temporibus, «Jean des Temps») p. 381 [http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/exner/exner1/books/exnervalerius_8.html#s396
en mode texte, http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/exner/exner1/s397.html
en mode image)]
Éditions
Cureus, Joachim CUREUS,
Gentis Silesiae Annales complectentes historiam de
origine; propagatione et Migrationibus Gentis, et recitationem
praecipuorum Eventuum, qui in Ecclesia et Republica, usque ad Necem
Ludovici, hungariae et Bohemiae Regis, acciderunt. Contexti ex antiquitate
Sacra et ethnica, et ex Scriptis recentioribus a Joachimo Cureo
Freistadiensi, philosopho et Medico [in-f°; 393 p.; sujet:
Histoire des états du roi de Prusse, avec celle des villes
hanséatiques], Witebergae (Wittenberg), Joannes Crato),
1571.
Heinrich RÄTEL [trad.],
Joachim Cureus, Newe Cronica des Herzogthumbs Ober
und Nieder Schlesien. Warhaffte und grüntliche beschreibung
aus Göttlicher Schrifft, heidnischen und andern Alten und newen
Historien (...) Verteutschet durch Heinrich Räteln [3 livres
en un volume; 591 p. (en fait 606)], Leipzig, H. Grosse, 1601.
|
15.
François de Belleforest, Annales (1579).
François de Belleforest
(1530-1583) fut un temps, à partir de 1568, historiographe
du roi Henri III, “mais l’infidélité
de ses récits lui fit perdre cette place. Il se mit alors
aux gages des libraires et inonda Paris de ses écrits” (Wikipedia).
Il donna en 1573 une nouvelle réédition
augmentée des Chroniques et Annales de France de
Nicolas Gilles (vers 1425-1503). Cet ouvrage, que l’on considère
à juste titre comme la première des Histoires de France,
avait déjà connu de nombreuses rééditions
augmentées, de 1520 à 1571, et en connut encore après
Belleforst de 1585 à 1621.
En 1579 Belleforest donna
ses propres Grandes Annales et Histoire
générale de France, depuis la venue générale
des Francs en Gaule, jusqu’au règne du roi Henri
(rééditées en 160).
Bellorest (dont nous n’avons pas encore
consulté le texte) est selon Fleureau (voir infra),
est de ceux qui font de Jean d’Étampes un gendre de Philippe
Ier,
et le premier comte d’Étampes (qu’il ne fut jamais).
Voici ce qu’écrivait de ce Belleforest
le comte d’Argenson, grand érudit du XVIIIe siècle,
dans ses Réflexions sur les historiens françois
et sur les qualités nécessaires pour composer
l’histoire:
«Belleforest fut
homme de grand lecture & de peu de discernement. Ses
Annales sont remplies de contes ridicules, il
y a employé tous ceux qu’il avoit trouvés dans nos
vieilles chroniques, il en a ajoûté beaucoup d’autres
de son invention. Cela ne vient cependant ni d’ignorance, ni de
malice; mais on cherchoit à plaire, & c’étoit
la mode de ce temps-là; l’on ne se rendoit recommandable
que par les fables.»
Texte non disponible
|
Traduction à venir
|
«Belle-forest en ses Annales,
assure qu’Eustache fut mariée à Jean, Seigneur
d’Estampes, qui en faveur de ce mariage, en fut fait le premier
Comte.»
(Fleureau, Antiquitez...,
1683, p. 76)
|
|
Réédition
par Belleforest des Chroniques et Annales de Nicole
Gilles (1573)
François de BELLOREST
[2e continuateur & éditeur], Denis SAUVAGE (pseudonyme
de DU PARCQ, Champenois) [continuateur], Nicole GILLES [premier
auteur], Les Croniques et Annales de France dès
l’origine des Francoys, et leur venue ès Gaules, Faictes
iadis... par Nicole Gilles,... iusqu’au Roy Charles huictiesme, et
depuis continuees par Denis Sauvage, iusqu’au Roy Francoys second. A
present reuues, corrigees et augmentees... iusqu’au Roy Charles neufiesme
régnant à présent... Par Françoys de
Belle-Forest, comingeois. Avec les Genealogies et effigies des Roys...
[in-f°; VIII+536 ff.; portrais], Paris, G. Buon, 1573.
Gabriel CHAPPUYS (vers
1546-vers1613) [3e continuateur et éditeur], François
de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur],
Nicole GILLES [premier auteur], Les Chroniques et annales
de France dez l’origine des Françoys et leur venue ès
Gaules...... faictes jadis... par Nicole Gilles,... et depuis additionnées
par Denis Sauvage... reveues... par F. de Belleforest,... augmentées
et continuées... jusques au roy Henri III... par G. Chappuys...
[in-f° ; pièces liminaires; table; 521 ff.; portraits],
Paris, J. Cavellat, 1585.
Gabriel CHAPPUYS (vers
1546-vers1613) [3e continuateur et éditeur], François
de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur],
Nicole GILLES [premier auteur], Les Chroniques et Annales
de France dez l’origine des Françoys et leur venuë ès
Gaules, faictes jadis briefvement par Nicole Gilles,... jusqu’au
roy Charles VIII et depuis additionnées par Denis Sauvage jusqu’au
roy François II du nom, reveues, corrigées et augmentées...
contenantes l’histoire universelle de France dès Pharamond
jusqu’au roy Charles IX, par F. de Belleforests (sic), Comingeois,
avec la suite et continuation d’icelles, depuis le roy Charles IX,
jusques au roy... Louys XIII à présent régnant,
par G. Chappuys,... et autres [in-f°; 2 parties en 1 volume
in-f°], Paris, M. Sonnius & C. Rigaud & Sébastien Chappelet,
1617.
Gabriel CHAPPUYS
(vers 1546-vers1613) [3e continuateur & éditeur],
François de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur],
Nicole GILLES [premier auteur], Les Croniques et annales
de France... continuées par Denis Sauvage... et augmentées...
jusqu’au Roy Charles neufième régnant à présent...
[in-f°], Paris, P. Chevalier, 1621.
Jean SAVARON (1566-1622)
[4e continuateur & éditeur], Gabriel CHAPPUYS
(vers 1546-vers1613) [3e continuateur], François de BELLOREST
[2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier
auteur], Les Chroniques et annales de France dez l’origine des
Françoys par Nicole Gilles jusqu’au roi Charles VIII, additionnées
par Denis Sauvage jusqu’à François II, revues et augmentées
jusqu’à Charles IX, par F. de Belleforest avec la suite et continuation
jusques au roy... Louis XIII... plus la saincteté du roy Louys
dict Clovis, par M. Jean Savaron,... [in-f°; pièces
liminaires; 730 ff.; table], Paris, P. Chevalier, 1621.
Chronique de Belleforest (1579):
François de BELLEFOREST,
Les Grandes Annales et histoire générale
de France, dès la venue des Francs en Gaule jusques au règne
du Roy très-chrestien Henry III... par François de
Belle-forest, commingeois... [2 volumes in-f°; pagination
continue], Paris, G. Buon, 1579.
Gabriel CHAPPUYS [continuateur
& éditeur] & François de BELLEFOREST [premier
auteur], Les Grandes Annales et l’Histoire générale
de France par Fr. de Belleforest, augmentées par Gabr.
Chappuys [2 volumes in-f°], Paris, G. Buon, 1600.
Édition
numérique:
Aucune à notre connaissance.
Sur Belleforest:
René-Louis
de VOYER, marquis d’ARGENSON, «Réflexions sur
les historiens françois et sur les qualités
nécessaires pour composer l’histoire (lû le 14 Mars
1755)», in Mémoires
de l’Académie des Inscriptions, t. XXVIII, 1761 , pp. 627-646,
spécialement p. 633 [dont une édition numérique
en mode texte pour Cromohs par Guido Abbattista (Juin 1997),
http://www.eliohs.unifi.it/testi/700/argenson/argenson.html].
|
16. Theodor
Zwinger, Theatrum vitæ humanæ (1565)
Théodore Zwinger
l’Ancien (1533-1588), à ne pas confondre avec Théodore
Zwinger le jeune (1658-1724), est un savant suisse né à
Bâle. Il suit à Paris les cours de Pierre Ramus, fait des
études de médecine à Padoue et Venise et revient
à Bâle comme membre de la faculté de médecine.
Cet humaniste publie en 1565, en latin, un Théâtre de
la Vie Humaine à caractère encyclopédique, dont
le premier noyau était dû à Conrad Lycosthène
(alias Wolffhardt), auteur fort goûté de Montaigne.
Nous n’avons pas consulté
cet ouvrage. Robert Leslie
Ellis, éditeur de l’Historia Vitae de Francis Bacon
en 1859 (page 146, note 6), le range au nombre de ceux qui pensent que
le nom de Jean des Temps fut donné à Jean d’Étampes
en raison de sa longévité.
Texte non disponible
|
Traduction à venir
|
On
dit que son nom était Jean de Stampis (D’Estampes),
et on lie ce changement de nom à sa longévité légendaire.
Voyez Zuingerus [Theodor Zwinger],
Theatrum vitæ humanæ, ou Fulgosius [Battista Fregoso], Factorum dictorumque memorabilium,
p. 298.
(Robert Leslie Ellis, 1859)
|
|
Notre source:
Robert Leslie ELLIS [éd.], «Francis
Bacon: Historia vitae et mortis», in The works
of Francis Bacon, etc. (voir infra), 1859 [mis en ligne
sur le site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k254716,
en ligne en 2006], p. 146, note 6.
Éditions (1565,
1571, 1586, 1604)
Theodorus ZVINGERUS Basiliensis (Théodore
ZWINGER de Bâle, 1533-1588), Theatrum Vitae humanae, Basileæ
(Bâle), Joannes Oporinus (Jean Oporin), 1565.
Theodorus ZVINGERUS Basiliensis (Théodore
ZWINGER de Bâle), Theatrum Vitae humanae: hoc est Eorum omnium
fere quae in hominem cadere possunt Bonorum atque Malorum exempla
historica, Ethicae philosophiae praeceptis accommodata, et in XIX
libros digesta, comprehendens Ut non immerito historiae Promptuarium,
vitaeque humanae speculum nuncupari possit: Primum a Conrado Lycosthene
Rubeaquense inchoatum: deinde Theodori Zwinggeri Philosophi et Medici
Basiliensis studio et labore eiusque deductum, ut omnium ordinum hominibus
ad vitam praeclare instituendam utile et jucundum sit futurum. Hac vero
editione permultis locis et exemplis auctum et locupletatum a multis
etiam haeresibus et erroribus, quae pio lectori et vero catholico nauseam
movere potuissent, consulto vindicatum et repurgatum. Adiecto praeterea
indice locupletissimo, cum rerum, tum nominum propriorum, eo studio
arteque concinnato, ut omnia hoc opera contenta, tanquam per compendium,
ordine alphabetico digesta Lectori exhibeat [«Théâtre
de la Vie Humaine, c’est-à-dire exemples historiques de presque
tous les biens et les maux qui peuvent arriver à l’homme, de sorte
qu’on peut justement l’appeler Raccourci de l’histoire et Miroir de la
vie humaine tout d’abord commencé par Conrad Lycosthène
de Rouffach, puis augmenté par les recherches et le travail de Theodor
Zwinger, philosophe et médecin de Bâle, pour aider les hommes
de toute condition à se donner une ligne de conduite claire et
nette et à leur être agréable, augmenté et
enrichi dans cette édition de très nombreux passages et
exemples, censuré et expurgé aussi de nombreuses hérésies
et erreurs qui auraient pu donner la nausée à un lecteur
pieux et réellement catholique. On y a joint de plus un index très
riche tant des matières que des noms propres, composé soigneusement
et méthodiquement pour qu’il montre tout ce que contient cet ouvrage,
à la manière d’un résumé, présenté
par ordre alphabétique»], Parisiis (Paris), apud Nicolaum
Chesneau (Nicolas Chesneau), M.D.LXXI (1571).
Theodorus ZVINGERUS Basiliensis (Théodore
ZWINGER de Bâle), Theatrum vitae humanae, Basileæ
(Bâle), 1586.
Jacobus ZVINGERUS (Jacod ZWINGER, fils
de Theodor) [réviseur, éd.], Theodorus ZVINGERUS [Theodor
Zwinger, premier auteur] Theatrvm hvmanae vitae Theodori Zuingeri
Bas, tertiatione nouem volvimibvs locupletatum, interpolatum, renouatum,
Jacobi Zvingeri fil. recognitione plurium imprimis recentiorum exemplorum
auctario, titulorum & indicum certitudine ampliatum [37 cm; 29
tomes en 5 volumes], Basileæ (Bâle), per Sebastianvm Henricpetri,
1604.
|
17. Giovanni
Selino (avant 1592)
Jesko Stampa nous fait savoir que selon Paolo Morigia (1592),
un certain Giovanni Selino (?), auteur d’un texte non identifié
sur Charlemagne, citait Jean d’Étampes
comme l’un de douze pairs de Charlemagne. Nous n’avons pour l’heure
trouvé aucune référence sur cet auteur.
Texte non disponible
|
Traduction à venir
|
|
|
Notre source:
Courriel de Jesko Stampa en date de 2003, selon qui
Morigia, en 1592, cite,
avec quatre autres documents du même genre, le témoignage
de Giovanni Selino, che discrive la vita di Carlo Magno, narra
che Giovanni de Stampa fu uno de dodici Conti del Sacro Imperio,
l’un des douze comtes de l’Empire.
|
18. Paolo
Morigia, Histoire de l’antiquité de Milan (1592)
Paolo Morigia (1525-1604), Milanais de naissance, fut général
et réformateur de la congrégation des Gesuati,
ordre des séminaristes apostoliques de saint Jérôme
fondé par le bienheureux Jean Colombini. Il a consacré plusieurs
ouvrages à sa ville natale, dont une Histoire de
l’Antiquité de Milan, divisée en quatre livres.
Girolamo Tiraboschi,
dans sa Storia della letterature italiana, publiée
à Milan de 1772 à 1782, nous dit quelques mots
de Paolo Morigia. Ce serait selon lui un historien totalement
dépourvu d’esprit critique. Ceci considéré,
il rassemblerait des données très intéressantes
pour la connaissance de son temps, mélangées
avec des relations fabuleuses et puériles qui témoignent
d’une extrême crédulité. Quant à
son Istoria delle antichità di Milano, il s’agirait
essentiellement d’une collection d’histoires populaires et de
fables en vogue dans le Milanais de son temps.
Au chapitre 16 de cet ouvrage, intitulé «Dell´antichita e nobilita
di casa Stampa», on lit que Jean d’Étampes,
fut surnommé Giovanni de tempi «Jean des Temps», à cause de ses 361
ans (trecento sesant´un anno). Il ne serait
mort que sous le pape Eugène III (1145-1153), après
avoir été un compagnon de Charlemagne (qui régna
de 768 à 814). Il serait l’ancêtre de la famille milanaise des
comtes Stampa.
Qui aurait à sa disposition l’Histoire de Milan par
Paolo Morigia (récemment rééditée) et pourrait
nous faire parvenir un scan des passages relatifs à la famille
Stampa et à Jean d’Étampes?
Texte non disponible
|
Traduction à venir
|
|
|
Notre source:
Emilio SELETTI, Inscrizioni alla Memoria di alcuni personaggi
dell´illustre casato dei Conti Stampa marchesi di Soncino
raccolte da Emilio Seletti, Milan,
1877 [dont
un extrait en fac-similé donné par Volkratt
STAMPA 1994, p. 29].
Éditions
Paolo MORIGIA (1525-1604), Historia dell’antichità
di Milano, diuisa in quattro libri, del r.p.f. Paolo Morigia Milanese
dell’Ordine de’ giesuati di san Girolamo. Nella quale si racconta
breuemente, et con bell’ordine da quante nationi questa città
è stata signoreggiata, dal principio della sua fondazione sino
l’anno presente MDXCI . Et chi primieramente diede il battesimo a’ Milanesi,
col numero degli arciuescoui, santi, chiese, monasterij, discipline,
case pie, & scuole ... Con due copiosissime tauole, vna de i capitoli,
l’altra delle cose notabili [in-4°; 92+710+2+64 p.], In Venetia
: appresso i Guerra : a instantia di Antonio de gli Antonij, 1592.
Dont une réédition
en fac-similé: Paolo Morigia, Historia dell’antichità
di Milano (Venezia, appresso i Guerra, 1592) [804 p.], Sala
Bolognese, Arnaldo Forni [«Historiæ Urbium & Regionum
Italiæ rar.»], sans date (années 2000) [ISBN: 88-271-0233-7;
91 €].
Sur Morigia:
Girolamo TIRABOSCHI (1731-1794),
Storia della letterature italiana, Milan, 1772-1782,
puis Modène, 1787-1794. [Jugement
défavorable sur Morigia, cité sans référence
par une page web].
|
19.
Jean Bodin, Colloquium heptaplomeres (1593)
Jean Bodin
est un penseur important de la Renaissance, qui s’est intéressé
à différents sujets. Outre son importante contribution
à la pensée juridique et politique, qui porte sur
le concept de souveraineté, il a écrit sur la démonologie.
Dans un autre domaine, il a écrit en 1596 et diffusé
sous le manteau un curieux dialogue à sept voix, le Colloquium
heptaplomeron, qui n’a été publié qu’en
1858, à Leipzig, par Ludwig Noack.
Ce dialogue met en scène
un catholique (Coronaeus), un luthérien (Fridericus), un
calviniste (Curtius), un païen (Senamus), un juif (Salomo),
un musulman (Octavius), et pour finir un déiste (Toralba), à
qui Bodin semble bien donner le beau rôle, et celui d’exprimer
sa pensée profonde.
Texte de l’édition
princeps de 1857 |
Traduction B. G. (2006)
|
FRIDERICUS: Ego quidem pisces caeteris animantibus puriores esse
duco, tum quia in elemento purissimo vivunt, tum etiam quod maris
puritate sordes omnes non modo corporum, sed etiam animorum elui
atque expiari putantur. Sed quod vitam terrestribus diuturniorem
aquatilia ducant, vix est, ut mihi persuaderi possit, cum Elephantos
centum annos supra viginti vivere consuesse proditum sit de Juba
rege, rerum naturalium acerrimo venatore.
|
FRÉDÉRIC [luthérien]: Pour ma part je pense
que les poissons sont plus purs que tous les autres animaux, d’une
part parce qu’ils vivent dans un élément très
pur, et d’autre part parce que, selon la croyance générale,
la pureté de la mer nettoie et purifie des souillures non
seulement corporelles, mais aussi spirituelles. En revanche on
me persuadera difficilement que les animaux aquatiques vivent plus
longtemps que les animaux terrestres, alors que le roi Juba, ce chasseur
très pointu d’observations scientifiques, rapporte que l’éléphant
a coume de vivre plus de cent vingt ans.
|
OCTAVIUS: Immo vero Apollonius Tyanaeus elephantum in India
vidit, ut est apud Philostratum (1), qui ab Alexandro Magno ad sua
[p.240] usque tempora vitae trecentos
annos superarat (2). Quod
Aristotelis opinioni quodammodo congruit; is enim tradit, nullum
animal homine vivacius esse post elephantum.
|
OCTAVIUS [musulman]: Bien plus, Apollonius de
Tyane a vu un éléphant en Inde, à ce qu’on
lit chez Philostrate (1), qui avait passé
(2) trois cents ans de vie, du temps d’Alexandre le Grand jusqu’à
son époque à lui. Ceci s’accorde avec une certaine
opinion d’Aristote, car cet auteur rapporte qu’aucun animal ne vit
plus longtemps que l’homme, après l’éléphant.
|
FRIDERICUS: Certe vivacissimum esse animalium hominem,
ex sacris litteris constat, scilicet primos illos humani generis
creatores nongentos amplius annos vixisse ac nonnullos proxime ad
annum millesimum accessisse.
|
FRÉDÉRIC [luthérien]: Il est
bien établi en effet par les saintes Écritures que
l’animal qui vit le plus longtemps est l’homme, en ce que les fameux
premiers parents du genre humains ont vécu plus de neuf cents
ans, et que certains ont atteint près de mille ans.
|
SENAMUS: Quid est igitur, quam ob rem diuturna vita tam
brevi curriculo (3) conclusa sit, ut etiamnum
Moses (4), qui libros originum et vitas diuturniores litteris
mandavit, conqueratur, hominem robustiorum vitam vix ac ne vix
quidem octogesimum annum superare.
|
SÉNAMUS
[païen]: Comment
se fait-il donc, et qu’est-ce qui est cause que cette grande longévité
ait été réduite à un cours (3) tellement
bref que le même Moïse (4), qui a
mis par écrit le livre de la Genèse et ces grandes longévités,
se plaigne que l’homme ne puisse qu’à grand peine parfois
dépasser la vie d’animaux plus robustes, et atteindre quatre-vingts
ans?
|
FRIDERICUS (5):
Scio plerisque Epicuraeis (6)
libros originum incredibiles videri et ea potissimum, quae de
hominum diuturna vita prodita fuere. At Josephus, antiquitatum
interpres optimus (7), ut ea,
quae Moses scripserat, confirmaret, duodecim historias ab omnibus
fere populis summae antiquitatis ac auctoritatis testes arcessere
non dubitavit, scilicet Berosum Chaldaeum, Mochum, Hestiaeum, Hieronymum
Aegyptium, Nicolaum Damascenum, Homerum, Hesiodum, Hecataeum, Hellanicum,
Ephorum, Theopompum, Acesilaum (8),
Xenophontem, qui homines aliquot non modo quadringentos et sexcentos
annos, sed et nongentos excessisse prodiderunt. Quin etiam majorum
(9) nostrorum aetate
historicis nobilitatus est Miles, qui quod annos 369 explevisset,
Johannes de Temporibus usurpatur (10). At nostra aetate, i.e. 1519, Franciscus
Aluaresius (11) in Aethiopicis
scripsit, Marcum Abnuam (12)
pontificem maximum Abyssiniorum, anno centesimo quinquagesimo aetatis
nondum senium prae se tulisse. Ex quo intelligitur, eos aberrare, qui
longissimam hominis vitam post aquarum eluviones centum ac viginti
circumscriptam fuisse putant, cum id tempus
(13) hominum generi ad poenitentiam
ante diluvia Dei concessu data esset (14).
|
FRIDERICUS [luthérien] (5): Je sais bien que les Épicuriens
pour la plupart (6) ne tiennent
pas pour fiable le livre de la Genèse, et surtout ce qu’on
y rapporte de la longévité du genre humain. Cependant
Flavius Josèphe, excellent traducteur des Antiquités
(7), n’a pas hésité,
afin de prouver ce qu’avait écrit Moïse, à
citer à l’appui douze récits tirés de presque
tous les peuples les plus anciens et les plus autorisés,
à savoir: le Chaldéen Bérose, Mochus, Hestiée,
Hiéronyme d’Égypte, Nicolas de Damas, Homère,
Hésiode, Hécatée, Hellanicus, Éphore,
Théopompe, Acésilas (8),
Xénophon, auteurs au rapport desquels un certain nombre d’hommes
ont dépassé non pas seulement quatre cents ou six cents
ans, mais même neuf cents. Bien plus encore,
à l’époque de nos aïeux (9), s’est rendu célèbre
auprès des historiens un chevalier, que, parce qu’il a vécu
369 [sic] ans, on
surnomme
(10) Jean des
Temps. Et de notre temps, c’est-à-dire en 1519, François
Alvarez (11) a écrit,
dans ses Éthiopiques, que Marc Abnoua
(12), souverain pontife des Éthiopiens,
n’avait pas encore vu venir la vieillesse à l’âge de
cent cinquante ans. Cela nous fait comprendre qu’ils sont dans l’erreur,
ceux qui pensent que la plus grande longévité humaine
possible depuis le Déluge serait limitée à
cent vingt ans, alors que cette durée (13) était
celle du genre humain, en vue qu’il fasse pénitence, avant
que ne lui soit donné le Déluge avec la permission de
Dieu (14). |
SALOMO: Illud philosophis constat inter ipsos, non modo
certum vitae tempus omni animantium generi ab ipso conditore circumscriptum
fuisse, verum etiam singulorum hominum annos, menses, dies, horas,
momenta definita esse (15),
quae tum virtutibus augeri, tum etiam flagitiis circumcidi sacra
oracula declarant, sive in hoc cadaveris gurgustio, sive cadaveribus
erepti. Sic tamen interpretor, ut hominis spirantis vita non excedat
annos 969, quoniam Methusala is, qui vitam mortalium omnium longissime
protraxit, non diutius vixit (16).
|
SALOMON
[juif]: C’est un point
sur lequel les philosophes sont d’accord entre eux: non seulement
une certaine durée de vie fixe a été déterminée
par le créateur lui-même pour chaque espèce d’êtres vivants, mais encore
les années, les mois, les jours, les heures et les minutes
de chaque être humain ont été fixés
(15): les saintes Écritures
déclarent qu’ils sont autant prolongés par l’exercice
des vertus, qu’ils sont aussi retranchés par celui des vices,
que ce soit dans la tente de ce corps présent, ou bien une fois
libérés de ce corps. Cependant je conclus que la vie d’un
homme corporel ne peut excéder 969 ans, de ce que ce Mathusalem,
qui de tous les mortels a joui de la plus grande longévité, n’a pas vécu
plus longtemps (16).
|
TORALBA: Vitam hanc diuturnam non naturae vi, sed procuratione
[p.241] divina primis hominibus
tributam fuisse existimo, ad artes et scientias constituendas
ac praesertim ad coelestium motuum cognitionem.
|
TORALBA
[déiste]: Cette
longévité, à mon avis, n’a pas été
octroyée aux premiers hommes par un effet de la nature, mais
par un dessein divin [p.241] en vue de mettre en place les
techniques et les sciences, et principalement la connaissance
du mouvement des astres.
|
NOTES
(1) Lib. 7,
in vita Apollonii Tyanaei. (2)
Alibi: superabat. (3) Alibi: circulo. (4)
Ps. 90, qui est Mosi tributus. (5) Alius: SALOMO.
(6) Alibi: Epicuraeorum.
(7) Antiq. lib. IV.,
5. (8) Alius: Acasiceum.
(9) Alii: majori. (10) Alibi: vocatur. (11) Alius: Mauretius. (12) Alibi: Albanum, vel: Atanam. (13) Alibi: id. (14)
Genes. 6, 3 sqq. (15)
Deuter. 6. 3. Regum 3. Josuae
14. 21. 29. Psalm. 14. 60. 72 et 108. Proverb. 6. 15. 28. (16) Alibi:
ulterius non vixerit.
|
NOTES: (1)
Au livre 7 de la Vie d’Apollonius de Tyane. (2) Variante: surpassait
[superabat pour
super(av)erat]. (3) Variante: le cycle [circulo pour curriculo].
(4) Psaume 90, qui est attribué
à Moïse. (5) Variante: SALOMON. (6) Variante: la plupart des Épicuriens
[plerisque Epicuraeorum
pour plerisque Epicuraeis].
(7) Antiquités de la
Judée, livre IV, chapitre 5. (8) Variante: Acasicée [Acasiceum
pour Acesilaum]. (9) Variante: ancêtre [non sens: majori pour majorum].
(10) Variante: on nomme [vocatur pour usurpatur]. (11) Variante: Mauret [Mauretius pour Aluaresius]. (12) Variantes: Alban, Atana [Albanum ou Atanum pour Abnuam]. (13) Variante: alors que ceci [id pour id tempus]. (14) Genèse VI, 3 et suivants. (15) Deuteronome,
ch. V; Troisième livre des Rois [c’est-à-dire le Premier
selon le comput actuel, puisqu’on appelle désormais les deux premiers, selon l’usage juif et protestant, Livres
de Samuel (B.G.)], ch. III. Josué, ch. XIV,
XXI & XXIX. Psaumes XIV, LX, LXXII et CVIII. Proverbes ch.
VI, XV et XXVIII. (16) Variante: n’a pas vécu au-delà [ulterius
non vixerit pour non
diutius vixit].
|
Éditions
Manuscrits: BNF, ms. lat. 3259; ms. lat. 6564; ms.
lat. 6565; ms. lat. 6566 ; ms. 6.
Ludovicus NOAK (Ludwik Noack),
Joannes Bodinus. Colloquium heptaplomeres de rerum
sublimium arcanis abditis e codicibus manuscriptis Bibliothecae
Academicae Gissensis cum varia lectione aliorum apographorum nunc
primum typis describendum curavit Ludovicus Noak philisophiae doctor,
in universitate Gissensi professor extraordinarius [in-8°],
Suerini Megalogurgiensium (Schwerin), typis et impensis Friderici
Guilelmi B??renprung & Parisiis (Paris), Fr. Klincksieck &
Londini (Londres), D. Nuit, 1857 [Dont une réédition
en fac-similé: Hildesheim & New-York, Georg Olms, 1970],
pp. 239-241.
Traduction française
anonyme:
Manuscrit: BNF, ms. fr. 1923.
Roger CHAUVIRÉ (né
en 1880) [éd.], Colloque de Jean Bodin des secrets
cachez des choses sublimes entre sept sçavans qui sont de
différens sentimens (Traduction française du ’Colloquium
heptaplomeres’) par Roger Chauviré [in-8°; 213 p.],
Paris, L. Tenin, 1914.
François BERRIOT
(né en 1939) & alii [éd.], Jean Bodin. Colloque
entre sept sçavans, qui sont de differens sentimens, des secrets
cachez des choses relevées. Traduction anonyme du Colloquium
heptaplomeres. Texte présenté et établi par
François Berriot [26 cm; 591 p.], Genève, Droz
& Champion [«Travaux d’humanisme et Renaissance» 204],
1984.
Sur le Colloquium:
Claudio JANET (1844-1894), «L’Heptaplomères de Jean
Bodin»in ID., Les Précurseurs de la franc-maçonnerie
au XVIe et au XVIIe siècle [in-8°; 77 p.], Paris,
Victor Palmé, 1887 [dont une réédition numérique
en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62743w,
en ligne en 2006], pp. 31-34.
Gottschalk-Eduard GUHRAUER,
Das Heptaplomeres des Jean Bodin: zur Geschichte der
Kultur und Literatur im Jahrhundert der Reformation [LXXXVIII+277
p.; texte en latin et en allemand], Berlin, G. Eichler, 1841 [dont
une réédition en fac-similé (23 cm): Genève,
Slatkine reprints, 1971. Dont une réédition numérique
en mode image par la BNF, 1985].
Karl Friedrich FALTENBACHER
(né en 1946), Das Colloquium Heptaplomeres, ein
Religionsgespräch zwischen Scholastik und Aufklärung:
Untersuchungen zur Thematik und zur Frage der Autorschaft [23
cm; 126 p.], Frankfurt am Main, P. Lang [«Publications universitaires
européennes. Série 13, Langue et littérature
françaises» / «Europäische Hochschulschriften.
Reihe 13, Französische Sprache und Literatur» 127],
1988 [ISBN: 3-8204-9191-0].
Karl Friedrich FALTENBACHER,
Das Colloquium Heptaplomeres und das neue Weltbild
Galileis. Zur Datierung, Autorschaft und Thematik des Siebenergesprächs
[43 p.], Mayence & Stuttgart, Franz Steiner
[«Akademie der Wissenschaften und der Literatur: Abhandlungen
der Geistes- und Sozialwissenschaftlichen Klasse» 1993/2], 1993.
[L’auteur essaie de démontrer que le Colloquium
n’est pas de Bodin.]
Jean LETROUIT, «Jean Bodin,
auteur du Colloquium heptplomeres», http://www.univ-paris12.fr/scd/lc4-2e.htm,
en ligne en 2006 [Lestrouit réduit à néant
la démonstration de Faltenbacher].
Varia:
Pierre MESNARD, La Pensée
religieuse de Bodin [in-8°; 45 p.; extrait de la Revue
du XVIe siècle 16 (1929)], Paris, Honoré Champion,
1929.
Eugénie DROZ, «Le
Carme Jean Bodin, hérétique», in Bibliothèque
d’Humanisme et de Renaissance X (1948), pp. 77-94.
Ann M. BLAIR, «La nature
théâtre de Dieu selon Jean Bodin», in Nouvelle
Revue du XVIe siècle VII (1989), pp. 73-91.
|
20.
Richard Verstegan, A
Restitution of decayed intelligence... (1605)
Richard Verstegan est un catholique
anglais d’origine flamande, qui a vécu à une époque
où les catholiques étaient persécutés
en Grande-Bretagne: il a connu l’exil. Outre diverses publications
qui lui ont été inspirées par sa piété,
il a surtout donné en 1605, à Anvers, un ouvrage original,
qui est peut-être la première tentative pour faire prendre
conscience aux Anglo-Saxons de la richesse de leur patrimoine linguistique,
coutumier et juridique, ce qui ne laisse pas d’étonner à
une époque où le prestige du latin était partout
si grand: A Restitution of decayed intelligence in antiquities,
concerning the most noble and renowmed English nation.
Concernant
le cas de Jean des Temps, il ne veut y voir qu’une démonstration
donnée par la providence de la vérité des Saintes
Écritures dans ce qu’elles nous disent de la longévité
des patriarches antédiluviens.
Texte de l’édition
de 1634, p. 323
|
Traduction B. G. (2006)
|
Here by the way I must note unto
the reader that Ioannes de temporibus, that is to say
John of the times, who so was called for the
sundry times or ages he lived, was Shield-knave unto
the Emperour Charles the great, of whom he also
was made knight. This man being of great temperancce, sobriety,
and contentment of mind in his condition of life, but above all
of a most excelling constitution of nature, residing partly in
Germany where he was borne, and partly in
France, lived unto the ninth yeere of the raigne of the
Emperour Conrade, and died at the age
of three hundreth threescore, and one yeere, seeming thereby a very
miracle of nature, and one in whom it pleased God to represent unto
later ages the long yeeres, and temperate lives of the ancient Patriarches.
(ici cité d’après Eason)
|
Je dois
ici au passage signaler au lecteur que Ioannes de Temporibus,
c’est-à-dire Jean des Temps, qui fut
ainsi appelé en raison des divers temps ou époques
qu’il vécut, fut écuyer de Charlemagne, de qui il
fut fait aussi chevalier. Cet homme, étant d’une grande
tempérance et sobriété, et dont l’esprit
se satisfaisait de ses conditions de vie, mais qui par-dessus tout
était d’une constitution naturelle des plus excellentes,
résidant pour partie en Allemagne, où il était
né, et pour partie en France, vécut jusqu’à
la neuvième année du règne de l’empereur Conrad,
et mourut à l’âge de trois cent soixante et un ans,
paraissant par là un véritable miracle de la nature,
et une personne en qui il a plu à Dieu de montrer en des
âges plus récents ce que furent les longues années
et les vies tempérantes des anciens patriarches.
|
Notre source:
James EASON (University
of Chicago) [éd.], Pseudodoxia Epidemica: or,
Enquiries into very many Received Tenents and commonly
presumed Truths. by Thomas Brown Knight, M. D. Based on The Sixth
and Last Edition of 1672 [pages web; texte copieusement annoté
en anglais], in UNIVERSITY OF CHICAGO, Sir Thomas Browne, http://penelope.uchicago.edu/pseudodoxia/pseudodoxia.html,
en ligne en 2006, spécialement: «III.ix (pp. 135-140):
Of the Deer», http://penelope.uchicago.edu/pseudodoxia/pseudo39.html#b15,
en ligne en 2006.
Éditions:
Richard VERSTEGAN
(pseudonyme de Richard ROWLANDS, 1550-1640), A Restitution
of decayed intelligence in antiquities, concerning the most
noble and renowmed English nation. By the studie and travaile of
R. V. ... [in-4°; pièces liminaires; 339 p.; table;
figures; ], Antwerp (Anvers), R. Bruney, 1605. Réédition:
1634 (alléguée par James EASON peut-être
par erreur). Réédition [in-8°; pièces
liminaires; 264 p.; figures], London (Londres), J. Kirton, 1655.
Réedition [in-8°; pièces liminaires; 374 p.; table;
figures]: London (Londres), S. Mearne, J. Martyn & H. Herringman,
1673.
Extrait ici reproduit
de la page 323 de l’édition de 1634, tiré d’une
note de James EASON (de l’Universite de Chicago), à
son édition en ligne du Pseudodoxia Epidemica
de Thomas Brown (voyez infra), http://penelope.uchicago.edu/pseudodoxia/pseudo39.html#b15,
en ligne en 2006.
Sur Richard Verstegan:
J.H. POLLEN, «Richard Verstegan (alias Rowlands)»,
in The Catholic Encyclopedia, Volume XV, New York,
Robert Appleton, 1912 [dont une réédition numérique
en mode texte par K. KNIGHT, in New Advent, http://www.newadvent.org/cathen/15377a.htm,
2003, en ligne en 2006.
|
21. Lewis
Bayly, The Practice of Piety (1611)
Lewis
Bayly, évêque anglican de Bangor, publia en 1612
un traité intitulé La pratique de la Piété,
qui consacre beaucoup de place à la sainte communion. Il
connut de nombreuses éditions (la 74e en 1821), dont une édition
intégrale sur Internet, et de nombreuses traductions en divers
langages.
Concernant Jean des Temps,
Lewis Bayly, voulant démonter l’excellence du chiffre sept,
censé rythmer toute vie humaine, fait remarquer que le nombre
des années de sa vie, à savoir 361, serait un multiple
de sept. Ce faisant il commet une erreur de calcul ridicule, qui
semble-t-il n’a jamais été observée de personne;
car il dit que Jean des Temps serait mort dans le cinquante-troisième
septenaire de sa vie: ce que ne serait exact que s’il avait vécu
371 ans.
Texte de l’édition
de 1611
|
Traduction B. G. (2006)
|
[Ten Reasons demonstrating
the Commandment of the Sabbath to Be Moral.]
|
[Dix raisons démontrant la moralité du commandement
du Sabbat.]
|
And the year of our Saviour Christ’s
birth, being the three thousand nine hundred and forty-eighth
of the world, was at the end of a sabbatical year, and the five
hundred and sixty-fourth septenary of the world. Moses makes the
common age of all men to be ten times seven 177 (Psal. xc), and every
seventh year commonly produces some notable change or accident in
man’s life: and no wonder; for, as Hippocrates affirms, a child in his
mother’s womb, on the seventh day of his conception, has all his members
finished, and from that day grows to the perfection of birth, which
is always either the ninth or seventh month. At seven years old,
the child casts his teeth, and receives new. And every seventh year
after, there is some alteration or change in man’s life, especially
at nine times seven, the climacteric year, which by experience is found
to have been fatal to many of those learned men who have been the chiefest
lights of the world;64 and if they escaped that year, yet most of them
have departed this life in a septenary year. Lamech died in the year
of his life seven hundred and seventy-seven. Methusalem, the longest
liver of the sons of men, died when he began to enter his nine hundred
and seventieth year. Abraham died when he had lived twenty-five times
seven years; Jacob when he had lived twenty-one times seven years; David,
after he had lived ten times seven years. So did Galen, so did Petrarch,
who (as Bodin notes) died on the same day of the year that he was born:
so did Queen Elizabeth, of blessed memory. Hippocrates died in the fifteenth
septenary; Hierom and Isocrates in their thirteenth; Pliny, Bartolus,
and Caesar, in their eighth septenary; and Johannes de
temporibus, who lived three hundred and sixty-one years, died in the fifty-third
septenary of his life. The like might be observed of innumerable others.
And, indeed, the whole life of a man is measured by the Sabbath; for how
many years soever a man lives here, yet his life is but a life of seven
days multiplied: so that in the number of seven there is a mystical perfection,
to which our understanding cannot attain. |
Et l’année
de la naissance de notre Sauveur Christ, étant la trois
mille neuf cent et quarante-huitième du monde, était
à la fin d’une année sabbatique et le cinq cent et
soixante-quatrième septénaire du monde. Moïse
déclare l’âge commun de tous les hommes être
dix fois sept (Psaume 90) et chaque septième année
produit généralement quelque changement notable ou
accident dans la vie de l’homme; et ce n’est pas étonnant; car,
comme l’affirme Hippocrate, un enfant dans l’utérus de sa mère,
le septième jour de sa conception, a tous ses membres finis
et de ce jour s’achemine vers la perfection de sa naissance, qui a toujours
lieu soit le neuvième ou bien le septième mois. À
sept ans, l’enfant perd ses dents et en reçoit de nouvelles.
Et chaque septième année après se produit quelque
transformation ou changement dans la vie de l’homme, particulièrement
à neuf fois sept, l’année cruciale, dont l’expérience
montre qu’elle a été fatale à beaucoup de ces hommes
instruits qui ont été les principales lumières
du monde; et s’ils ont échappé à cette année,
la plupart d’entre eux encore ont quitté cette vie lors une année
septenaire. Lamech est mort l’an de sa vie sept cent soixante-dix-sept.
Methusalem, celui qui a vécu le plus longtemps parmi les fils
des hommes, est mort alors qu’il entrait dans sa neuf cent et soixante-dixième
année. Abraham est mort alors qu’il avait vécu vingt
cinq fois sept ans; Jacob quand il avait vécu vingt et une fois
sept ans; David, après qu’il avait vécu dix fois sept ans.
De même pour Galien, pour Petrarque, qui (comme le remarque Bodin)
est mort le même jour de l’année qu’il était né;
de même pour la Reine Elisabeth, de sainte mémoire. Hippocrates
est mort dans son quinzième septenaire; Jérôme
et Isocrate dans leur treizième; Pline, Bartolus et César,
dans leur huitième septenaire; et Johannes de temporibus,
qui a vécu trois cent soixante et un ans, est mort dans le cinquante-troisième
septénaire de sa vie. La même chose pourrait être
observé d’innombrables autres. Et, en effet, toute la vie d’un
homme est mesurée par le Sabbat; car combien d’années que
puisse vivre un homme ici-bas, cependant sa vie n’est qu’une vie de sept
jours, multipliée: de sorte qu’il se trouve dans le nombre sept
une perfection mystique, que ne peut atteindre notre intelligence.
|
Éditions
Lewis BAYLY (évêque
de Bangor), The Practice of Piety, Directing a Christian
Hom to Walk, that He May Please God, 1611. Dont de nombreuses
rééditions. Dont des traductions en plusieurs langues
européennes.
Version française:
Jean VERNEUIL (ou VERNUEIL ou VERNUILH)
[trad], La Pratique de piété addressant
le chrestien au chemin qu’il doit tenir pour plaire à Dieu,
escrite en anglois anglois par M. Louys Bayle... Traduite en françois
par Jean Vernuilh,... sur la dernière édition. Septiesme
édition françoise reveuë... de nouveau [in-12],
Quévilly, 1635. Genève, P. Chouet, 1641. Rouen, J.
Berthelin, 1645. Genève, P. Chouët, 1664. La Pratique
de piété, etc. sur la dernière édition.
IIe édition françoise reveue et corrigée de
nouveau [in-12; XXII+696 p.], Rouen, R. Darb’, 1654.
Devoirs de l’âme chrestienne, ou la Pratique de la
piété... traduite de l’anglois de L. Bayle,... Dernière
édition... mise en la pureté de la langue françoise
[in-8°; 574 p.], Saumur & Charenton, O. de Varennes, 1668.
Réédition:
London (Londres), Hamilton, Adams & Co, 1842.
Dont une réédition
numérique en mode image et en mode texte: Grand Rapids
(Michigan, USA), Christian Classics Ethereal Library, 2003, http://www.ccel.org/ccel/bayly/piety.iv.xi.i.html &
http://www.ccel.org/ccel/bayly/piety/png/0215=177.htm,
en ligne en 2006.
|
22. Balthasar
Exner (1620)
Balthasar
Exner (1576-1624), théologien allemand, publia en 1620 à
Hanovre un Valère-Maxime chrétien.
Rappelons que l’historien antique
Valère-Maxime a laissé, à l’usage des classes
de rhétorique de son temps (c’est-à-dire du premier
siècle de notre ère), un recueil de d’anecdotes historiques,
les Factorum ac dictorum memorabilium libri IX.
En d’autres termes, Exner introduit
le cas de Jean des Temps dans la culture générale
de tous les collégiens, afin qu’ils puissent en faire usage
en temps que lieu commun, lorsqu’ils auront à composer quelque
ouvrage ou discours.
L’objectif est atteint à la
génération suivante où nous verrons Henning
Witte l’utiliser vers 1664 dans l’oraison funèbre d’un collègue
octogénaire
Texte latin de 1620
|
Traduction
B. G. (2006)
|
LIBER I. CAPUT XIX. DE SENECTUTE.
|
LIVRE
III, CHAPITRE XIX. DE LA VIEILLESSE.
|
SUMMARIA. 1. Caroli Magni. 2. Wilhelmi Ducis
Brunsuicens. 3. Friderici III. Imp. 4.
Othonis Ducis Sax. 5. Iodoci Brandeburg. 6. Ioan. de Temporibus.
|
SUMMARIA.
1. Charlemagne. 2. Wilhelm, duc de Brunswick. 3. Frédéric
III. empereur. 4. Othon, duc de Saxonie.
5. Josse de Brandebourg. 6. Jean
des Temps.
|
1. CArolus Magnus Rom. Imp. septuagenario
maior, Aquisgrani expleuritide decessit, 5. Calend. Febr. annum
circiter Christi 814.
2. Wilhelmus Dux Brunsuicensis,
Princeps bellicosissimus, ubi attigit annos nonaginta, decessit
e vivis anno Christi 1482.
3. Fridericus III. Imp.
praefuit Imperio tribus annis perpetuis, et quinquaginta, mensibus
4. ac diebus 4. Natus annos 78. defunctus est.
4. Otho Dux Saxoniae, Henrici
Aucupis Imp. pater, cum illi offerretur administratio Rom. Imperii,
et is senecta invalidus esset, excusatione aetatis usus: Si Germanicis
rebus (inquit) usui dextra mea, ars rerum gerendarum esse posset,
nullum corporis laborem, nullam animi sollicitudinem pro communi
salute recusarem. Sed Imperio a familia Caroli translato alius nobis
vir quaerendus, non qui ex Imperio [p.381] decus sibi expetat, sed Imperio adferat.
Unde auctor fuit, ut Conradus I. Imp. crearetur.
5. Iodocus Brandenburgensis
Marchio, et Moraviae, Romanorum Rex a nonnullis proceribus Imperii
electus: et provectioris iam aetatis, cum excessisset annum nonagesimum,
obiit.
6. Ioannes, de temporibus
cognomento dictus, alias Polychronius, quan quam non fuit
Princeps: tamen quia longaevus ad admirationem usque exstitit,
non inconvenienter visum est fieri, ut et Principum catalogo in
fine subscribatur, cum sit exemplum valde memorabile. Hic tempore
Caroli Magni vixit, cuius etiam armiger fuisse legitur. Et cum
communem hominum vivendi morem annos vitae trecentos sexaginta unum
superasset, in Gallis moritur, Anno Christi 1146.
|
1. Charlemagne
empereur des Romains, âgé de plus de soixante-dix
ans, mourut d’une pleurésie à Aix le 5 des calendes
de février vers l’an 814.
2. Guillaume, dux de Brunswick,
prince fort belliqueux, lorsqu’il eut atteint les quatre-vingt-dix
ans, quitta cette vie l’an du Christ 1482.
3. L’empereur Frédéric
III présida à l’Empire sans discontinuer cinquante
et trois ans, 4 mois et 4 jours. Il décéda à
l’âge de 78 ans.
4. Othon, duc de Saxonie,
père de l’empereur Henri l’Oiseleur, comme lui était
offerte l’administration du Saint-Empire, et qu’il était
impotent du fait de la vieillesse, tira excuse de son âge:
Si, déclara-t-il, ma main droite, en qui réside l’art
même du gouvernement, pouvait être de quelque usage aux
intérêts de l’Allemagne, je ne refuserais à
l’intérêt général aucune peine de mon
corps ni souci de mon esprit. Mais puisque l’Empire a été
soustrait à la famille de Charlemagne, c’est un autre homme
qu’il nous faut rechercher, non pas un homme qui veuille tirer gloire
de l’Empire, [p.381] mais
qui en fasse la gloire. Par quoi il fut responsable du fait que Conrad
Ier fut fait empereur.
5. Josse, marquis de Brandebourg
et de Moravie, une fois élu roi des Romains par un grand
nombre des princes de l’Empire, d’un âge déjà trop
avancé, puisqu’il avait dépassé sa quatre-vingt-dixième
année, mourut.
6. Jean, surnommé
des Temps, autrement dit Polychrone, quoiqu’il
ne fut pas prince et parce cependant il a été d’une
longévité tellement étonnante, il ne paraîtra
pas déplacé qu’il se fasse qu’il soit porté
à la fin aussi d’une liste de princes, vu que cet exemple
est tout à fait mémorable. Cet homme vécut à
l’époque de Charlemagne, dont on lit qu’il avait été
l’écuyer. Et comme il avait surpassé la commune manière
de vivre des hommes, il mourut en Gaule l’an du Christ 1146.
|
Éditions
Balthazar EXNERUS de Hirschberga
(Balthazar EXNER, 1576-1624), Valerius Maximus christianus,
hoc est Dictorum et factorum memorabilium unius atque alterius seculi
impp., regum, principum, imprimis christianorum, libri novem
[in-8° (14,5 cm sur 7,5); pièces liminaires; 427 p.], Hanoviae
(Hanovre), apud D. et D. Aubrios et C. Schleichium, 1620. Réédition:
Hanoviae (Hanovre), sumptibus J. Pressii, 1645. Dont une réédition
numérique en mode image et en mode texte (de l’édition
de 1620) par l’Université de Mannheim: http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/exner.html,
en ligne en 2006], spécialement: Livre VIII, chapitre
XIX (De Senectute, «De la Vieillesse»), §
6 (Ioannes de Temporibus, «Jean des Temps») p. 381 [http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/exner/exner1/books/exnervalerius_8.html#s396
en mode texte, http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/exner/exner1/s397.html
en mode image)]
|
23.
Francis Bacon, Historia Vitae et Mortis (1623)
Selon Bacon les objectifs de la médecine ne devraient pas seulement
être de lutter contre les maladies et de conserver la santé,
mais aussi d’augmenter la longévité de l’homme autant
que possible. Il développe dans ce esprit une théorie de
la longévité qui repose sur les bases aujourd’hui surannées
de la médecine de son temps, et spécialement sur la croyance
que la vie a ses principes essentiels dans les esprits animaux, fluides
subtils qui habitent les êtres vivants, mais qui tendent progressivement
à s’en échapper, notamment par les pores de la peau.
Bacon a accumulé un très
grand nombre d’exemples de longévité. Selon son éditeur
Ellis (p.94) il n’est pas toujours facile de déterminer quelles
sont ses sources : il semble qu’il a toujours noté, au gré
de ses nombreuses lectures, tout ce qui se pouvait se rapporter à
ce sujet, sans parler de nombreux emprunts à des auteurs classiques
tels que Pline l’Ancien ou Valère-Maxime, Pétrarque et
bien d’autres. Il apparaît que bon nombre de ses allégations
sont de deuxième ou de troisième main.
Bacon fait tenir à Jean des
Temps des propos tout à fait originaux: ce chevalier aurait
lui-même expliqué sa longévité en disant s’oindre
d’huile et consommer du miel. Il va sans dire que cette pratique de l’onction
d’huile va tout à fait dans le sens de la théorie de Bacon,
puisqu’elle obstrue les pores de la peau et prévient donc l’exhalaison
mortifère des esprits animaux.
Mais d’où tire-t-il ce propose
de Jean des Temps ? Il s’est tout simplement embrouillé dans
ses notes. Car ces propos auraient en réalité été
tenus, selon Pline l’Ancien, mille ans plus tôt, à l’empereur
Auguste par un certain Pollion Romilius. Pollion Romilius que par ailleurs
Bacon, à quelques lignes de là, confond allègrement
avec son plus célèbre homonyme Asinius Pollion.
Sir Francis Bacon, d’évidence,
était plus un homme de système qu’un érudit minutieux.
On reste frappé cependant par la niaiserie pathétique
de ses conseils. Ce qui surprend surtout c’est le sentiment d’urgence
qu’il éprouvait, et l’obession qu’il avait alors de divulguer
au plus vite les magnifiques découvertes qu’il venait de faire,
pour aider ses frères humains à retarder l’heure de leur
mort. Quitte à ne pas se relire.
Édition anglaise
non datée
|
Édition latine
de 1859
|
Traduction B.G. (2006)
|
LENGTH AND SHORTNESS
OF LIFE IN MAN
|
LONGÆVITAS ET BREVITAS
VITÆ IN HOMINE.
|
LONGUEUR OU BRIÈVETÉ
DE LA VIE CHEZ L’HOMME
|
[...]
19. The
cases which follow, are promiscuous in their order, more doubtful
in authority, and more scanty in observation. Arganthonius, king of
Cadiz in Spain, lived 130 or (according to some) 140 years, for eighty
of which he was on the throne. Of his manners, habits of life, and
the time in which he lived, nothing is recorded. [.......]
A people of India called Pandorae
are very long-lived, lasting even for 200 years. (a) They say also (which is more strange)
that their hair, which is nearly white in boyhood, turns black
in old age, before it grows hoary; though indeed it is common every-where
for light hair in the boy to turn darker in the man. The Seres
likewise, another Indian people, with their palm-wine, [p.265] are
reputed to live as long as 130 years.’ Euphranor the grammarian
continued to teach in his school till he was above 100. (b) The elder Ovid, the father of the poet,
lived 90 years; he was of a different character from his son,
as he despised the Muses and dissuaded his son from poetry. (c) Asinius Pollio, the friend of Augustus,
exceeded 100 years. (d) He was a man
extremely luxurious, eloquent, and devoted to literature; but yet
violent, proud, cruel, and selfish. It is a common idea that Seneca
was very old, and no less than 114. But this cannot be true; for fir
from being a decrepit old man when he was appointed tutor to Nero,
he was on the contrary exceedingly active in the government. Besides,
a little before, in the middle of the reign of Claudius, he was banished
for adultery with some noble ladies, a thing not compatible with such
an age. Johannes de Temporibus among all the men of later times is
by tradition and common report reputed long-lived, even to a miracle or
rather a fable, his age being said to be above 300. He was by birth a Frenchman,
and served under Charlemagne. Gartius of Aretium, great
grandfather to Petrarch, lived 104 years. He always enjoyed good health,
and at the end felt a decay of strength rather than any malady; which
is the true dissolution by old age. Many Venetians of high rank were long-lived;
as the Doge Franciscus Donatus, Thomas Contarenus and Franciscus Molinus
procurators of St. Mark, and others. But the most memorable instance
is that of the Venetian Cornaro, who being of sickly body in his youth,
began for the sake of his health to measure his meat and drink by weight.
This custom led by degrees to a fixed diet, and the diet to a very long
life, of even more than 100 years (e), with
unimpaired faculties and constant health. Guillaume Postel, a Frenchman,
in our time, lived nearly 120 years; the top of his moustache being still
black, and not at all grey. He was a man of dis-ordered brain and unsound
mind, a great traveller sad mathematician, and somewhat tainted with
heresy.
20. In England I
imagine there is scarce any village of any size in which an
octogenarian man or woman may not be found. A few years ago, at
a May-game in Herefordshire, a morrice dance was performed by eight
men, whose united ages made up 800 years; some of them’ exceeding
100, by as much as others fell short. [...]
(pp. 264-265 d’une édition non datée)
(p. 105 de l’édition de 1638)
|
[...]
19. Quæ sequentur, ordine promiscua, fidei magis dubiæ,
observatione magis jejuna, erunt. Rex Arganthonius, qui regnavit Gadibus
in Hispania, centum et triginta, aut (ut alii volunt) quadraginta,
annos vixit; ex quibus octoginta regnavit (1); de moribus ejus et vitia genere, et tempore
quo vixit, siletur. [.......]
Populus Indiæ, Pandoræ appellati,
admodum longævi; etiam usque ad annum ducentesimum
(2): addunt rem magis miram; [p.146] scilicet cum pueri fere candido capillo
fuerint, senectute ante canitiem eos nigrescere solitos: id tamen ubique
vulgare est, ut pueris capillitio candidiore virili ætate pili
mutentur in obscurius. Etiam Seres, Indorum populus, cum vino suo ex
palmis, longævi habiti sunt, usque ad annum centesimum tricesimum.
(3) Euphranor grammaticus consenuit
in schola, et docebat literas ultra annum centesimum. (4) Ovidius senior, poëtæ pater, nonaginta
annos vixit (5); diversus a moribus filii,
utpote qui Musas contempsit, et poëticem filio dissuasit. Asinius
Pollio, Augusti familiaris, centum annos superavit (6): vir ingentis luxus, eloquens, literarum cultor;
attamen vehemens, superbus, crudelis, et tanquam sibi natus. Invaluit
opinio de Seneca, quod admodum annosus fuerit, usque ad annum centesimum
decimum quartum (7); quod verum esse non potest,
cum tantum absit ut senex decrepitus ad Neronis tyrocinium admotus sit,
ut contra rebus gerendis strenue suffecerit; quinetiam paulo ante, medio
tempore Claudii, exularit, ob adulteria aliquarum principum fœminarum; quod
in talem ætatem non competit. Joannes de Temporibus, ex omnibus
posterioribus sæculis, traditione quadam et opinione vulgari, usque
ad miraculum, vel potius usque ad fabulam, longævus perhibetur, annorum
supra trecentos (8): natione
fuit Francus, militavit autem sub Carolo Magno. Gartius Aretinus, Petrarchæ
proavus, ad centum et quatuor annos pervenit (9),
[p.147] prospera semper
usus valetudine, atque in extremis vires labantes sentiens potius quam
morbum; quæ vera est resolutio per senium. Ex Venetis reperiuntur
haud pauci longævi, etiam gradu eminentiori; Franciscus Donatus dux;
Thomas Contarenus procurator S. Marci; Franciscus Molinus item procurator
S. Marci (10); alii. At maxime memorabile
est illud de Cornaro Veneto, qui corpore sub initio valetudinario,
cœpit primum metiri cibum et potum ad certum pondus, in curam sanitatis:
en cura transiit usu in diætam, et ex diæta in magnam longævitatem,
usque ad annum centesimum et ultra (11),
integris sensibus, et constanti valetudine. Gulielmus Postellus, nostra
ætate, Gallus, ad centesimurn et prope vicesimum annum vixit (12); etiam summitatibus barbæ in labro superiore
nonnihil nigrescentibus, neque prorsus canis: vir capite motus, et non
integræ omnino phantasiæ; magnus peregrinator, et mathematicus,
et hæretica pravitate nonnihil aspersus.
20. Apud nos in Anglia, arbitror non
existere villulam paulo populosiorem, in qua non reperiatur aliquis
vir aut mulier ex octogenariis; etiam ante paucos annos, in agro Herefordiensi,
inter ludos florales, instituta erat chorea et saltatio ex viris octo,
quorum ætas simul computata octingentos annos complebat; cum
quod alteris eorum ad centenarium deesset, alteris aliquibus superesset.
[...]
|
[...]
§
19. Les cas qui suivent donnés sans ordre, seront d’une authenticité
plus douteuse et moins bien renseignés. Le roi Arganthonius,
qui régna à Cadix en Espagne, vécut 130 ou bien
(selon d’autres) 140 ans, pendant quatre-vingts desquels il fut sur le
trône. De ses habitudes, de sa manière de vivre, et du temps
où il vécut, on ne dit rien. [... (nombreux
autres cas...)] Un peuple de l’Inde appelé les Pandores
sont d’une grande longévité, dépassant même
les 200 ans. On dit aussi (ce qui est plus étonnant) que leurs
cheveux, qui sont presque blancs dans l’enfance, virent au noir lors
de la vieillesse: avant cela il sont blanc neigeux; il est vrai toutefois
que c’est partout une chose commune que les cheveux clairs d’un enfant
deviennent plus sombres à l’âge adulte. Pareillement les
Sères, autre peuple de l’Inde, grâce à leur vin de
palme, passent pour vivre non moins de 130 ans. Le grammairien Euphranor
atteignit la vieillesse dans son école, et il enseignait les lettres
à plus de cent ans. Ovide l’Ancien, père du poète,
vécut 90 ans; il était d’un caractère différent
de celui de son fils, car il méprisait les Muses et tenta de
détourner son fils de la poésie. Asinius Pollion, l’ami
d’Auguste, dépassa les 100 ans. C’était un homme vivant
dans un luxe inouï, éloquent et attaché aux belles-lettres,
et cependant violent, fier, cruel et égoïste. C’est une
idée répandue que Sénèque atteignit un
grand âge, et pas moins de 144 ans. Mais cela ne peut être
vrai tant il est invraisemblable qu’un vieillard décrépi,
alors qu’au contraire il fut très énergique dans son gouvernement.
Bien plus, peu de temps avant cela, vers le milieu du règne
de Claude, il fut banni pour avoir commis l’adultère avec plusieurs
femmes nobles, ce qui n’est pas compatible avec un âge si avancé.
Jean des Temps, de tous siècles les plus récents,
selon une certaine tradition et selon l’opinion commune, passe pour
avoir joui d’une longévité qui tient du miracle, ou plutôt
de la légende: plus de trois cents ans. Il fut Français
de naissance et servit sous Charlemagne. Garzo d’Arezzo, grand’père
de Pétrarque, vécut 104 ans. Il jouit toujours d’une bonne
santé et à la fin éprouva une déperdition
de ses forces que quelque maladie: c’est là le véritable
effet destructeur du grand âge. Nombre de Vénitiens de haut
rang ont vécu longtemps; ainsi les doges Francesco Donato, Thomas
Contareno et Francesco Molino prévôts de San-Marco, et d’autres.
Mais le plus mémorable exemple en est le Vénitien Cornaro
qui, étant d’une constitution maladive dans l’enfance, commença
dans l’intérêt de sa santé de mesurer en le pesant
ce qu’il mangeait et buvait. Cette habitude le conduisit progressivement
à un régime alimentaire régulier, et ce régime
à une grande longévité, de plus de 100 ans, avec des
facultés intactes et une santé constante. Guillaume Postel,
un Français, de notre temps, a vécu près de 120
ans; le sommet de sa moustache était encore noir et ne grisonnait
pas le moins du monde. C’était un homme au cerveau dérangé
et à l’esprit peu sensé, un grand voyageur, piètre
mathématicien, et quelque peu teinté d’hérésie.
§ 20. Chez nous en Angleterre
j’imagine qu’il n’est pas de village tant soit peu peuplé
où l’on ne puisse trouver un homme ou une femme octogénaire.
Il y a quelques années, lors d’un carnaval dans le Herefordshire, une danse morris
fut exécutée par huit hommes dont les âges
additionnés atteignaient 800 ans, quelques-uns d’entre eux dépassant
les 100 ans d’autant que les autres s’en approchaient.
[...]
|
(a) Pliny, vii. 2.
(b) Suidas in v. Apion.
(c) Ovid. Tristia,
iv. 10. 77
(d) Cf. Pliny, xxii.
53.
(e) Flourens,
De la Longévité, p. 33.
|
(1) Cicero, Herodotus, and Valerius Maximus agree
in saying that Arganthonius lived a hundred and twenty years, and Pliny
seems inclined to agree with item. He mentions however that Anacreon affirms
that he lived to be a hundred and fifty. According to one account he died
at a hundred and thirty. That he reigned eighty years is said by Cicero
and Pliny. See Cicero De Senect. [19], Herodotus [l. 163], Val.
Max. viii. 13., and Pliny, vii. 49.
(2) Pliny, vii. 2.
(3) “Onesicritus, quibus in
locis Indiæ umbræ non sint, corpora hominum cubutorum quinum
et hinorum palmorum existere et vivere annos centum et triginta,” &c.—
Pliny, vii. 2. As the longevity of the Seres is mentioned in the preceding
sentence, I believe that this is the passage which Bacon was thinking
of, though we cannot account for his speaking of palm wine except by supposing
that he mas misled by a hasty glance at the phrase “binorum palmorum.”
Lucian in the Macrobii expressly says that the Sere were said
to be a nation of water-drinkers. Palm wine was however, Pliny elsewhere
says, common throughout the East.
(4) Suidas
in v. Apion.
(5) Ovid.,
Tristia, iv. 10. 77.
(6) Bacon
manifestly confounds Asinius Polio with Pollio Romilius, of whom
Pliny says, “Centesimum annum excedentem eum D. Augustus hospes interrogavit
quânam maxime ratione vigorem illum animi corporisque custodisset.
At ille respondit, Intus mulso, foris oleo.”—Pliny,
xxii. 53. Asinius Pollio died, according to Eusebius, Chron.
Olymp. 195, at the age of eighty. Moreri makes him eighty-four.
(7) The
notion that the philosopher Seneca lived to a great age arose from
confounding him with his father the rhetorician. Raphael Volaterranus
(Comment. Urban. p. 223.) is said to te the first writer by whom
they are distinguished. See Antonius, Bibl. Vet. Hisp.
i. 4. 47. A hundred and eight years intervene between the death of Cicero
and that of the younger Seneca. Now in the preface to the first book
of Controversiæ Marcus Seneca says that he was
old enough to have heard Cicero, though the civil war prevented his
doing so. Between his birth therefore and his son’s death there can scarcely
be less than a hundred and twenty years. Compare Cardan,
Paralipomena, xiv. 8.
(8) His name is said to have been Jean de Stampis
(D’Estampes), and the change to Johannes de Temporibus is connected
with his mythical longevity. See Zuingerus, Theatrum
vitæ humanæ, or Fulgosius, Factorum
dictorumque memorabilium, p. 298.
(9) See Petrarch, Rerum memorandarum.
§ De Senectute; or Fulgosius, ubi modo.
(10) These three persons are
mentioned by Egnatius, Exempta illustr. Venetor.
The longevity of the Venetians is noticed by Peter Ravennas.
(11) “Cornaro
mourut le 26 Avril, 1566. Je n’ai pu trouver la date précise
de sa naissance. La Biographie Universelle le fait naître
en 1467….. La Notice écrite par sa nièce, dit positivement
cent ans, une autre Notice dit plus de cent ans, une troisième
dit cent cinq”. — Flourens, De la Longévité,
p. 33.
(12) Postellus
died in 1583, being then, according to the biographical dictionaries,
more than seventy-one. Bacon’s statement is altogether incorrect. It
is not improbable that Postel may have chosen to represent himself as
much older than he really was. He was a man of great learning, but on
some subjects scarcely sane: “quem insania ah omnis malitiæ suspicione
vindicare poterit” is Joseph Scaliger’s judgment of him. See Morhof.
Polyhistor. i. 4. 5.
|
|
THE OPERATION UPON
THE EXCLUSION OF THE AIR.
|
OPERATIO SUPER
EXCLUSIONEM AËRIS
|
LA PRATIQUE DE LA
PRÉSERVATION DE L’AIR AMBIANT
|
[p.]
The History.
1. Exclusion of the external air tends
in two ways to pro-long life. First, because most of all things,
next to the internal spirit, the external air (although it is as
life to the human spirit, and contributes very much to health) preys
upon the juices of the body and hastens its desiccation; whence the
exclusion of the air conduces to longevity.
2. The second effect of the exclusion
of the air is much more deep and subtle; namely, that the body being
closed up, and not perspiring, detains the spirit within, and turns
it upon the harder parts of the body, which are thereby rendered
soft and tender.
3. The reason of this process is explained
in the desiccation of inanimate bodies. And it may be taken for
an infallible axiom, that the emission of the spirit dries bodies,
but the detention thereof melts and softens them. And it may be further
assumed that all heat properly attenuates and moistens, but contracts
and dries only by accident. [...]
|
[p.175] Historia.
1. Exclusio aëris ambientis ad diuturnitatem
vitæ dupliciter innuit. Primo, quod maxime omnium, post spiritum
innatum, aër extrinsecus (utcunque spiritum humanum quasi animet,
et ad sanitatem plurimum conferat) succos corporis deprædatur,
et desiccationem corporis accelerat; itaque exclusio aëris ad longitudinem
vitæ confert.
2. Alter effectus qui sequitur exclusionem
aëris, subtilior multo est et profundior; scilicet quod corpus
occlusum et non perspirans spiritum inclusum detinet, et in duriora
corporis vertit; unde spiritus ea emollit et intenerat.
3. Hujus rei explicata est ratio in desiccatione inanimatorum;
atque est axioma quasi infallibile, quod spiritus emissus corpora
desiccat, detentus colliquat. et intenerat: atque illud insuper simul
assumendum, quod calor omnis proprie attenuat [faut-il lire: attenerat?
(B.G.)] et humectat, et per accidens tantum contrahit
et desiccat. […]
|
Exposé des
faits.
1. La préservation de l’air ambiant
favorise de deux manière la longévité. D’abord
par ce que, plus que tout, après l’esprit inné, l’air
ambiant, même s’il donne vie en quelque sorte à l’esprit
humain et contribue trés grandement à la santé,
détériore les humeurs du corps et accélère
le désèchement du corps: c’est pourquoi la préservation
de l’air participe à la la longévité.
2. Le deuxième effet qui découle
de la préservation de l’air est beaucoup plus subtil et profond;
c’est que le corps bien clos et sans transpiration retient enfermé
l’esprit et le détourne vers les parties les plus dures du
corps: ainsi elles les amoliit et les attendrit.
3. L’explication de ce phénomène
tient dans le désèchement des corps inanimés,
et c’est un axiome quasiment infaillible que l’évaporation de
l’esprit désèche les corps, tandis que sa conservation
les humecte et les attendrit. Et on doit prendre en compte en outre que
toute chaleur affaiblit [faut-il
corriger: attendrit? (B.G.)] et
humecte, et que c’est seulement accidentellement qu’elle contracte et
et désèche. [...]
|
10. As for filling up the pores, paints and such like thick unctuous
substances, and (which may be most conveniently used) oil and fat
things, no less preserve the substance of the body than oil colours
and varnish preserve wood.
11. The ancient Britons painted themselves
with woad, -and were extremely long-lived. The Picts likewise had
the same custom, and are even supposed by some to have derived their
name from it.
12. At this day the natives of Brazil
and Virginia use to paint themselves, and are said, especially
the former, to be very long-lived; insomuch that five years ago
the French Jesuits met with some of them who remembered the building
of Fernamburg, which happened 120 years before, they being then grown
up.
13. Johannes de Temporibus, who is
said to have reached the age of three hundred, on being asked how
he had preserved himself, is reported to have answered, "By oil
without, and honey within."
14. The Irish, especially the wild Irish,
are, even to this day, very long lived. In truth, they say that
within these few years the Countess of Desmond lived to 140, and
shed her teeth three times. Now the Irish have a custom of standing
naked before the fire, and rubbing and as it were pickling themselves
with old salt butter. [...]
16. Hippocrates’ advises to wear clean
clothes neat to the skin in winter, but foul and smeared with oil
in summer. The reason whereof appears to be, that in summer the spirits
exhale most, and therefore the pores of the skin should be stopped.
(pp. 187-188 de l’édition de
1638)
|
[p.176] 10. Quod ad oppletionem attinet; pigmenta, et hujusmodi
spissamenta unctuosa, atque (quod commodissime in usu potest [p.177]
esse) oleum et pinguia, non minus corporis substantiam conservant,
quam pigmenta in oleo et vernix ligna.
[p.177] 11. Britones antiqui corpus glasto pinguebat,
et fuerunt ad modum longævi; quemadmodum et Picti, qui inde
etiam nomen traxisse a nonnullis putantur. (1)
12. Hodie se pingunt Brasilienses
et Virginienses, qui sunt (præsertim illi priores) admodum longævi;
adeo ut quinque abhinc annis Patres Galli nonnullos convenerint, qui
ædificationem Fernamburgi, annis abhinc centum et viginti, ipsi
ad tunc virilis ætatis, meminissent. (2)
13. Joannes de Temporibus, qui
dicitur ad trecentesimum annum ætatem produxisse, interrogatus
quomodo se conservasset, respondisse fertur, Extra, oleo; intus,
melle. (3)
14. Hiberni, præsertim sylvestres,
etiam adhuc sunt valde vivaces; certe aiunt, paucis abhinc annis
comitissam Desmondiæ vixisse ad annum centesimum quadragesimum,
et ter per vices dentiisse. Hibernis autem mos est se nudos ante focum
butyro salso et veteri fricare et quasi condire. [...]
16. Hippocrates jubet vestes ad cutem
hieme puras portare, æstate sordidas et oleo imbutas (5); hujus ratio videtur, quod per æstatem
spiritus exhalant maxime; itaque pori cutis opplendi sunt.
|
10. Pour ce qui concerne l’obturation (des pores de la peau),
les fards et les onguents épais de ce genre, ainsi que l’huile
et les les produits gras (qui sont d’un usage des plus aisés)
ne préservent pas moins le principes essentiels du corps
que la peinture à l’huile et le vernis ne préservent
le bois.
11. Les anciens Bretons se peignaient
le corps de pastel, et jouissaient d’une très grande longévité;
de même aussi les Pictes, dont beaucoup pensent qu’ils tirent
de là leur nom.
12. De nos jours se peignent les Brésiliens
et les Virginiens, qui jouissent (surtout les premiers) d’une longévité
considérable; à tel point qu’il y a cinq ans les Jésuites
français en ont rencontré un certain nombre qui se
souvenaient de l’édification de Fernambourg cent vingt ans
plus tôt, alors qu’ils étaient eux-mêmes déjà
adultes.
13. Jean des temps, dont on dit qu’il
a atteint l’âge de trois cents ans, comme on lui demandait
comment il s’était préservé, répondit
à ce qu’on dit: Dedans, du miel, dehors, de l’huile.
14. Les Irlandais, surtout ceux
qui vivent dans les forêts, sont des plus vivaces; et bien l’on
dit qu’il y a peu d’années de cela, la comtesse Desmond a vécu
jusqu’à cent quarante ans, et qu’elle a eu trois poussées
de dents. Or les Irlandais ont coutume, nus devant le foyer, de s’enduire
d’un beurre salé et rance, et comme de s’en confire. [...]
16. Hippocrate recommande de porter en hiver
des vêtements propres sur la peau, mais en hiver des vêtements
sales et imbibés d’huile; la raison paraît en être
que les esprits s’évaporent surtout en été; et
c’est pourquoi il faut alors obstruer les pores de la peau.
|
|
(1) Legis in his work on
Runes has auggested the idea that not only the Picts, but the Britons
also derived their name from this practice. He connects, probably fancifully,
the root brit with that of that of verb to write, remarking that, as
we see in Greek, the ideas of writing and painting are cognate.
(2)
This statement, although doubtless resting on the authority of the
Jesuit Fathers, appears to be at variance with chronology. It is true
that Cabral took possession of Brasil on behalf of the Crown of Portugal
as early as 1500, and that on Easter Sunday in that year he erected a
stone cross where Quarto Seguro now stands. But neither that town nor
any other appears to have been founded until at least thirty years later,
after the division of the country into captaincies. In that of Pernambuco,
Olinda was the first founded; and as the native name of its site was
given to the captaincy of which it was the capital, it is doubtless to
it that Bacon here refers. That its foundation should have been remembered
by several persons among those whom the missionaries met with ninety
years afterwards is quite crédible; but the story as it stands
is at least exceedingly improbable. That the climate of Brazil favours
longevity was long believed, and may perhaps be true. The notion is mentioned
in Bacon’s essays.
(3)
This answer was originally given to Democritus (see the Geoponica,
xv. 7. 6.); afterwards, with a slight modification, to Pollio Romilius.
[See suprà. note p. 146.] I do not know by
whom it is ascribed to the mythical Johannes de Temporibus.
(4) Spenser mentions these habits of the Irish
among the customs which he supposes them to have derived from Spain,
for no other reason, apparently, than that they appear to him to be suitable
to a warm climate. It is worthy of remark that Campion, writing about
a quarter of a century earlier, affirms that the Irish had given up the
use of saffron, and were learning to wash their linen. However the custom
was retained in some parts of the country not only after Campion’s time,
but till a much later period.
(5) Hippocr. De salubri Diætâ.
See note on Sylva Sylvarum, § 55. —J.S.
|
|
Éditions:
Franciscus BACO baro de Verulamio,
vice-comes Sancti Albani (Francis BACON, baron de Verulam, vicomte
de St. Abans, 1561-1626), Historia vitae & mortis, sive,
Titulus secundus in Historia naturali & experimentali ad condendam
philosophiam: quae est Instaurationis magnae pars tertia [in-8°;
6+454 (en fait 458) p.], Londini (Londres), In officina Io. Haviland,
impensis Matthaei Lownes, 1623.
Franciscus BACO, Historia vitae
et mortis [in-12 (11 cm); 476+52 p.], Lugduni Batavorum (Leyde),
Ex officina Ioannis Maire, 1637.
Barthol. MOSERUS [éd.] &
Franciscus BACO, Historia vitae et mortis: cum annotatioinbus
[sic] Barthol. Moseri, Med. D., nouiter in lucem data
[in-12 (11 cm); 12+526+52], Dilingae (Dillingen), Typis academ., 1645.
Franciscus BACO, Historia vitae
et mortis [in-12 (15 cm); 201+47 p.], Amstelodami (Amsterdam),
Apud Joannem Ravesteinium, 1663.
Johannes Sigismundus HENNINGERO
(Johann Sigismund HENNINGER) [éd.], Franciscus BACON, Historia
vitae et mortis... [in-8°], Argentorati (Strasbourg), Theodoricus
Lerse, 1712.
Johannes Sigismundus HENNINGERUS
(Johann Sigismund HENNINGER) [éd.], «Historia vitae
et mortis, Francisci Baconis», in ID. [éd.], Santorio
SANTORI (1561), Francis BACON (1561-1626), Helius Eobanus HESSUS (1488-1540)
& Giovanni Battista FIERA (1469-1538)], Quadriga scriptorum
diaeteticorum celebriorum, adcurante Joh. Sigismundo Henningero [in-8°
(17 cm); 4 tomes en 1 volume (5 ff. + 45+20+93+268+125 p.); réunit
4 ouvrages publiés séparément en 1712 chez le même
éditeur («De Conservanda bona valetudine», Liber
Scholae Salernitanae; «De Statica medicina», ars Sanctorii
Sanctorii; «Historia vitae et mortis», Francisci Baconis;
«De Tuenda bona valetudine», libellus Eobani Hessi &
«Coena», Baptistae Fierae Mantuani); index], Argentorati
(Strasbourg), sumptibus Theodorici Lerse, 1713.
Robert Leslie ELLIS [éd.],
«Francis Bacon: Historia vitae et mortis», in James SPEDDING
(du Trinity College de Cambridge), Robert Leslie ELLIS (late fellow
du Trinity College) & Douglas Denon HEATH (barrister-at-law, late
fellow du Trinity College) [éd.], The works of Francis
Bacon, baron of Verulam, viscount St. Alban, and Lord High Chancellor
of England, collected and edited by James Spedding, of Trinity College,
Cambridge, Robert Leslie Ellis, barrister-at-law, late-fellow of Trinity
College, Cambridge and Douglas Denon Heath, late-fellow of Trinity College,
Cambridge. Vol. II (The Second Volume. Philosophical Works. Part I. continued.
Works published or designed for publication, as parts of the Instauration
Magna [19 cm; 692 p.; œuvres complètes en latin et anglais (tome
2 de 14 volumes publiés de 1857 à 1874)], London (Londres),
Longman & Co, Simpkin & Co, Hamilton & Co, Whittaker & Co,
J. Bain, E. Hodgson, Washbourne & Co, Richardson Brothers, Houlston &
Co, Bickers a Bush, Willis & Sotheran, J. Cornish, L. Booth, J. Snow,
Aylott & Co, 1859 [dont une réédition en fac-similé:
The works of Francis Bacon. Zweiter Band [692 p.],
Stuttgart, Frommann & Holzboog, 1986 (ISBN: 3-7728-0025-4), dont une
réédition numérique en mode image par la BNF, 1995,
mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k254716,
en ligne en 2006], pp. 91-228, spécialement pp. 146 & 177.
Version latine en ligne:
BNF [éd.], «The
works of Francis Bacon. Zweiter Band» [réédition
numérique en mode image de l’édition ci-dessus], in
Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k254716,
en ligne en 2006], pp. 91-228, spécialement pp. 146 & 177.
Version anglaise:
Francis BACON, The historie
of life and death: with observations naturall and experimentall for
the prolonging of life, written by the Honorable Francis Lord Verulam,
Viscount S. Alban [in-12 (14 cm); 14+323+1 p.], London, Humphrey
Mosley, 1638, pp. 105 & 187-188.
Francis BACON, History naturall
and experimentall of life and death, or, Of the prolongation of life,
written in Latine by the Right Honorable Francis Lo. Verulam, Vis-count
St. Alban [in-12 (15 cm); 32+395(en fait 435)+3 p.], London (Londres),
William Lee, and Humphrey Mosley, 1638.
Francis BACON, Sylva sylvarum,
or, A naturall history in ten centuries. Whereunto is newly added
the History naturall and experimentall of life and death, or, Of the
prolongation of life. Both written by the Right Honourable Francis Lo.
Verulam, Viscount St. Alban. Published after the author’s death, by
William Rawley ... Hereunto is now added an alphabeticall table of the
principall things contained in the ten centuries [in-f° (29 cm);
9 pièces limiaires; 218+19 p.; 3 ff.+36 p.; 4 ff.+ 64 p.; 6e édition
de l’ouvrage principal], London, William Lee, 1651.
Francis BACON, Sylva sylvarum,
or, A naturall history in ten centuries : whereunto is newly added
the History naturall and experimentall of life and death, or, Of the
prolongation of life. Both written by the Right Honorable Francis Lo.
Verulam, Viscount St. Alban. Published after the author’s death by
William Rawley ... Hereunto is now added an alphabeticall table of the
principall things contained in the ten centuries [in-f° (29 cm);
218+19 p.; 3 ff.+36 p.; 4 ff.+ 64 p.; 7e édition de l’ouvrage principal],
London, William Lee & Thomas Johnson, 1658.
Francis BACON, Sylva sylvarum,
or, A natural history in ten centuries : whereunto is newly added
the History naturall and experimentall of life and death, or of the
prolongation of life, both written by the Right Honourable Francis Lord
Verulam, Viscount St. Alban ... ; hereunto is newly added an alphibetical
table of the principal things contained in the ten centuries. The eighth
edition, whereunto is added, Articles of enquiry touching metals and minerals
[in-f° (30 cm); 18+218+24+221-228+2+8+64 p.; 1 planche; portrait],
London (Londres), William Lee & Thomas Williams, 1664.
Francis BACON, The historie
of life and death [16 cm; 323 p.], Amsterdam, Theatrum Orbis Terrarum
& New York, Da Capo Press, 1968.
Francis BACON, The historie
of life and death [21 cm; 323 p.],New York : Arno Press, 1977
[ISBN: 0405095546].
Version anglaise en ligne:
Lawrence GERALD [éd.] «Francis
Bacon’s History of Life and death, of the second title in Natural
and Experimental History for the Foundation of Philosophy, being the
third part ofthe Instauratio Magna» [saisie d’une édition
de date non précisée], in sirbacon.org (Sir Francis
Bacon’s New Advancement of Learning), http://www.sirbacon.org/historylifedeath.htm,
2003, en ligne en 2006.
Traductions en français:
J. BAUDOIN (vers 1590-1650) [trad.],
Histoire de la vie et de la mort... composée par
Mre François Bacon,... et fidèlement traduite par J.
Baudoin [in-8°; XXI+510 p.], Paris, G. Loyson et J.-B. Loyson,
1647.
Victor STAQUET [trad.], François
Bacon,... Histoire de la vie et de la mort. Traduction nouvelle et
intégrale du latin, d’après l’édition de 1637,
par Victor Staquet [in-16 (17,5 cm sur 11); 191 p.], Bruxelles,
Éditions La Boétie, 1945.
|
24.
Thomas Browne, Pseudodoxia
Epidemica (1646)
Sir Thomas
Browne (1605-1682) est un écrivain anglais qui a touché
à la médecine, à la religion, à la science
et à l’ésotérisme. Ses principaux ouvrages sont
la Religion du médecin (1642), traduit en français
par Nicolas Lefebvre en 1668, et un essai sur les idées reçues,
Pseudodoxia epidemica (1646), également traduit
en français, par l’abbé Souchay en 1733 sous ce titre:
Essai sur les erreurs populaires, ou Examen de plusieurs opinions
reçues comme vrayes, qui sont fausses ou douteuses.
Concernant le cas de Jean des Temps,
il insiste surtout sur l’impossiblité de tirer des conclusions
générales de faits isolés, quand bien même
on ne mettrait pas en doute leur véracité.
Texte de la 6e édition
(1672) |
Traduction B. G. (2006)
|
And therefore in that account of
Pliny, of a Deer with a Collar about his neck,
put on by Alexander the Great, and taken alive an hundred
years after, with other relations of this nature, we much suspect
imposture or mistake. And if we grant their verity, they are but
single relations, and very rare contingencies in individuals, not affording
a regular deduction upon the species. For though Ulysses his
Dog lived unto twenty, and the Athenian Mule unto fourscore,
yet do we not measure their days by those years, or usually say, they
live thus long. Nor can the three hundred years of John of
times, or Nestor, overthrow the assertion of
Moses*, or afford a reasonable
encouragement beyond his septuagenary determination.
(III, IX, p. 135-140 de l’édition de
1672)
|
Et c’est
pourquoi dans ce récit de Pline d’un cerf portant un collier
au cou que lui avait mis Alexandre le Grand, et capturé en
vie une centaine d’année plus tard, comme pour les autres
rapports du même genre, il nous faut suspecter soit une supercherie
ou bien une erreur. Et si nous acceptons leur authenticité,
ce ne sont que des rapports, et que des cas très rares concernant
de simples individus, dont on ne peut pas tirer de déductions
relatives à leurs espèces. Car, bien que pour Ulysse,
son chien ait vécu plus de vingt ans, et le mulet athénien
plus de quatre-vingts ans, nous ne pouvons cependant pas mesurer leurs
jours par ces nombres d’années, ni dire communément
qu’ils vivent si longtemps. Et les trois cents
ans de Jean des Temps ou de Nestor ne peuvent l’emporter sur l’assertion
de Moïse, ni procurer un soutien raisonnable au-delà de
la limite de soixante-dix ans qu’il a formulée.
(III, IX, p. 135-140)
|
Note de l’auteur: * Psalm 90.
|
Note de l’auteur [et de B.G.]: * Psaume 90. [verset
1: Prière. De Moïse, homme de Dieu (...) versets
9-10: Sous ton courroux tous nos jours déclinent,
nous consommons nos années comme un soupir. Le temps de nos années,
quelque soixante-dix, quatre-vingt, si la vigueur y est. (...) verset
12: Fais-nous savoir comment compter nos jours, que nous venions de
coeur à la sagesse. (Bible de Jérusalem)]
|
Éditions:
Premières
éditions: Thomas BROWNE (1605-1682), Pseudodoxia
epidemica, or enquiries into very many received tenents and
commonly presumed truths, by Thomas Browne, dr. of physik [in-f°
(26 cm); pièces liminaires; 386 p.; table], London (Londres),
E. Dod, 1646. Deuxième édition [28 cm; 329 p.; «2d
ed. corr. and much enl. by the author. Together with some marginall
observations»], London (Londres), E. Dod and N. Ekins, 1650.
Troisième édition [in-f°; pièces liminaires;
326 p.; tables]: London (Londres), N. Ekins, 1658. Quatrième
édition [22 cm; 8 pièces liminaires; pagination multiple;
2 planches; «The 4th ed. With marginal observations, and a
table alphabetical. Whereunto are now added two discourses the one
of Urn-burial, or sepulchrall urns, lately found in Norfolk. The other
of The garden of Cyrus, or Network plantations of the antients. Both
newly written by the same author»;], London (Londres), E. Dod,
1658. Sixième édition: Pseudodoxia, etc., together
with the Religio medici [23 cm sur 17; 11 pièces liminaires;
pagination multiple; «The 6th and last ed., cor. and enl. by the author,
with many explanations, additions and alterations throughout, etc.»],
London (Londres), N. Ekins, 1672.
Édition
critique: Robin ROBBINS [éd.], Sir Thomas
Browne’s Pseudodoxia epidemica [23 cm; 2 volumes (LXI+1198
p.; 7 p. of planches; illustrations], Oxford, Clarendon Press
& New York, Oxford University Press, 1981 [ISBN: 0198127065].
Édition
critique numérique en mode texte: James EASON (University
of Chicago) [éd.], Pseudodoxia Epidemica: or,
Enquiries into very many Received Tenents and commonly
presumed Truths. by Thomas Brown Knight, M. D. Based on The Sixth
and Last Edition of 1672 [pages web; texte copieusement annoté
en anglais], in UNIVERSITY OF CHICAGO, Sir Thomas Browne, http://penelope.uchicago.edu/pseudodoxia/pseudodoxia.html,
en ligne en 2006, spécialement: «III.ix (pp. 135-140):
Of the Deer», http://penelope.uchicago.edu/pseudodoxia/pseudo39.html#b15,
en ligne en 2006.
Traductions françaises:
Abbé Jean-Baptiste
SOUCHAY [trad.], Essai sur les erreurs populaires,
ou Examen de plusieurs opinions reçues comme vrayes, qui
sont fausses ou douteuses, traduit de l’anglais de Thomas Brown
[in-12; 2 volumes], Paris, Briasson, 1733. Réédition:
1738. 1741.
Bernard HOEPFFER
[trad.] & Catherine GOFFAUX [collaboratrice ], Thomas
Browne. Pseudodoxia epidemica ou Examen de nombreuses idées
reçues et de vérités généralement
admises [22 cm; 963 p.; portrait; notes bibliographiques;
index; lexique], Paris, J. Corti, 2004 [ISBN 2-7143-0849-X;
35 €].
|
25. Basile
Fleureau, vers 1668
Les Antiquitez de la Ville et du Duché
d’Estampes (édition
posthume de 1683)
Dom Basile Fleureau, dans
ses Antiquitez de la Ville et du Duché d’Éstampes,
parle une première fois de notre homme au début
de son chapitre sur Philippe Ier, puis revient sur ce personnage
à la fin de son chapitre sur Louis VII dit le Jeune.
En bon connaisseur des chartes des onzième et douzième
sièclees, il démontre que le véritable Jean d’Étampes
d’une part n’a jamais été comte d’Étampes, et d’autre
part qu’il n’a jamais été non plus le gendre du roi de
France Philippe Ier, sa véritable épouse ayant été
Eustachie de Corbeil, qui en aucun cas ne peut-être identifiée
avec la prétendue fille de Philippe qui aurait porté ce nom,
et dont l’existence même est plus que douteuse.
Première partie, chapitre XXIII,
pp. 75-76
|
Philippe I. ne se contentant pas de Berthe, sa legitime épouse,
passant à Tours l’an 1091. fit enlever par un de ses
Gentils-hommes, Bertrade de Monfort, femme de Fouques Réchin,
ou l’Aspre, Comte d’Anjou, laquelle il épousa, au grand
scandale de la France, & de toute l’Europe, après la
mort de son mary, qui ne pouvant se venger de l’affront qu’il avoit
receu de l’enlevement de sa femme, en mourut bien-tost après
de déplaisir. Il y a de nos Historiens, qui ont laissé
par écrit, que de ce mariage Philippe eut quatre enfans, deux
garçons Philippe, & Fleury, & deux filles, Cecile, &
Eustache. Dieu ayant eu en horreur l’incestueux adultere du Roy; a voulu
que la memoire de ces deux Princes, soit entierement éteinte,
sans qu’il reste d’eux, ny de posterité, que le seul nom. Cecile
leur sœur fut mariée deux fois, la premiere, elle épousa
Tancrede, Prince d’Antioche (Guill. de Tyr. lib. XI. c. 4.),
neveu de [p.76] Boëmond, qui s’est si
fort signalé dans les Croisades; & la seconde Bertrand,
Comte de Tripoly, en Syrie. Belle-forest en ses Annales,
assure qu’Eustache fut mariée à Jean, Seigneur
d’Estampes, qui en faveur de ce mariage, en fut fait le premier
Comte: Mais il se trompe; parce que cette Eustache
est surnumeraire, entre les enfans de Philippe, & de Bertrade,
que la plus commune opinion de nos Historien, & Genealogistes
reduit seulement à deux garçons, & une fille. Et
j’ay ci-devant remarqué, qu’il n’y a point eu de Comte, ny
de Seigneur proprietaire de la ville d’Estampes que le Roy. Et nous
verrons en traitant de l’Abbaye de Morigny, que le Roy Philippe, &
Louis le Gros son fils, ont toûjours joüy de la ville d’Estampes:
même du vivant de Jean, surnommé d’Estampes, qui fut
mary d’une Eustache, non pas de France, mais de la maison de Corbeil,
laquelle dans toutes les donations qu’elle a faites, avec son mary,
à l’Abbaye d’Yerre en Brie, où elle est inhumée,
n’a jamais pris la qualité, ni de fille, ni de sœur de Roy, ni
de Princesse, ni de Comtesse: non plus que son mary celle de Comte d’Estampes.
(I, XXIII, pp. 75-76)
|
Première
partie, chapitre XXIX, pp. 120-121
|
Il
y a des Annalistes qui rapportent la mort de Jean d’Estampes
ou des Temps, à cause de sa longue vie, aux premieres années
du regne de nôtre Roy Louis VII, & disent qu’il a
été homme d’armes de l’Empereur Charlemagne,
& qu’il a vêcu trois cent soixante & un an; mais
Paule Emile, & beaucoup d’autres ne sont pas de cette opinion,
ne pouvant croire qu’il ait vêcu tant d’années sans
s’étre rendu recommandable par quelque belle action, dont
la memoire auroit passé à la posterité avec
le nombre des années de sa vie, ce qui toutefois ne nous paroît
point, n’en étant point fait mention dans l’Histoire. Quoy
qu’il en soit de ce Jean d’Estampes. Il est assuré qu’il y a
eu un autre Jean d’Estampes, qui vivoit au temps de nôtre Roy
Louis VII. & de Louis VI. son Pere. Celuy-ci étoit
tres-noble, & grand Seigneur, dont Sugger fait mention, au Livre
premier de ce qu’il a fait pendant qu’il a gouverné son Abbaye.
Où il dit qu’étant venu à Guillerval, qui est
un Bourg à deux lieuës d’Estampes, il trouva cette terre
en si mauvais état, & si négligée depuis
plusieurs années, qu’il n’y avoit point de maison pour loger
l’Abbé, ny de grange pour retirer les grains, ny aucun lieu pour
la commodité du Seigneur, où il pût recevoir ses droits;
ce qui l’obligea à acheter pour son Abbaye, une metairie de
trois charuës, au sujet de laquelle il y avoit eu depuis quarante
ans de tres-grands differends, & plusieurs combats entre Jean d’Estampes,
fils de Payen, homme noble & vaillant, & un autre Gentil-homme,
nommé de Piguiere, ou de Piviers, si la lettre G, du mot Piguerensem,
doit être prise pour V, selon l’ancien usage, qui ne pûrent
jamais être d’accord ensemble qu’en demeurant tous deux privez de
cette terre. Et pour mieux assurer ce Contract il fut signé, selon
l’usage du temps, par des parents, & des amis des parties contractantes,
entr’autres par un nommé Baudouyn de Corbeil, ce qui me fait juger
que ce Jean d’Estampes, dont nous parlons, étoit mary de Madame
Eustache de Corbeil, dont il est dit dans les donations qu’elle a fait à
l’Abbaye d’Yerre en Brie, que c’a été du consentement de Jean
d’Estampes son mary, & des Baudouyn de Corbeil son Gendre, & d’Ameline
sa femme, comme l’a remarqué le sieur de la Barre en son Histoire
de Corbeil. Et il y a lieu de croire que Jean d’Estampes étoit son
frère, [p.121 (et non 127)]
ou du moins proche parent de Marc, Vicomte d’Estampes, dont
il est fait une honnorable mention dans la Cronique de Morigny, liv. 2.
& dont je parleray dans mes Observations sur la même Cronique.
(I, XXIX, pp. 120-121, la
page 121 étant numérotée par erreur typographique
127)
|
Éditions:
Dom Basile FLEUREAU, Les Antiquitez
de la ville, et du Duché d’Estampes, Paris, J.-B. Coignard,
1683 [réédition en fac-similé: Marseille, Lafittes
reprints, 1997; réédition numérique en ligne (en
cours depuis 2001): Bernard GINESTE (éd.), «Dom Fleureau:
Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html,
2001-2006], pp. 76 & 120.
|
26. Pedro
Calderón de la Barca (1600-1681)
Selon
Felix Librecht (1879), cité par Gaston Paris (1891), un
des nombreux drames de Calderón (mais lequel?) fait mention
de notre personnage sous le nom de Juan de los Tiempos.
Quelqu’un
pourrait-il nous indiquer quel est ce drame de Calderón?
Selon Gaston Paris
d’après Liebrecht
|
Traduction B. G.
(2006)
|
... Juan de los Tiempos...
|
... Jean des
Temps...
|
Source:
Felix LIEBRECHT, Zur
Volkskunde. Alte und Neue Aufsätze [in-8; XVI+522 p.], Heilbronn,
Henninger, 1879, p. 107 [cité par PARIS 1891].
Gaston PARIS, Le
Juif errant en Italie [in-4°; 16 p.; extrait du Journal
des savants (septembre 1891); compte rendu de L’Ebreo errante
in Italia, par S. Morpurgo], Paris, E. Bouillon, 1891.
Gaston PARIS, «Le
juif errant» [réédition de deux études
dont celle de 1991], in ID., Légendes du moyen
âge [in-16; IV+291 p.; contient: «Roncevaux»,
«Le paradis de la reine Sibylle», «La légende
du Tannhäuser», «Le juif errant», «Le
lai de l’oiselet»], Paris, Hachette, 1903. Rééditions:
1904. 1908. 1912. [reproduction en fac-similé de l’édition
de 1903], Amsterdam, Rodopi, 1970.
Réédition
numérique en mode texte: François MORIN &
Dolène SCHMIDT [éd.], «Gaston Paris:
Le Juif errant», in Biblisem (Bibliothèque
de Littérature Spiritualiste Et Mystique), http://www.biblisem.net/etudes/parislje.htm,
en ligne en 2006.
|
27. Christian
Friedrich Garmann, De Miraculis Mortuorum, 1670
Christian Friedrich Garmann (1640-1708)
paraît avoir été un médecin allemand,
sur lequel je n’ai guère pu glaner de données, n’étant
pas germanophne.
Version allemande de 2003
|
Texte latin de 1670
|
Version B. G. (2006)
|
§. 7. [Daß sich das Leben über mehr als
hundert Jahr erstrecken kann]
Daß unser Leben aber
nicht länger als hundert Jahre währen kann, wie
es die Ägypter gezeigt haben, dem widerspricht die Erfahrung.
Ich will nicht die Beispiele, welche die Historiker angemerkt,
aufhäufen. Was die Menschen, die vor der Sintflut lebten, angeht,
so ist die Sache klar. Im Jahr 1151 starb in Frankreich
nach 372 Lebensjahren der Waffenträger Karls des Großen,
Johannes de Temporibus (Cureus Annal. Siles. part.1. p.m. 46.).
Wilhelm Barneslai starb in England nach Vollendung des 126. Jahres,
als er in seinem hundersten Lebensjahr Witwer geworden war, heiratete
er zum zweiten Mal (Olear.l.3. Itin. Muscov. Persiae. c.25. p.289.).
Das Gleiche berichtet Borel (Cent.2. obs.39.p.138.) [und]
unser [Landsmann] Sachs (c.l.p.507.§.8.). Über die Eingeborenen
Brasiliens [berichtet] Guilhelm.Pis.(l.1.de Medicin.Brasil.p.6.),
daß sie über das hunderste Jahr hinaus sich eines blühenden
und langen Alters erfreuen. Er fügt hinzu, daß den dort
lebenden Europäer dasselbe widerfährt. Folgende Gründe
führt er an: (a) daß sie von athletischen Eltern abstammen;
(b). sich nicht durch Sorgen abhärmen und keine Ausschweifungen
kennen. (g). Immer dieselbe schlichte Nahrung und Kleidung beibehalten.(d).
Daß ihnen Besitzstreben fehlt und sie sich freiwilliger Armut
unterwerfen, so daß derjenige, der über mehr [Besitz] verfügt,
denjenigen, die weniger haben, gern abgibt, wobei die Leichtigkeit
zu geben und zu verlangen die gleiche ist.
|
De Cordis in igne duratione, §7.
Ultra Centum annos autem
vitam nostram se non extendere posset, ut Ægypti docuerunt,
experientia reclamat. Nolo Exempla coacervare ab historicis
notata. De Antediluvianis res clara est. Anno 1151,
in Galliis vixit 372. annos Caroli Magni armiger Johannes de Temporibus
(Cureus Annal. Siles. Part. 1. p. m. 46.) Vvilhelm.
Barneslai in Anglia 126. annos complevit, centesimo viduus factus
conjugium iterum iniit. (Olear. l. 3 Itin. Muscov. Persiæ.
c. 25. p. 289.) Gemella recitat Borellus (Cent.
2. obs. 39. p. 138.) Sachsius noster (c.1.
p. 507. § 8.) De Brasilianis Gvilhelm. Pis. (l. 1.
de Medecin. Brasil. p. 6.) qvod post centesimum ætatis
annum viridi & longæva senectute potiantur. Addit idem
Europæis ibidem degentibus contingere. Causas subdit has
(a.) qvia athleticis nati parentibus (b.) curis non macerantur,
& voluptates ignorant. (c.) Eodem semper victu & amictu eoque
simplici gaudent. (d.) Nullus illis habendi amor, paupertatique
se addicunt voluntariæ, ut, cui plus est, lubens impertiat aliis
minus habentibus, pari dandi & poscendi facilitate.
|
§7. De ce que le cœur
est fortifié par le feu (?)
Que notre vie ne puisse
pas s’étendre au-delà de cent ans, ainsi que l’enseignaient
les Égyptiens, c’est ce qui demande vérification.
Je ne veux pas accumuler les exemples notés par des historiens.
En ce qui concerne les gens d’avant le Déluge, la chose est
claire. L’an 1151, dans les Gaules, mourut à l’âge
de 372 ans l’écuyer de Charlemagne, Jean des Temps (Cureus,
dans ses Annales de Silésie, part. 1,
p. m. 46). William Barneslai en Angleterre parvint à
l’âge de 126 ans, et devenu veuf à l’âge de cent
ans, se remaria (Olearius, Voyage à Moscou et en Perse,
ch. 25, p. 289). Disent des choses analogues Borel (Cent. 2, obs.
39., p.138) et notre compatriote Sachs (ch. 1, p.. 507, § 8). Au sujet
des Brésiliens, Guillaume de Pise (livre 1 de Médecine
Brésilienne, p. 6) dit qu’ils restent verts après cent
ans d’âge et qu’ils jouissent d’une longue vieillesse. Le même
ajoute qu’il arrive la même chose aux Européens qui vivent
là. Il y trouve les causes suivantes: (a) ils naissent de parents
athlétiques; (b) ils ne se morfondent pas en soucis et ignorent les
plaisirs; (c) ils se contentent d’une nourriture qui est toujours la même
et d’un vêtement rudimentaire; (d) ils n’ont aucun désir
de possession et s’adonnent à une pauvreté volontaire,
de sorte que celui qui a plus donne volontiers aux autres qui ont moins,
avec une égale facilité à donner et à réclamer.
|
Éditions
L. Christianus Fridericus GARMANNUS
(Christian Friedrich GARMANN, 1640-1708), De Miraculis Mortuorum
[112 p.], Lipsiæ (Leipzig), impensis Christiani Kirchneri (Christian
Kirchner), 1670, p. 69.
L. Christianus Fridericus GARMANNUS,
De Miraculis mortuorum [in-4°; pièces
liminaires; 112 p.; index], Lipsiae (Leipzig), apud M. G. Weidmannum,
1687.
Immanuel Heinrich GARMANN [éd.],
L. Christ. Frid. Garmanni,... de Miraculis mortuorum
libri tres, quibus praemissa dissertatio de cadavere et miraculis
in genere, opus physico-medicum... editum a L. Immanueli Heinrico
Garmanno,... [in-4°; pièces liminaires; 1244 p.; indices;
portrait], Dresdae (Dresde) & Lipsiae (Leipzig), sumptibus J. C.
Zimmermanni, 1709.
Réédition numérique
en ligne: Silvio BENETELLO & Bernd HERRMANN [éd.],
Christian Friedrich Garmann. De Miraculis Mortuorum:
Über die Wunder[dinge] der Toten [288 p.; texte latin
original en mode image et traduction allemande en mode texte au format
PDF], Göttingen, Universitätsdrucke Göttingen,
http://webdoc.sub.gwdg.de/univerlag/2003/garmann/pages_1-144.pdf
& http://webdoc.sub.gwdg.de/univerlag/2003/garmann/pages_144-288.pdf,
2003, en ligne en 2006.
|
Henning Witte
(1634-1696), dans cette oraison funèbre en l’honneur du professeur
d’Histoire Reinhold Franckenberger (1585-1664), doyen de l’Académie de Wittenberg, mort à près de quatre-vingt ans, amasse un
fleuve de lieux communs sur le grand âge, où l’exemple
de Jean des Temps surgit tout naturellement, parmi d’autres auxquels
il est déjà associé par des auteurs antérieurs,
chez qui il puise abondamment son inspiration.
Texte de 1679
|
Traduction à venir
|
RArissimum in nostra Universitate funus
indictivum grandaevi adeo et incani Professoris Historiarum
Publici, Viri Amplissimi, DN. REINHOLDI FRANCKENBERGERI, Collegii
Philosophici et Academiae huius, post [p.440]
divum AUGUSTUM BUCHNERUM (cuius magna semper apud posteros recordatio
pervigebit) Senioris venerandi! cum octogenariam fere illam, et
iam pridem, inter postremissimae aetatis fata habitam periodum attigisset,
nudius octavus inde translatus ad aeternitatem, dies Nobis hodiernus
imperat. Quoto enim cuique ex milibus hominum id cessit, ut tam vicinus
saeculo propemodum exstiterit? et quota vero eorum pars est, qui dimidium
aevi fere, in tam nobili officio transegerunt? Iam inde a temporibus
diluvii istius, quod cum flagitiis suis orbem universum merserat, aetatem
mortalium elanguisse, semperque lapsam in deteriora, historiae sacrae
iuxta ac profanae referunt. Latere neminem signatus a Mose terminus
humanae vitae potest. Hinc in Thalia etiam Historiarum parens, spatium
vivendi longissimum periodo annorum octoginta finit. Grandaevus et
dierum satur Propheta ille Regius, annos septuaginta natus audit. In
omni Romanorum, Graecorum, Francorumque ac Germanorum Caesarum, quatuor
solummodo inventi, octogesimum qui attigere: e Pontificibus Romanis
quinque. Elisabetha Angliae Regina, isthaec supergressa sexum altera
Semiramis, universos a Guilielmo Conquestore antecessores, vita, quidni
et Imperii gloria? superavit. Vixit enimvero Davidis, regnaverat Augusti
annos mulier. Adeo nimirum rara grandiorum natu exempla deprehendas,
ut inter saeculorum miracula vulgo ponerentur. Sic prodigio Epimenides
Cretensis fuit, quod sesquiseculo illius vita constitisset. Trecentos
(DEI hominumque fidem!) annos, Caroli, a rebus gestis magni, armiger
Iohannes de temporibus (sic vocabatur) et ultra aliquid exsuperasse traditur.
Laurentium Orcadensem annos centum ac quadraginta iam emensum, saeva
quoque hieme piscatum cum navicula prodîsse, Buchananus auctor
est. Vidit apud Herefordienses, inter floreales ludos, institutam a
senibus octo, quorum simul computata aetas, annos octingentos ipsos
exaequaverat, choream, Verulamius. Ac nescio quid veluti praerogativae
Britannis ad makrobiothta frequentiorem
concesserit natura sollers? Wilhelmum Barnesloium, Equitem, post centum
et viginti sex annorum spatia, annus M DCCLI. Angliae vitaeque exemit.
Thomas quoque Parrius centum trigintaque superstes, ante hos nunc undetriginta
annos diem ibidem obiit supremum. Nondumque adeo elapsum lustrum est,
quo Lesburiensis in Northumbria Ecclesiastes, biennio [p.441] ante, quam finiretur
(agebat tum enim duodecimum centesimumque annum) dentes aliquot
et renatos etiam capillos sensit. Quas dum cumulatiores solito historias
longaevorum hic atteximus, nemo facile miretur, qui et venerando
Seni, et Historiarum diu satis merito Professori scriptionem funebrem
esse adornandam cogitet. |
Événement
fort rare dans notre Académie, les funérailles d’une
personne aussi âgée et chenue que le fonctionnaire et professeur
d’histoire REINHOLD FRANCKENBERGER, personnage considérable,
et, après le divin August Buchner [1591-1661]
(dont le souvenir restera toujours grand et vivace auprès de
la postérité), vénérable
doyen du collège de Philosophie et de
toute cette académie, puisqu’il avait presque atteint cet âge
fameux de quatre-vingts, et depuis longtemps déjà la période
qui pour fixée par le destin comme l’âge le plus extrême
qui soit, entré depuis déjà huit jours dans l’éternité,
le jour présent nous commande de les célébrer. En
effet, sur mille personnes, à combien est-il arrivé d’approcher
de si près le siècle? Et combien en est-il parmi eux qui
aient passé presque un demi-siècle à occuper de
si nobles fonctions? Dejà, depuis l’époque de ce Déluge
qui avait englouti le monde entier et tous ses vices, l’histoire sainte,
d’accord avec l’histoire profane, rapporte que la longévité
des mortels s’est affaiblie, allant toujours de mal en pis. Nul
ne peut ignorer le terme assigné par Moïse à la
vie de l’homme [Psaume 90].
C’est pourquoi dans [son chapitre] Thalie, le père de l’Histoire [Hérodote] limite
la plus longue étendue de la vie à une durée de quatre-vingts
ans. Avancé en âge et rassasié de jours
[1 Chroniques XXIX, 28],
le fameux prophète-roi [David]
se voit attribuer eu soixante-dix ans [donnée traditionnelle, non biblique].
Parmi tous les empereurs romains, grecs, et français autant qu’allemands,
il s’en est trouvé seulement quatre qui atteignirent les quatre-vingt
ans. Et cinq parmi les souverains-pontifes. La reine Élisabeth
d’Angleterre [1533-1603],
cette nouvelle Séraminis, sortant du rôle imparti à
son sexe, surpassa en longévité tous ses prédécesseurs
depuis Guillaume le Conquérant, et que n’en est-il pas de
la gloire de son empire? Car c’est un fait: une femme a vécu
aussi longtemps que David [70 ans] et régné
aussi longtemps qu’Auguste [45 ans]. Les
exemples qu’on trouverait de personnes plus âgées sont si
extraordinairement rares qu’il sont été d’habitude rangés
parmi les miracles de chaque siècle. Ainsi Épiménide
de Crète fut tenu pour un prodige parce qu’il avait vécu
un siècle et demi. C’est trois cents ans (au nom
de Dieu et des hommes!) que, au rapport de l’histoire de Charlemagne,
un chevalier Jean des Temps aurait vécu et davantage encore. Laurent
des Orcades, âgé déjà de cent quarante ans
partit pêcher en mer par une effroyable tempête, à
ce qu’écrit Buchanan. Le vicomte de Verulam [Francis Bacon] a vu dans l’Herefordshire, lors
de jeux floraux, un chœur de huit vieillards, dont les âges
additionnés atteignaient huit cents ans. Est-ce qu’une nature industrieuse
accorderait aux Britanniques je ne sais quel privilège favorable
au grand âge? L’an 1751 enleva à l’Angleterre et à
cette vie le chevalier William Barneslai, après une vie de cent
vingt-six ans. Thomas Parrius aussi [†1616], ayant survécu cent trente ans, mourut au même endroit
le tout dernier jour avant ces plus précisément
cent vingt-neuf années. Et il n’y a pas cinq ans de cela, un ecclésiastique
de Lesbury, en Northumbrie, deux ans avant de mourir (car il était
alors âgé de cent douze ans), se vit repousser certaines
dents et même des cheveux. Personne n’ira s’étonner que nous
ayons ici aligné plus que de coutume des exemples de longévité,
si l’on veut bien considérer qu’il fallait un ornement suffisamment
conséquent à l’éloge funèbre d’un vénérable
vieillard qui était aussi un professeur émérite d’histoire.
|
Éditions:
Henning WITTE, Memoriae renovatae
decades [in-8; 2926 p.; 215 notices; 2 volumes (t.1: 606 p.;
t.2: 628 p.); 4 parties (1: Memoriae philosophorum, oratorum,
poetarum, historicorum, et philologorum nostri seculi clarissimorum
renovatae decas prima - nona; 2: Memoriae medicorum nostri
seculi clarissimorum renovatae decas prima - secunda; 3: Memoriae
jurisconsultorum nostri seculi clarissimorum renovatae decas prima
- quarta; 4: Memoriae theologorum nostri saeculi clarissimorum
renovatae decas prima - sexta)], Königsberg &, Frankfurt
(Francfort-sur-le-Main), Hallervord, 1677-1679 [dont une réédition
numérique en mode image et en mode, mise en ligne par l’Université
de Mannheim: http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/witte.html,
en ligne en 2006], t.II, 1679, p. 440 [http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/witte/witte2/s440.html
(en mode image), et http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/witte/witte2/books/wittememoriae2_4_5.html
(en mode texte)].
|
29. Johann Jacob Hofmann, Lexicon
Universale (1698)
Johann
Jacob Homann, de Bâle, publia en 1698 la troisème et
dernière édition de son Lexicon Universale,
qui constitue une première tentative d’encyclopédie humaniste.
Elle parut sous forme de quatre volumes de mille pages chacun.
Jean des Temps y est simplement
l’objet d’un renvoi aux chroniques de référence. Son
âge y est curieusement réduit à 61 ans, sans
doute par simple distraction, et de même pour la date de sa
mort curieusement fixée à 1120: car on maintient qu’il
a été un dignitaire de Charlemagne, affublé de
plus du titre ronflant de stabuli præfectus, qui doit
refléter l’allemand Stallmeister.
Texte de l’édition
de Leyde (1698)
|
Traduction B. G. (2006)
|
JOHANNES de Temporibus, Car.
Mag. stabuli præfectus, Obiit A. C. 1120. Æt. 61.
Vincentius Bellovacensis, Nauclerus, &c.
(Tomus II, pag. 622.)
|
JEAN
des Temps, préfet de l’étable [Stallmeister] de Charlemagne, mourut l’an du Christ 1120 [sic], à
l’âge de 61 ans [sic]. Vincent de Beauvais,
Nauclerus, etc.
(tome II, p. 622)
|
Éditions
Johannes Jacobus HOFMANNUS
(Johann Jacob HOFMANN, 1635-1706), Lexicon universale historico-geographico-chronologico-poetico-philologicum...
opera et studio Joh. Jacobi Hofmanni [in-f°; 2 volumes],
Basileae (Bâle), impensis J. H. Widerhold, 1677
Johannes Jacobus HOFMANNUS
(Johann Jacob HOFMANN), Lexici universalis historico-geographico-chronologico-poetico-philologici
continuatio... opera et studio Joh. Jacobi Hofmanni [in-8°;
3 volumes], Basileae (Bâle), impensis J. H. Widerhold, 1683.
Johannes Jacobus HOFMANNUS
(Johann Jacob HOFMANN), Lexicon Universale, Historiam
Sacram Et Profanam Omnis aevi, omniumque Gentium; Chronologiam
Ad Haec Usque Tempora; Geographiam Et Veteris Et Novi Orbis; Principum
Per Omnes Terras Familiarum [...] Genealogiam; Tum Mythologiam, Ritus,
Caerimonias, Omnemque Veterum Antiquitatem [...]; Virorum [...] Celebrium
Enarrationem [...]; Praeterea Animalium, Plantarum, Metallorum, Lapidum,
Gemmarum, Nomina, Naturas, Vires Explanans. - Editio Absolutissima
[...] Auctior [...] [in-f° (32 cm sur 17); 4 volumes (t.1: Literas
A, B, C, continens, 1072 p.; t. 2: Literas D, E, F, G, H, I, K, L,
continens, 900 p.; t. 3: Literas M, N, O, P, Q, continens, 994 p.; t.4: Literas
R, S, T, V, X, Y, Z, continens, 743+116 p.)], Lugduni Batavorum (Leiden,
Leyde), apud Jacob. Hackium, Cornel. Boutesteyn, Petr. Van der Aa et Jord.
Luchtmans, 1698.
Dont une réédition
numérique en mode image et en mode texte par l’Université
de Mannheim: http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/hofmann/hof2/s0662b.html
(mode image), en ligne en 2006.
|
30.
John Evelyn, Acetaria (1699)
John Evelyn
de Wotton (1620-1706) , type de gentleman-farmer, fut un écrivain
anglais assez prolifique qui a abordé autant la théologie
et la politique que l’architecture, l’horticulture et la gastronomie, notamment dans son petit traité Acetaria,
un discours sur les salades., où il nous dit que de son
temps un missionnaire aurait rencontré en Perse, en 1636, un vieillard
de 400 ans, ce qui enfonçait Jean des Temps de près d’un siècle.
Texte anglais
|
Traduction à venir
|
And here might we attest the Patriarchal
World, nay, and many Persons since; who living very temperately
came not much short of the Post-Diluvians themselves, counting from
Abraham to this Day; and some exceeding them, who liv’d in pure
Air, a constant, tho’ course and simple Diet; wholsome and uncompounded
Drink; that never tasted Brandy or Exotic Spirits; but us’d moderate
Exercise, and observ’d good Hours: For such a one a curious Missionary
tells us of in Persia; who had attain’d the Age of four hundred Years,
(a full Century beyond the famous Johannes de Temporibus)
and was living Anno 1636, and so may be still for ought we know. But,
to our Sallet.
|
|
Éditions
John EVELYN, Acetaria. A
Discourse of Sallets. By J.E., S.R.S. Author of the Kalendarium
[in-8° (17 cm); 40+192+48 p., 2 ff. de planches], London (Londres),
B. Tooke, 1699. Deuxième édition: London (Londres), B.
Tooke, 1706.
Rééditions étatsuniennes:
1) Brooklyn, Brooklyn Botanic Garden, 1937 [dont une réédition
numérique en mode texte qui suit]. 2) [25 cm; 149 p.; introduction
de Kit Currie; illustrations de Tottoroto], Dallas, Still Point
Press & Newtown (Pa, U.S.A.), Bird & Bull Press, 1985 [ISBN:
0933841019]. 3) Dallas, Still Point Press, 1986.
Réédition numérique
en mode texte:: ANONYME [éd.], «John Evelyn: Acetaria.
A Discourse of Sallet» in The Gutenberg Project
[EBook #15517], http://www.gutenberg.org/files/15517/15517-h/15517-h.htm,
en ligne en 2006.
Sur John Evelyn:
ANONYME, «John Evelyn»,
in Wikipedia, http://en.wikipedia.org/wiki/John_Evelyn,
en ligne en 2006.
|
31.
Harcouet de Longueville (1715).
Cet auteur d’un ouvrage assez
puéril sur les moyens d’attendre à la longévité
reproduit sans sourciller la légende Jean d’Étampes écuyer
de Charlemagne mort précisément en 1146.
Texte de l’édition
de 1716
|
Guy Donatus remarque (1), qu’en 1223, il connut un Richard âgé
de plus de 400 ans; il étoit soldat de profession, & pouvoit avoir
porté les armes sous Charlemagne. […] [p.97][p.98]
[...] Jean, surnommé d’Estampes, Ecuyer de Charlemagne, assuroit
un âge & service semblable à ceux de Richard. Il mourut sous
Loüis VII. dit le Jeune, l’an 1146.
|
(1)
Guy Donatus, déformation dans la tradition secondaire
du nom d’un certain Guido Bonatti (avec un intermédiaire latin
Guido Bonatus, écrit Guido Donatus), qui
dans une chronique rédigée vers 1279 (Gesta imperatorum et
pontificum, in M.G.H. XXIII, pp. 511-512), dit avoir vu lui-même
en 1223 à Ravenne un certain chevalier Richard (Vidi Ricardum Ravenne
era Christi millesima ducentesima vigesima tertia), personnage historique
avéré à l’époque de l’empereur Frédéric
II, aventurier qui s’était fait passer pour l’ecuyer d’Ogier,
l’un des douze pairs de Charlemagne, notamment auprès de l’empereur
Frédéric II (B.G.).
|
Éditions:
DE LONGUEVILLE HARCOUET (ou bien HARCOUET DE LONGUEVILLE,
1660-1720), Histoire des personnes qui ont vécu plusieurs siècles
et qui ont rajeuni: avec le secret du rajeunissement, tiré d’Arnauld
de Villeneuve, et des règle pour se conserver en santé, &
pour parvenir à un grand âge, par Mr de Longueville Harcouet
[in-16; 248 p.], Paris, Veuve Carpentier, 1715, rééd. 1716,
pp. 96-98.
Réédition [21 cm; 24+343 p.], Lyon,
Editions du Cosmogone [«Alchimie et spagyrie»], 1995.
Mise en ligne par les ite archive.org, http://archive.org/stream/histoiredesperso00harc#page/n1/mode/2up,
en ligne en 2012.
Version anglaise: Robert SAMBER (traducteur, sous
le pseudonymeEugenius PHILALETHES, 1682-v.1735), HARCOUET DE LONGUEVILLE (premier
auteur), Long livers, a curious history of such person of both sexes who
have liv’d several ages and grown young again. With The rare secret of rejivenescency
of Arnoldus de Villa Nova, and a great many approv’d and invaluable ruler
to prolong life, as also how to prepare the universal medicine... By Eugenius
Philalethes, F.R.S. [in-4°; LXIV+199+IX p.], London, J. Holland and
L. Stokoe, 1722. |
32.
Fredric Hasselquist, Vires plantarum (1747)
Fredric
Hasselquist, naturaliste et un explorateur suédois, fut un élève
du grand naturaliste Carl von Linné (1707-1778) fondateur de la nomenclature
binominale qui permet de désigner avec précision toutes les
espèces animales et végétale.
Dans sa thèse de médecine soutenue à Upsala le 20 juin
1747 devant son maître Carl von Linnée, il ne craint pas d’évoquer
le cas de Jean des Temps comme l’un des exemples du pouvoir qu’ont les aliments
sucrés de prolonger la durée de la vie humaine.
Texte latin (rééd.
1786)
|
Traduction à venir
|
§. XL.
§. 360. DULCES nutriunt,
PINGUES emolliunt magis, SALSAE stimulant & calefaciunt magis. DULCIA
plerumque nutriunt, acria & corrosiva [p.29] ipsorum ope mitescunt, & ut plurimum
utilia nobis sunt; talia sunt pleraque nostra alimenta, quae in nutritionem
cedunt; & chylus si in bonum nobis cedet nutrimentum, in dulcem &
lacteam redigi debet emulsionem.
Dulcia Veneri etiam amica & communiter ad longaevitatem
conferre creduntur.
JOHANNES de TEMPORIBUS & DEMOCRITUS aetatem
suam melle et mulso protraxisse annos dicuntur.
OL. RUDBECKIUS filius octogenarius, quotidie dulcibus
& saccharatis libenter vescebatur.
DANIEL MORAEUS Senator Fahlunensis 80 natus annos,
omni suo tempore Passulas, Caricas, Saccharum, Syrupos, aliaque dulcia libenter
assumsit.
DULCES plantae sunt Cerealia, uti Avena, Secale, Hordeum,
Triticum, Zea, Panicum, Milium, Pisum, Helxine, Faba, Phaseolus, Passulae,
Ficus, Dactyli, Ceratonia, &c.
|
§. XL.
§.
360. Celles qui sont douces nourrissent, celles qui sont grasses amollissent
davantages, celles qui sont salées stimulent et réchauffent
davantage. Les élément doux d’une manière générale
adoucissent les éléments âcres et corrosifs par un effet
de leur vertu et nous sont des plus utiles; tels sont la plupart de nos aliments
qui nous servent à nous nourrir; et le suc [digestif], quand il nous
sert de bon nutriment, doit être transformé en émulsion
douce et laiteuse.
Les éléments
doux sont bons pour la sexualité et sont considérés
en général comme conférant la longévité.
On dit que Jean des Temps
et Démocrite ont prolongé leur vie avec du miel et du vin miellé.
Olivier Rudbeck fils [Olaus/Olof
Olai Rudbeck le jeune, d’Upsala, médecin, explorateur et naturaliste
suédois, 1660-1740], octogénaire, se
nourrissait abondamment de mets doux et sucrés.
Daniel Moraeus [1677-1743],
sénateur de Fahlun [Suède], âgé de 80 ans, a consommé
toute sa vie des raisins secs, des figues sèches, du sucre, des sirops
et d’autres douceurs.
Les plantes douces sont
les céréales telles que l’avoine, le seigle, l’orge, le froment,
le blé amidonnier, le panic (sorte de millet), le millet, le pois,
la pariétaire, la fève, la dolique [légumineuse], les
raisins de Corinthe, les figues, la datte, le caroubier, etc.
|
Éditions:
Fridericus HASSELQUIST (1722-1752), B. C. D.
Vires plantarum, Dissertatione academica, cum cons. ampliss. facult. medicae
in regia academia Upsaliensi, sub praesidio veri experimentissimi et celeberrimi
Dn. Doct. Caroli Linnaei Sde Rde Mtii Archiatri, med. et botan. profess. reg.
et ordin. socc. imperial. Monspel. Stockholm. Upsaliens. et Berolin. socii,
examini publico subjectae a Friderico Hasselquist, o-gotho, stipendi [...]
regio, in auditor. Gustaviano, die 20 Junii anni 1747, hor. II ante meridiem
[in-4°; 40 p.], Upsaliae [Upsala], 1747.
Fridericus HASSELQUIST, «N°23. XIV. Vires
plantarum, sub praesidio D.D. Caroli Linnaei, propositae a Friderico Hasselquist,
O-Gotho, Upsaliae, 1747 junii in audit. Gustav.», in Fundamentorum
Botanicorum pars prima, exhibens omnes dissertationes academicas quae varios
aphorismos philosophiae botanicae illustrare possunt, curante Joan. Emman.
botan. profess. provinciae Lugd. pro epidemiis proto-medico, nosocomii generalis
Lugd. medico, acade. scient. Lugd. &c. Tomus II, Coloniae-Allobrogum
(Genève), Piestre & Delamolliere, 1786.
Dont une mise en ligne par Google sur son site Google
Books,, en ligne en 2012.
Sur l’auteur:
F. S. BODENHEIMER, «La vie et l’œuvre
de Frédéric Hasselquist (1722-1752)», in Revue d’histoire
des sciences et de leurs applications 4/1 (1951), pp. 60-77.
Dont une mise en ligne par le site Persée,
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1951_num_4_1_4319,
en ligne en 2012.
|
33.
Les comtes Stampa (après 1740).
Selon Emilio Seletti, érudit milanais de la fin du XIXe siècle,
on trouve à Balsamo, dans la villa des Comtes Stampa,
marquis de Soncini, une série de fresques représentant
les ancêtres de la famille, A quelle date peut remonter
cette série de fresques? Selon une note historique mise
en ligne par la commune de Cinisello-Balsamo, cette villa n’entra
dans la famille des comtes Stampa qu’en 1740. Quoi qu’il en soit,
le premier de ces nobles ancêtres est dépeint sous
les traits d’un guerrier, sous lequel on lit cette inscription latine:
Inscription
de Balsamo (édition de Seletti 1877)
|
Traduction
B.G. (2003)
|
IOANNES D’ESTAMPES
CAROLI MAGNI
MAGNUS SCUTIFER, ET EX XII. S. R. IMP.
COMITIBUS.
DE REGE CORDUBAE SINGULARI CERTAMINE
TRIUMPHAVIT
ET STAMPENSE GENUS IN GALLIA NOBILISSIMUM
APUD INSUBRES PROPAGAVIT
ANNO DCCC.
Autrement transcrit, avec résolution des abréviations:
Johannes d’Estampes, Caroli Magni magnus scutifer, et ex
duodecim Sancti Romani Imperii comitibus, de rege Cordubae
singulari certamine triumphavit, et Stampense genus, in Gallia
nobilissimum, apud Insubres propagavit anno DCCC.
|
Jean d’Estampes,
grand écuyer de Charlemagne, et l’un des douze comtes
du Saint Empire Romain, triompha du roi de Cordoue en combat
singulier, et propagea chez les Insubres (c’est-à-dire
dans le Milanais) la race d’Étampes, très noble
en Gaule, en l’an 800.
|
Notre source:
Emilio SELETTI, Inscrizioni alla Memoria di alcuni personaggi dell´illustre
casato dei Conti Stampa marchesi di Soncino raccolte da Emilio
Seletti, Milan, 1877 [dont un extrait en fac-similé
reproduit par Volkratt Stampa dans son ouvrage généalogique
de 1994, p. 29, dont photographie nous a été communiquée
par Jesk Stampa en 2003].
Sur la villa des comte Stampa:
COMMUNE DE CINISELLO-BALSAMO, «Inserto
storico», http://www.comune.cinisello-balsamo.mi.it/allegati/storiacin.pdf,
en ligne en 2003, dont l’extrait qui suit:: «Anche il territorio di Balsamo
si arricchì di prestigiose ville […]. La più
nota per il suo valore artistico e architettonico è
quella fatta erigere nel 1700 dalla famiglia Ferrari e acquistata
nel 1740 dal Conte Francesco Stampa. Nel 1905 tutto il complesso
divenne proprietà del Marchese Casati Soncino da cui prese
poi il nome.»
|
34. Jean
Paul, Der Jubelsenior (1797)
Jean
Paul, pseudonyme du littérateur romantqiue allemand Johann
Paul Friedrich Richter (1763-1825) fut un auteur très en
vogue de son vivant. Il fait mention en passant de la légende
de Jean des Temps dans son ouvrage Der Jubelsenior,
«Le vieillard du Jubilé», paru en 1797.
Texte original
|
Traduction à venir
|
Dritter Hirten - oder Zirkelbrief: Über den Egoismus
|
|
Teuerster Freund!
Die sonderbarsten Translokationen
nehm’ ich vorzüglich mit dreierlei Menschen vor, mit
Brobdignaks, mit Lilliputern und mit mir als dem Gulliver: ich
versetze sie wie eine algebraische Größe mit allen
Zeiten und Räumen und sehe dann nach, ob ich sie noch kenne.
So hab’ ich z. B. den königlichen Geist Friedrichs zu vielerlei
gemacht, um ihn zu prüfen, zum Papst - zum Großherrn
- zu einem spanischen Ephorus - dann zu einem geistlichen - ich vozierte
ihn darauf zum Rektor eines Lyzeums und dann von Ragusa - promovierte
ihn zu einem Kirchenvater des ersten Jahrhunderts - zum Bakkalaureus
des 16ten - zum Mitarbeiter an der Literaturzeitung - - oft nahm ich
ihm diese Kenntnisse bis auf wenige wieder weg und setzt’ ihn in mehrerern
naturalibus als pontificalibus auf die Zahnküste aus, in ein arabisches
Zelt, in eine Sennenhütte und gab ihm ein Alphorn.... Ich kann
nicht beschreiben, welcher Anstrengung des Blicks ich nötig
hatte, um diesen Visthnu in seinen zehn Menschwerdungen immer zu verfolgen
und zu enthülsen. Leichter schuppte und lederte ich den abscheulichen
zweiten Philipp von Spanien ab, wenn er vor mir die ganze Theatergarderobe
meiner Phantasie hatte anprobieren müssen, wenn dieses Lithopädium
der Zeit, dieser geistige Zoolith vor mir ein Konsistorialrat - ein
valet de fantaisie - ein Mautoffiziant - ein Sadduzäer - ein Werboffizier
- ein erster Christ - ein Arkadier - ein Berliner - ein Höfer
gewesen war. -
Noch lehrreicher ists, wenn
man mit sich selber diese Völker- und Seelenwanderung
versucht. Ich erwählte mich in Frankfurt - um zu sehen,
wie ich mich dabei betrüge - zum römischen Kaiser -
zu einem Apostel - zu einem alten Ritter - zum Gouverneur der Bastille
- zu einem von den neun Aussätzigen - zu einem Buschneger -
Minoriten - Hohenpriester - Kardinal - und Pariser Stutzer; ich lebte
nicht nur wie der ewige Jude oder St. Germain zu Christi oder nachher
zu des Antichrists Zeiten und im 12. Säkulum mit
dem Johannes de temporibus (dem Wagenmeister Karls des Großen),
der 361 Jahre alt wurde, sondern schon vorher in Nebukadnezars
und Apis’ Zeiten. Was war die Folge? - Demut und Gerechtigkeit. Ich
nenne dieses die höhere vergleichende Anatomie, wodurch man, wie
ein Daubenton, viele beschämende Ähnlichkeiten ausgräbt:
man errät sich und den andern, aber auf umgekehrte Kosten,
man hält dann die waagrechte Entfernung auf derselben Sprosse
der Wesenleiter für keine steilrechte von mehrerem Sprossen
und denkt dann ganz billig - wenigstens gegen Tote, Freunde und Fremde.
[...]
Ich bin, Bester, Ihr
J. P. [...]
|
Qui pourrait nous traduire ce
texte?
|
Éditions
JEAN PAUL (pseudonyme
de Johann Paul Friedrich RICHTER), Der Jubelsenior, ein Appendix
von Jean Paul [in-8°; 400 p.], Leipzig, J. G. Beygang, 1797.
JEAN PAUL (pseudonyme
de Johann Paul Friedrich RICHTER), «Der Jubelsenior, ein
Appendix», in Jean Paul’s Sammtliche Werke [4 volumes
in-f°: t. 1 (1. Grönländische Prozesse; 2. Die unsichtbare
Loge; 3. Auswahl aus des Teufels Papieren; 4. Hesperus; 5. Quintus Fixlein);
t. 2 (1. Biographische Belustigungen; 2. Blumen-Frucht- und Dornenstücke
(Siebenkäs); 3. Jubelsenior; 4. Kampaner Thal; 5. Palingenesien;
6. Briefe und bevorstehender Lebenslauf; 7. Titan; 8. Komischer Anhang
zum Titan; 9. ″Clavis Fichtiana″); t. 3 (1. Flegeljahre; 2. Klaglied
der jetzigen Männer; 3. Vorschule der Aesthetik; 4. Freiheit-Büchlein;
5. Levana; 6. Feldprediger Schmelzle; 7. Katzenberger); t.4 (Friedenpredigt;
Dämmerungen; Herbst-Blumine; Fidel; Mars und Phöbus; Museum;
Fastenpredigten; Doppelwörter; Komet; Kleine Bücherschau)],
Paris, Tétot frères, 1836-1837, t. 2.
Édition numérique
en ligne: ANONYME [éd.], «Jean Paul. Der Jubelsenior.
Ein Appendix (1797)», in Projekt Gutenberg (section
allemande), http://gutenberg.spiegel.de/jeanpaul/jubelsen/jubelsen.htm,
et spéccialement: http://gutenberg.spiegel.de/jeanpaul/jubelsen/jubelh31.htm,
en ligne en 2006.
Traduction française:
Albert BÉGUIN (1901-1957)
[trad.], Jean Paul. Le jubilé: appendice, traduit
de l’allemand par Albert Béguin [19 cm; IX+191 p.],
Paris, Stock, Delamain & Boutelleau [«Le cabinet cosmopolite.
Série classique» 5], 1930.
|
35. Johann
Georg Theodor Grässe, Der Tanhäuser und der ewige
Jude (1841)
Nous savons par Gaston Paris (1891) que
Grässe a évoqué la figure de Jean des Temps dans
son ouvrage sur La légende du juif éternel,
paru et 1841 et réédité en 1861. Gaston Paris
lui emprunte une citation d’ailleurs fort corrompu du texte de Paolo
Emili sur cette question.
Texte non disponible
|
Traduction à venir
|
(p. 117 de l’édition
de 1861, d’après Gaston Paris)
|
|
Source:
Gaston PARIS, Le Juif errant
en Italie [in-4°; 16 p.; extrait du Journal des savants
(septembre 1891); compte rendu de L’Ebreo errante in Italia,
par S. Morpurgo], Paris, E. Bouillon, 1891.
Gaston PARIS, «Le
juif errant» [réédition d’une étude
de 1880 et de celle de 1891], in ID., Légendes du moyen
âge [in-16; IV+291 p.; contient: «Roncevaux»,
«Le paradis de la reine Sibylle», «La légende
du Tannhäuser», «Le juif errant», «Le
lai de l’oiselet»], Paris, Hachette, 1903. Rééditions:
1904. 1908. 1912. [reproduction en fac-similé de l’édition
de 1903], Amsterdam, Rodopi, 1970.
Réédition
numérique en mode texte: François MORIN &
Dolène SCHMIDT [éd.], «Gaston Paris: Le
Juif errant», in Biblisem (Bibliothèque
de Littérature Spiritualiste Et Mystique), http://www.biblisem.net/etudes/parislje.htm,
en ligne en 2006.
Éditions:
Johann Georg Theodor GRÄSSE
(1814-1885), Die Sage von dem ewigen Juden, 1844,
p. ?.
Johann Georg Theodor GRÄSSE,
Der Tannhäuser und ewige Jude [reprend une
autre étude: Die Sage vom Ritter Tannhäuser,
1846], Dresde, 1861, p. 117, dont une mise en ligne en mode image
sur le site Archive.org, www.archive.org/stream/dertannhuserund00graegoog#page/n126/mode/2up,
en ligne en 2013.
Sur Grässe:
ANONYME, «Johann Georg Theodor
Grässe» [en allemand],
in Wikipedia, http://de.wikipedia.org/wiki/Johann_Georg_Theodor_Gr%C3%A4sse,
en ligne en 2006.
|
36. Robert
Leslie Ellis, Notes à l’Historia Vitae et Mortis de Bacon
(1859)
Robert Leslie
Ellis est un scholar de Cambridge qui a contribué à
l’édition des Œuvres complètes de Sir Francis
Bacon, et s’est spécialement chargé de son Historia
Vitae et Mortis, où il a relevé, le plus respectueusement
du monde, et parfois un peu trop charitablement, un nombre considérables
d’erreurs manifestes.
Il n’ose pas dire clairement que, concernant
Jean d’Étampes, Bacon s’est encore trompé dans ses fiches
en lui attribuant une réponse à l’empereur Auguste d’un
certain Pollion Romilius, mille ans plus tôt, et suggère
que l’erreur pourrait remonter à une source indéterminée
de Bacon. Il note bien pourtant que le même Bacon a manifestement
confondu, par ailleurs, le dit Pollion Romilius avec le plus fameux Asinius
Pollion, gendre d’Auguste.
On remarquera cependant que Bacon, en
commettant cette erreur, continue une tradition millénaire:
déjà Pline semble avoir n’avoir attribué que par
erreur ce dire à Pollion Romilius, puisqu’une source antérieure,
selon Ellis, rapporterait que cette réponse avait été
faite au philosophe Démocrite, plusieurs siècles avant
celui d’Auguste.
Note 4 de la page 146
|
Traduction B.G. (2006)
|
Asinius
Pollio, Augusti familiaris, centum annos superavit (4): vir ingentis luxus, eloquens, literarum cultor;
attamen vehemens, superbus, crudelis, et tanquam sibi natus.
(4) Bacon manifestly confounds Asinius Polio with
Pollio Romilius, of whom Pliny says, “Centesimum annum excedentem eum
D. Augustus hospes interrogavit quânam maxime ratione vigorem illum
animi corporisque custodisset. At ille respondit, Intus
mulso, foris oleo.”—Pliny, xxii. 53. Asinius Pollio died, according
to Eusebius, Chron. Olymp. 195, at the age of eighty. Moreri
makes him eighty-four.
|
Asinius
Pollion, l’ami d’Auguste, dépassa les 100 ans (4). C’était un homme vivant dans un luxe
inouï, éloquent et attaché aux belles-lettres,
et cependant violent, fier, cruel et égoïste.
(6) Bacon confond manifestement Asinius Polion
avec Pollion Romilius, de qui Pline dit: “Le divin Auguste son hôte
lui demanda surtout par quelle méthode il avait conservé cette
vigueur physique et morale, et celui-ci lui répondit: avec
du miel dedans, et de l’huile dehors.” (Pline, Histoire
Naturelle XXII, 53). Asinius Pollion mourut, selon Eusèbe
(Chronique, 195e olympiade), à l’âge de quatre-vingts
ans. Louis Moréri lui donne quatre-vingt-quatre ans.
|
Note 6 de la page 146
|
Traduction B.G. (2006)
|
Joannes
de Temporibus, ex omnibus posterioribus sæculis, traditione
quadam et opinione vulgari, usque ad miraculum, vel potius usque ad
fabulam, longævus perhibetur, annorum supra trecentos (6): natione fuit Francus, militavit autem sub
Carolo Magno.
(6) His name is said to have been Jean
de Stampis (D’Estampes), and the change to Johannes de Temporibus
is connected with his mythical longevity. See Zuingerus,
Theatrum vitæ humanæ, or Fulgosius, Factorum
dictorumque memorabilium, p. 298.
|
Jean des Temps, de tous siècles les plus récents,
selon une certaine tradition et selon l’opinion commune, passe pour
avoir joui d’une longévité qui tient du miracle, ou
plutôt de la légende: plus de trois cents ans (6). Il fut Français de naissance et
servit sous Charlemagne.
(6) On dit que son nom était Jean
de Stampis (D’Estampes), et on lie ce changement
de nom à sa longévité légendaire. Voyez
Zuingerus [Theodor Zwinger],
Theatrum vitæ humanæ, ou Fulgosius [Battista Fregoso], Factorum dictorumque
memorabilium, p. 298.
|
Note 3 de la page 177
|
Traduction B.G. (2006)
|
Joannes de Temporibus, qui dicitur
ad trecentesimum annum ætatem produxisse, interrogatus quomodo se
conservasset, respondisse fertur, Extra, oleo; intus, melle (2).
(2) This answer was originally given to Democritus
(see the Geoponica, XV, 7. 6); afterward, with a slight modification,
to Pollio Romilius. [see suprà, note p. 146.] I do not know by
whom it is ascribed to the mythical Johannes de Temporibus.
|
Jean des Temps, dont on dit qu’il
a prolongé sa vie jusqu’à trois cents ans, comme on lui
avait demandé comment il s’était ainsi conservé,
répondit à ce qu’on rapporte: Dehors, par l’huile, et
dedans par le miel (2).
(2)
Cette réponse était attribuée au départ à
Démocrite (voyez les Geoponica, XV, 7. 6); et après
cela, avec une légère modification, à Pollion Romilius
(voyez supra, note p. 146). Je ne sais pas par qui il est attribué
au mythique Johannes de temporibus.
|
Éditions
Robert Leslie ELLIS [éd.],
«Francis Bacon: Historia vitae et mortis», in James SPEDDING
(du Trinity College de Cambridge), Robert Leslie ELLIS (late fellow
du Trinity College) & Douglas Denon HEATH (barrister-at-law, late
fellow du Trinity College) [éd.], The works of Francis
Bacon, baron of Verulam, viscount St. Alban, and Lord High Chancellor
of England, collected and edited by James Spedding, of Trinity College,
Cambridge, Robert Leslie Ellis, barrister-at-law, late-fellow of Trinity
College, Cambridge and Douglas Denon Heath, late-fellow of Trinity College,
Cambridge. Vol. II (The Second Volume. Philosophical Works. Part I. continued.
Works published or designed for publication, as parts of the Instauration
Magna [19 cm; 692 p.; œuvres complètes en latin et anglais (tome
2 de 14 volumes publiés de 1857 à 1874)], London (Londres),
Longman & Co, Simpkin & Co, Hamilton & Co, Whittaker & Co,
J. Bain, E. Hodgson, Washbourne & Co, Richardson Brothers, Houlston &
Co, Bickers a Bush, Willis & Sotheran, J. Cornish, L. Booth, J. Snow,
Aylott & Co, 1859 [dont une réédition en fac-similé:
The works of Francis Bacon. Zweiter Band [692 p.],
Stuttgart, Frommann & Holzboog, 1986 (ISBN: 3-7728-0025-4), dont une
réédition numérique en mode image par la BNF, 1995,
mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k254716,
en ligne en 2006], pp. 91-228, spécialement pp. 146 & 177.
|
37. Emilio
Seletti, Inscrizioni... (1877)
Emilio Seletti
di Busseto (1830-1913), avocat milanais passionné d’archéologie,
a notamment publié en 1877 une notice sur les inscriptions
qu’il a trouvées relatives à la noble famille milanaise
des comtes Stampa, qui prétendaient descendre de Jean d’Étampes,
identifié à Jean des Temps, et donc à un écuyer
de Charlemagne autant qu’à un gendre du roi de France Philippe
Ier.
Nous avons donné plus haut
le texte de l’inscription qu’il a relevée, relative à
Jean d’Étampes lui-même.
Texte non disponible
|
Traduction à venir
|
|
|
Édition:
Emilio SELETTI, Inscrizioni alla Memoria di alcuni personaggi
dell´illustre casato dei Conti Stampa marchesi di Soncino
raccolte da Emilio Seletti, Milan,
1877 [dont un extrait en fac-similé
dans STAMPA 1994, p. 29].
Sur Emilio Seletti:
Francesco NOVATI, Commemorazione
di Emilio Seletti, 1830-1914 [25 cm; 11 p.; extrait de:
Archivio storico lombardo, 41(1914), fasc. 1-2, parte 1], Milano
(Milan), L. F. Cogliati, 1914.
|
38.
Felix Liebrecht, Zur Volkskunde (1879)
Felix Liebrecht semble avoir
traité en passant du personnage de Jean des Temps, d’après
Gaston Paris, qui renvoie à son ouvrage de 1879.
Texte
|
Traduction à venir
|
Juan de los Tiempos.
(Jahrb. für roman. u. engl. Litter. IV,
238.)
Valentin Schmidt in seinem posthumen Buch über die
Schauspiele Calderon's (Elberfeld 1857) S. 152 scheint Juan de los Tiempos
fur dieselbe Person gehalten zu haben wie Jean Espera en Dios (d.
i. der ewige Jude), über welchen s. Ferd. Wolf, Beiträge zur Gesch.
der spanischen Volkspoesie (in den Sitzungsberichten der Wiener Akad. 1859
S. 187). Dies ist jedoch ein Irrthnm; denn jener Johann ist der bekannte
Jean des Temps, in Betreff dessen Reiffenberg zu Phil.
Mouskes vol. II p. LXXXI f. folgendes anführt: »Dinterus, dans
sa chronique [p.108] de Brabant écrite au XVe siècle dit que
ce dernier [d. i. Jean des Temps] avait été écuyer de
Charlemagne, qu'il vécut 341 ans et mourut en 1139 (Ms. de la bibl.
de Bourgogne en 5 vol. in-fol. mod., I, 664; Nouv. archiv. histor. des Pays-Bas
VI, 139). Mais avant lui Guillaume de Nangis avait donné cette longevité
pour certaine (Vita Philippi. Du Chesne V, 516; Hist. litt. de la France
XVI, 133). De Longeville Harcourt, auteur de l'Histoire des personnes
qui ont vécu plusieurs siècles et qui ont rajeuni (Paris
1716, p. 98), recule la mort de Jean des Temps jusqu'à l'année
1146 et lui donne pour contemporain un certain Richard qui avait été
soldat sous Charlemagne et que Guy Donatus prétendait avoir connu
en 1223.« S. auch J. Wolf, NS. S. 168 no. 113 (wo er Jan van den
Tyden heisst) und Grässe, Der Tannhäuser und der Ewige Jude
2. Aufl. (Dresden 1861) S. 80 u. 117. Wenn er bei dem letztern den Beinamen
d'Estampes und a Stampis führt, so ist derselbe
offenbar aus dem andern des Temps entstanden. — Der Aehnlichkeit wegen will ich hier noch folgende zwei Sagen
aus Albertus Trium Fontium anführen: »A partibus Hispanorum venit
hoc tempore quidam senio valde confectus miles grandaevus qui se dicebat
esse Ogerum de Dacia [Ogier le Danois], de quo legitur in Historia Caroli
Magni et quod mater ejus fuit filia Theodorici de Ardenna. Hic itaque obiit
hoc anno in Diocesi Nivernensi, villa quae ad sanctum Patritium dicitur,
prout illic tam clerici quaro laici qui viderunt, postea retulerunt.« (Ad annum 1211; vol. II p. 456
ed. Leibn.); und ferner: »In Apulia mortuus est hoc tempore quidam
senex dierum, qui dicebat se fuisse armigerum Rolandi Theodoricum, qui dux
Guidonius dictus est, et Imperator ab eo multa didicit.« (Ad ann. 1234, ibid. p. 553.) |
|
Édition:
Felix LIEBRECHT, Zur Volkskunde.
Alte und Neue Aufsätze [in-8; XVI+522 p.], Heilbronn,
Henninger, 1879, p. 107 [cité par PARIS 1891], dont une mise
en ligne en mode image par le site archive.org, archive.org/stream/zurvolkskundeal04liebgoog#page/n127/mode/2up,
en ligne en 2013.
|
39. Edward Peacock & Abram Smythe
Palmer (1883)
Le célèbre
périodique oxfordiens Notes and Queris (qui fut
immité en France par l’Intermédiaire des chercheurs
et des curieux), fondé par l’érudit W. J. Thomas,
existe toujours et reste consacré aux questions relatives
à la langue et à la littérature anglaise, à
la lexicographie, à l’histoire et à l’érudition
ancienne. Ses anciens numéros ont té mis en ligne par
l’Oxford University Press, mais sur un site dont l’accès est payant
et fort coûteux (seize dollars la notice), à la différence
de ce qui passe en France pour l’Intermédiaire, mis à
la disposition de tous par notre très glorieuse et méritoire
BNF.
Aussi nous ne saurons pas quelles
information échangèrent en 1883 par ce biais sur
Jean des Temps les sires Edward Peacock, esq., de Bottesford (Lincolnshire)
et A. Smythe Palmer du Trinity College de Dublin, à moins
qu’une âme charitable et bienfaitrice nous le fasse savoir un
de ces jours.
Texte non disponible
|
Traduction à venir
|
|
|
Éditions:
Edward PEACOCK a Abram SMYTHE
PALMER (du Trinity College de Dublin), «Johannes de Temporibus»,
in Notes and Queries series 6, t.VIII (1883), pp.
12 & 184.
Dont une réédition
numérique en mode image par OXFORD UNIVERSITY PRESS [éd.],
Oxford Journals [site d’accès payant: 16$ par article!],
http://nq.oxfordjournals.org/cgi/reprint/s6-VIII/184/12-b
& http://nq.oxfordjournals.org/cgi/reprint/s6-VIII/184/12-c,
en ligne en 2006.
|
40. Gaston Paris, Le Juif errant: deuxième
étude (1891)
Gaston Paris (1839-1903),
de son nom complet Bruno Paulin Gaston Paris, médiéviste
et philologue français, succéde en 1872 à son père
Paulin Paris au Collège de France, dont il devient directeur
en 1895. Il participe à la création de la Revue
Critique en 1866 et de Romania en 1872.
Dans cette étude de
1891, on surprend son manque de rigueur lorsqu’il évoque
en passant la figure de Jean des Temps. On enrage d’entrevoir ce
mandarin sorbonagre, qui, disposant des meilleures bibliothèques
du monde, se contente paresseusement de recopier un texte de deuxième
ou troisième main, et, pis encore, s’autorise par coquetterie
à le corriger parce qu’il ne l’a pas compris, induisant tout le
monde en erreur du haut de la chaire que déshonore son indolence.
Texte de l’édition
de 1891
|
Notes de l’auteur
|
Je voudrais revenir sur la légende
du Juif Errant. […] [L’auteur étudie différentes
variante de la légende et notamment celle où ce
mystérieux personnage porte le nom de Jean Boutedieu,
Johannes Boutadeus. (B.G.)]
[…] Mais voici un témoignage
curieux qui vient compliquer la question. Mon regretté
confrère le comte Paul Riant l’a trouvé dans un
des manuscrits qu’il avait examinés au cours de ses immenses
recherches sur les sources de l’histoire de l’Orient latin; c’est
un manuscrit de la fin du XIVe siècle qui se trouve à
Évreux (n° 36), et qui contient sous le nom de Liber terre
sancte Jerusalem, un ouvrage que M. Riant, dans la note qu’il avait
bien voulu me communiquer, appréciait ainsi: «Guide pour
les pèlerins, compilé d’après Ludolf de Sudheim
et Philippus, troisième quart du XIVe siècle; très
peu de notices originales; le manuscrit n’est pas original, est une
copie incomplète et mauvaise (43).»
L’une des notices ajoutées par le compilateur est celle qui nous
intéresse: «Aussitôt après l’église
du Spasme, la station de Simon le Cyrénéen et la maison
de Judas (Philippus, p. 52), on lit: Item magis ultra per eamdem viam
est locus a vulgo [il manque évidemment dictus et un
nom], ubi Johannes Buttadeus impellit (1. impulit)
Christum Dominum quando ibat ligatus ad mortem, insultando
dicens Domino: Vade ultra, vade ad mortem! Cui respondit Dominus:
Ego vado ad mortem, sed tu usque ad diem judicii non (44). Et, ut quidam dicunt simplices,
visus est aliquando multis; sed hoc asseritur a sapientibus quia
dictus Johannes, qui corrupto nomine dicitur Johannes Buttadeus,
sano vocabulo appellatur Johannes Devotus Deo, qui fuit scutifer
Karoli Magni et vixit CCL annis. Vient ensuite la maison du mauvais
riche.» Tout est digne de remarque dans cette notice, et d’abord
l’assurance avec laquelle l’auteur oppose à la bonne foi des simples,
qui croient qu’on a rencontré plus d’une fois Jean Boutedieu,
la meilleure information des gens raisonnables, qui savent que le personnage
en question était Jean Dévot-à-Dieu, l’écuyer
de Charlemagne; puis le rapprochement étymologique de M. Morpurgo,
ou du moins un rapprochement très semblable, fait à son
insu cinq cents ans avant lui. Signalons aussi la formule, jusqu’à
présent inconnue, et très ingénieuse, du dialogue
entre le Juif et le Seigneur: c’est parce que, en poussant Jésus,
il lui a dit expressément d’aller à la mort qu’il
est condamné, lui, à chercher la mort, sans la trouver
jamais, jusqu’au jour du jugement. Il règne d’ailleurs dans ces
quelques lignes, qui ont au moins deux sources différentes, une
assez grande confusion. L’auteur semble admettre d’abord comme vraie l’histoire
de Joannes Buttadeus et ensuite reprocher à ceux qui l’admettent
d’avoir, pour la construire, défiguré le nom et altéré
le caractère de Johannes Devotus Deo. Mais ce qui nous
importe, c’est l’existence légendaire de ce dernier personnage,
évidemment identique au Juan de Voto-a-Dios signalé
en Espagne au XVIe siècle par Mme de Vasconcellos. Quelle est
la bonne forme entre les deux? Si l’on admet la première, il faut
la croire originairement latine, le mot dévot et ses congénères
n’ayant pas été aussi anciennement populaires dans l’idiome
vulgaire des pays romans. Si l’on croit une forme vulgaire plus vraisemblable
à l’origine, il faudra admettre l’espagnol de Voto-a-Dios,
ou l’italien de Voto-a-Dio (car le français
ni le provençal ne peuvent entrer en ligne de compte). La question
est fort obscure, et il faudrait, pour la résoudre, des éléments
qui nous font défaut. Mais quel est le personnage dont il s’agit
ici et qui passait pour avoir atteint, non l’immortalité, mais
une longévité extraordinaire? Il n’est pas aussi inconnu
qu’il le semble au premier abord. Il est évident, en effet, que
c’est le même que ce Jean des Temps dont Vincent
de Beauvais, d’après une source qui m’est inconnue, dit simplement
à l’année 1139: Joannes de Temporibus moritur,
qui vixerat annis trecentis sexaginta uno (45) a tempore Karoli Magni, cujus armiger
fuerat, notice qui a été répétée
depuis par divers chroniqueurs, notamment flamands
(46), et révoquée
en doute ou plutôt bizarrement atténuée par
l’historien Paul Émile quand il daigna recouvrir de son beau
style cicéronien sa compilation extraite de nos vieilles annales
(47). Il faut d’ailleurs que
Jean des Temps ait été plus célèbre
qu’il ne résulte de cette mention chez un chroniqueur du XIIIe
siècle, puisque l’arrangeur du traité contenu dans le
manuscrit d’Évreux le connaissait sous le nom de
Johannes Devotus Deo, tout en ne lui accordant
que deux cent cinquante ans de vie (48),
et qu’en Espagne il est resté connu sous son nom de Juan de
los Tiempos, par lequel il est désigné dans un drame
de Calderon (49). Il est même
probable que c’est la célébrité attachée
à son nom qui engagea, au XIIIe siècle, un aventurier
à se donner à son tour pour l’écuyer non plus
de Charlemagne, mais d’Olivier, appelé Richard, et à
jouer ce rôle avec succès, notamment à la cour de
Frédéric II (50),
jusqu’à sa mort, arrivée en 1234 (51). Mais le nom de Jean Dévot-à-Dieu,
que lui donne notre guide de Terre-Sainte, ne se rencontre pas ailleurs
que dans le dialogue espagnol du XVe siècle, où il
n’est accompagné d’aucun trait caractéristique, et,
jusqu’à ce qu’il se produise de nouveaux éclaircissements,
je suis porté à regarder ce nom soit comme altéré
de celui de Buttadeo, soit au moins comme en étant
parfaitement indépendant.
Deuxième étude
(1891)
|
(43) D’après une note de M, Omont
dans le tome II du Catalogue des bibliothèques
des départements, page 419, ce traité, malgré
ses défauts, devait être inséré dans
le tome III des Archives de l’Orient latin.
(44)
M. Morpurgo cite un passage assez analogue, mais moins intéressant
par sa forme, dans le voyage de Ser Mariano de Sienne, fait en
1431. Après avoir parlé de la porte par où Jésus
sortit pour aller au Calvaire, il ajoute: «Dicesi che qui era
quello che è chiamato Johanni Botadeo, e dixe per dispecto
a Jhesù : Va’ pur giù, che tu n’arai una tua, una!
Rispose l’umile Jhesù: Io andaro: tu m’aspecterai
tanto che io torni. Non ci è perdonanza.»
(45)
Le texte porte 341, mais Guillaume de Nangis, qui reproduit ce
passage, donne 361, qui est préférable: Jean des Temps
aurait vécu de 778 à 1439.
(46)
Voir Liebrecht, Zur Volkskunde, p. 107.
(47)
Il a d’ailleurs prétendu corriger le nom (d’après
quels documents, je l’ignore): Sub hoc tempus obiit
Johannes a Stampis, quem per errorem a Temporibus multi vocarunt
ob diuturnam vitam. Et pour diminuer le merveilleux
de l’histoire, il propose de supposer que ce personnage avait vécu
non sous Charlemagne, mais sous Charles le Simple [Il y a ici une erreur de lecture de Gaston Paris
ou de sa source (B.G.)]: «nec 360 sed circiter
160 (lisez 210 circiter) [Cette
correction proposée par Gaston Paris est intuile et fondée
sur l’erreur qui précède (B.G.)] annorum vitam
ei contigisse, id quod etiam consenescente mundo magnum et memorabile
sit.» (Cité par Graesse, Der Tanhäuser
und der ewige Jude, Dresde, 1861, p. 117.)
(48)
Il serait mort alors vers 1030, et il y aurait eu bien longtemps,
au XIVe siècle, qu’il n’aurait pu être rencontré
par des «simples» et pris pour Jean Boutedieu.
(49)
Voir Liebrecht, l. c.
(50)
Voir le passage impayable de Tommaso Tusco, chroniqueur du XIIIe
siècle, cité par M. A. d’Ancona dans les Rendiconti
de l’Académie des Lincei (séance
du 17 mars 1889). Tusco avait vu Richard en 1231 et avait pieusement
cru toutes ses histoires: Et in his omnibus divinam nobis
est attendere majestatem, quam in omnibus et ex omnibus collaudemus,
quae facit magna et inscruptabilia quorum non est numerus. Le
même Guido Bonatti qui parle de Buttadeo avait vu Richard, qui
dicebat se fuisse in curia Caroli Magni et vixisse quadragentis annis...
Vidi Ricardum Ravenne era Christi millesima ducentesima vigesima tertia.
(Cité dans Neubauer, p. 111.) C’est à cause de cela qu’on
a souvent allégué «Guy
Donatus» comme ayant vu ce survivant de l’époque de Charlemagne.
(Voir Liebrecht, l. c.). Il est remarquable que dans
ce que le bon Tusco nous rapporte des récits de Richard, il n’y
a rien qui se rattache à l’épopée française.
(51)
Je ne doute pas en effet que ce ne soit de lui qu’il s’agisse
dans un passage d’Albéric des Trois-Fontaines que j’ai cité
jadis (Hist. poét. de Charlemagne, p. 323) en corrigeant,
comme il faut le faire (et comme ne l’a pas fait le dernier éditeur),
Guidonius en Gaidonius: In Apulia mortuus est hoc anno
(1234) quidam senex dierum, qui dicebat se fuisse armigerum
Rollandi Theodricum, qui dux Guidonius dictus est, et imperator multa
ab eo didicit. (Monum., Germ., SS., t. XXIII, p 936).
La tradition orale, qui avait amené cette notice à
Albéric, avait naturellement substitué le célèbre
écuyer de Roland à l’écuyer inconnu d’Olivier. |
Éditions
Gaston PARIS (1839-1903),
Le juif errant [in-8°; 20 p.; extrait de
l’Encyclopédie des sciences religieuses], Paris,
G. Fischbacher, 1880.
Gaston PARIS, Le
Juif errant en Italie [in-4°; 16 p.; extrait du Journal
des savants (septembre 1891); compte rendu de L’Ebreo errante
in Italia, par S. Morpurgo], Paris, E. Bouillon, 1891.
Gaston PARIS, «Le
juif errant» [réédition de l’étude
de 1880 et de celle de 1891], in ID., Légendes du moyen
âge [in-16; IV+291 p.; contient: «Roncevaux»,
«Le paradis de la reine Sibylle», «La légende
du Tannhäuser», «Le juif errant», «Le
lai de l’oiselet»], Paris, Hachette, 1903. Rééditions:
1904. 1908. 1912. [reproduction en fac-similé de l’édition
de 1903], Amsterdam, Rodopi, 1970.
Réédition
numérique en mode texte: François MORIN &
Dolène SCHMIDT [éd.], «Gaston Paris: Le
Juif errant», in Biblisem (Bibliothèque
de Littérature Spiritualiste Et Mystique), http://www.biblisem.net/etudes/parislje.htm,
en ligne en 2006.
|
41.
Volkrat Stampa (1994)
Volkratt Stampa, généalogiste
allemand, s’est efforcé de déterminer s’il existait
un lien entre sa famille et la noble lignée des comtes Stampa.
Il a reproduit dans un ouvrage une page écrite par Seletti
en 1877 (voyez plus bas).
Texte non disponible
|
Traduction à venir
|
|
|
Édition:
Volkrat STAMPA, Stampa-album
[généalogie familiale],
chez l’auteur, 1994, pp. 28-29
[avec p. 29 le fac-simile de la page de SELETTI 1877 relative
à l’inscription de la villa Stampa de Basalmo; communiqué
au Corpus Étampois par Jesko Stampa, mail
de novembre 2003].
|
42.
Jesko Stampa (2003)
Jesko
Stampa, petit-fils du précédent, nous a communiqué
en 2003, plusieurs données, dont une page de Seletti, et nous
a adressé en 2005 une mise au point sur l’absence totale
de liens avérés entre cette famille allemande et celle
des comtes de Soncino:
Courriel de novembre 2003
|
[...] Si Jean d’Étampes
était l’un des douze comtes du Saint Empire, il
était aussi l’un des douze Pairs de Charlemagne.
La Chanson de Roland, qui date des 1080, raconte la
bataille de Roland contre les Basques en 778. Dans cette bataille
le plus célèbre des Pairs est Roland lui-même.
Mais sont également mentionnés les onze autres: Olivier,
Gerin, Gerier, Ivon, Ivorie, Berengier, Otes, Astor, Anseis, Gerard
de Rousillon et Gaifier.
Peut-être
Ivon est-il Giovanni
alias Ioannes?
Morigia,
en 1592, cite, avec quatre autres documents du même
genre, le témoignage de Giovanni Selino, "che discrive
la vita di Carlo Magno, narra che Giovanni de Stampa fu uno de
dodici Conti del Sacro Imperio", l’un des douze comtes de l’Empire.
On dit que
les légendes ont un fond de réalité.
Mais qui
ne désirerait, quitte à prendre ses rêves
pour des réalités, remonter à Charlemagne?
[...]
|
Courriel
de mars 2005
|
[...]
Notre branche généalogique
finit autour 1720 avec Augustin Stampa. Nous ne connaissons pas de lien
entre nous et la famille de Stampa de Soncino. [...]
|
Sources courriels
en date de novembre 2003 et de mars 2005.
|
43. Giacomo
Cavallo (2004)
Giacommo
Cavallo, travaille a Paris dans une organisation internationale, nous
a signalé plusieurs des chroniques éditées dans les
Monumenta Germaniae et qui parlent de Jean des Temps.
Courriel
|
[...] Vous demandez
ma théorie? Aucune, mais je crois aux explications simples. Il
y avait peut-être un vieux de grand âge qui s’appelait Jean
d’Estampes et quelqu’un avait trouvé que Charlemagne avait un
écuyer de ce nom. On aura demande au vieux s’il était l’ecuyer
de Charlemagne et il aura répondu que oui. Fin de la theorie.
Qui serait parfaite si dans une vie de Charlemagne
on trouvait un Johannes scutifer ou armiger. Je
n’en ai pas trouvé, bien que j’ai consulté plusieurs livres
ce soir. Johannes n’est pas un nom de militaire du
neuvième siècle, à ce qu’il paraît. [...]
(13 mars 2004)
|
Sources courriel
en date du 13 mars 2004.
|
44.
Henri P. comte de Stampa (2004)
M. le Comte Henri
de Stampa nous a fait parvenir en 2004 un courrier des plus intéressant
réumant les traditions qui ont cours dans sa famille au sujet
de ses lointaines origines, supposées étampoises.
Henri P. de STAMPA
***, PARIS
|
Le 12 mai 2004
|
Cher Monsieur,
|
|
NOTES (B.G., 2006)
|
J’ai lu avec beaucoup
d’intérêt votre article très documenté
sur Jean d’Etampes paru sur Internet dans le Corpus
historique étampois.
Constatant que vous étiez
amené à faire beaucoup d’hypothèses sur
ce personnage de légende et sur la famille à laquelle
il est attribué, je vous propose, ci-après, un complément
d’information qui repose sur les documents que je détiens.
|
|
[La première
page, parue en 2003 dans le Corpus Étampois, était
fort déficiente et ne reposait que sur des sources remontant
au plus haut au XVIe siècle.]
|
La tradition historique
fait descendre la famille lombarde des Stampa d’un seigneur
d’Etampes en France, nommé Jean, et qui, venu en Italie
avec Charlemagne, aurait été désigné
par ce dernier pour gouverner Milan. Ce personnage, dit la légende,
aurait tué en combat singulier un roi de Cordoue et, pour
cette raison, le cimier surmontant les blasons de cette famille
furent souvent un sarrasin.
Après sept premières
générations en Italie les descendants de ce Jean
originaire d’Etampes comptaient quatre frères (Lanfranco-Pio,
Sfeffano, Baldicione et Donato) qui, en 1030, à l’occasion
d’un soulèvement populaire, durent se retirer dans le Nord
de la Lombardie, aux confins de la Suisse actuelle, pour y attendre
les renforts envoyés par l’empereur Conrad II.
Une fois l’ordre rétabli,
la situation de ces quatre frères fut confortée
par les décisions de l’empereur.
— Lanfranco-Pio fut réinstallé
à Milan.
— Steffano fut nommé
gouverneur de Bellinzona, et reçut le comté de
Cannobio, lequel comté fut possédé ultérieurement
par une autre famille.
— Baldicione, nommé
capitaine de la cavalerie impériale, reçut la seigneurie
de Seprio. Aucune descendance ne lui est attribuée.
— Donato reçut la
seigneurie de Valle Pregallia.
Les trois branches issues
de ces frères furent par la suite identifiées par
le même patronyme et, quand l’héraldique apparut,
arborèrent des blasons quasiment identiques.
|
|
|
Les documents les concernant
évoquent sans ambiguïté l’origine étampoise,
affirmation qui est confortée par deux constatations:
— Les Stampa appliquaient
la loi salique, comme les Francs. Ceci est notamment affirmé
dans un acte notarial de l’an 1052.
— Le mot stampa n’est pas
d’origine italienne.
A cette époque le
mot stampa n’existait pas dans ce qui
allait devenir l’italien. Il n’a été introduit
dans cette langue qu’avec l’imprimerie, vers 1465. C’était
un mot de dialecte germanique qui signifiait «pressoir»
et que les constructeurs allemands des premières presses
à imprimer donnèrent comme nom à leurs machines
en raison de leur ressemblance avec le pressoir à vendange.
Par contre la ville d’Etampes,
en France, s’appelait bien Stampa ou Stampae à
l’époque où Jean (nous dirons aussi Giovanni)
qui en était originaire, accompagna Charlemagne dans son
expédition en Italie.
Les Francs, qui avaient
envahi la Gaule romane, du IIIème au Vème siècle,
avaient très certainement donné ce nom à
cette localité parce qu’il y avait là une foulerie
de grains ou l’un de ces immenses pressoirs qu’ils savaient justement
si bien construire. La machine à broyer se disait «
stampfe » en langue germanique et devint «stampa»
en latin qui était la langue des Francs dans les anciens territoires
romains.
Il était normal que,
voulant marquer sa provenance, Giovanni ajoutât le nom
de sa ville, au génitif, à son nom de baptême,
pour se distinguer, à une époque où les
noms de famille n’existaient pas encore.
Par la suite ce fut lui
qui qualifia de Stampae sa demeure italienne, mais assurément
pas le château qui donna le nom à la famille.
S’il fallait encore se convaincre
du caractère exogène de ce nom dans la société
italienne, une simple statistique viendrait appuyer la démonstration
par comparaison avec trois grands noms de l’aristocratie locale:
en 1991 l’annuaire téléphonique de Rome recensait
130 Spada, 140 Visconti, 160 Sforza, et seulement 5 Stampa.
La racine «stamp»
étant d’origine germanique, nous la retrouvons dans
des noms communs et des noms propres allemands et anglo-saxons
avec une grande variété de combinaisons, et, très
naturellement, des familles homonymes existent, notamment en
Allemagne.
|
|
|
Les Stampa des siècles
passés croyaient ils en cette origine légendaire
?
L’origine étampoise
est régulièrement affirmée dans des documents
officiels. Et il fallait, dans une certaine mesure, qu’ils y croient
car au fil des siècles on constate qu’en Italie il était
malvenu et peu fllatteur de se dire apparenté à
des Français. Un tel comportement était particulièrement
audacieux pour les Soncino.
Il faut savoir qu’en 1535,
lorsque le duc de Milan François II Sforza meurt sans
héritier direct, Maximilien Stampa se trouve être gouverneur
de toutes les forteresses de l’Etat. Le roi de France affirmant toujours
ses prétentions sur la Lombardie, les troupes françaises
envahissent aussitôt le Piémont. Le roi sollicite
grandement Maximilien en allant jusqu’à lui offrir une garde
personnelle de cent lances, mais le choix de ce dernier sera favorable
à Charles Quint.
Pour cette raison, la Lombardie
sera espagnole pendant deux longs siècles, et il parait
très incongru pour des Stampa devenus Grands d’Espagne
de se dire quelque peu français.
|
|
|
Parlons enfin de «de
temporibus»
Un certain Jean a été
surnommé «de temporibus» parce qu’il aurait
vécu 361 ans. C’est en tout cas ce qu’affirme Philippe
de Bergame dans un ouvrage publié en 1539, c’est-à-dire
après l’épisode de 1535. Il y note le décès
de «de temporibus» en l’an 1146, sans préciser
à quelle famille il appartient; et il ne dit pas non plus que
ce personnage vient d’Etampes.
«1146 - Gioani -
appelé de temporibus (comme l’écrivent les historiens)
à l’âge de 361 ans est mort en France cette année,
et l’on dit qu’il fut homme d’armes de Charles que l’on surnomme
le Grand».
S’agissant de la longévité
du personnage nul ne doutera que l’humour et la capacité
de jugement des siècles passés devaient bien être
à la hauteur de notre propre sens critique sur cette fable.
|
|
|
Quant à son
identification avec le Jean originaire d’Etampes et venu en Lombardie
avec Charlemagne, voici le commentaire que Pierre de Stampa, détenteur
d’un exemplaire de l’ouvrage imprimé en 1539, a formulé
dans des notes manuscrites: «Si de temporibus est mort en
1146 à l’âge de 361 ans il serait né en 785;
Charlemagne étant mort en 814, il aurait pu compter parmi les
compagnons d’armes de l’empereur durant une quinzaine d’années;
cependant il ne peut être que le fils ou petit-fils du Giovanni
dont on parle et qui faisait déjà partie de l’armée
de Charlemagne quand celui-ci est entré en Italie en 774, onze
années avant la naissance de Giovanni de temporibus».
|
|
|
Un autre indice me
parait significatif: parmi les 126 inscriptions recensées
et commentées par Emilio Seletti, deux seulement évoquent
IOANNES D’ESTAMPES et elles sont totalement muettes en ce qui concerne
sa durée de vie. |
|
|
L’évocation
de cette fable est clairement le fait de certains chroniqueurs,
journalistes people des temps anciens, qui, inévitablement,
se citaient les uns les autres, et d’ailleurs sont encore cités.
Quelle formidable opération de communication!
La tradition veut que Jean
d’Etampes, compagnon de Charlemagne, ait été célèbre
pour son courage et qu’au cours d’un fait d’arme singulier il
ait abattu un Sarrasin.
A la suite d’une recherche
qu’il avait faite et communiquée en 1987 à
Michel Billard, historien d’Etampes, ainsi qu’à un homonyme
allemand cherchant désespérément une parenté
avec la famille lombarde (Volkrat Stampa), voici ce que Pierre de
Stampa a eu l’occasion d’écrire:
«Selon
les inscriptions et les chroniques, ce chevalier était
“Magnus Scutifer” et comte.
Ce rang était nécessairement la conséquence d’une
prouesse; les inscriptions disent qu’il aurait tué un roi de
Cordoue en combat singulier. Le combat singulier était une pratique
fréquente au moyen âge: elle existait depuis l’antiquité,
la Bible et l’Iliade nous en racontent et on en trouve encore dans l’histoire
militaire de la première république. Par contre, un seul
roi de Cordoue parait avoir été tué en combattant,
c’est l’émir Abd er Rhamman, vaincu à la bataille de
Poitiers. Rien ne nous interdit d’accorder la légende et le fait
historique: pendant plusieurs générations les Stampae
se sont prénommés Giovanni (ou
plutôt Ioannes)
et il est impossible de les différentier; le Magnus Scutifer
entré en Lombardie avec l’empereur petit-fils de Charles
Martel, pouvait bien être lui-même le petit-fils d’un
autre Ioannes Stampae vainqueur d’Abder Rhamman. L’hypothèse
n’est pas vérifiable mais rien n’impose de la rejeter.»
|
|
|
Cher Monsieur, nous
retiendrons ces quelques propos comme une contribution à
mieux percevoir la dimension poétique du personnage.
J’ai eu la chance de rencontrer,
il y a une quarantaine d’années, le chanoine Guibourgé,
puis bien plus tard, Monsieur Michel Billard qui m’a aimablement
dédicacé deux de ses ouvrages.
Je serais maintenant très
heureux etc.
Henri P. de STAMPA
|
|
|
|
Source: Courriel de
l’auteur en date du 26 septembre 2004.
|
45. Bernard
Gineste (2003-2006)
La solution?
Nous
espérons qu’il aura été agréable au lecteur
de suivre l’histoire d’une légende, qui vole de bouche en bouche
à travers les siècles, traversant ainsi plus de quarante
cerveaux chacun animé de ses préoccupations propres.
|
|
On
a vu l’âge de Jean des Temps beaucoup varier selon les auteurs:
61 ans, 161 ans, 250 ans, 300 ans, 341 ans, 360 ans, 361 ans, 369 ans,
372 ans, voire plus de 400 ans; à peine autant que la date de sa mort
qui oscille entre 1039, 1120, 1138, 1139, 1143, 1144, 1146 et 1151: on
n’a que l’embarras du choix. On l’a vu naître en Allemagne, et
en France; mener une vie tempérante, se contenter de peu, boire
du vin miellé, manger du miel et s’oindre d’huile, pour éviter
l’évaporation de ses esprits animaux; tuer un calife, passer
d’écuyer à chevalier, voire préfet des écuries
de Charlemagne; devenir tantôt Jean Boute-Dieu, c’est-à-dire
le Juif Errant, et tantôt Jean d’Étampes; être fait
comte de cette bonne ville, épouser la fille du roi Philippe Ier,
à l’âge de 200 ans et davantage; servir à Dieu d’exemple
et de preuve que les Écritures ne mentent pas, et au public de ce
que les évêques anglicans ne savent pas tous leurs tables
de multiplication, ni les grands esprits des Lumières de prudence,
ni tous les membres de l’Institut
se défier suffisamment de l’érudition allemande; être la souche d’une noble
famille de l’Italie; nourrir enfin l’imagination des chroniqueurs, des
historiens, des généalogistes, des médecins, des
philosophes, des poètes, des collégiens et des discoureurs
de tout poil.
Au bout du compte l’énigme demeure.
Il n’y a pas de vérité, aurait dit Omar Khayyam, mais il
existe des mensonges évidents. Pour ma part je ne peux me
satisfaire d’une réflexion de ce genre. Tous les développements
ultérieurs de la légende semblent bien pouvoir s’expliquer
par des mécanismes relativement simples; mais qu’en est-il de l’origine
ultime de cette légende? Tout semble en effet reposer en définitive
sur le premier rapport d’un chroniqueur antérieur à 1263,
indéfiniment recopié par ses successeurs.
En définitive personne à ce jour
n’a proposé à cette énigme de solution plus élégante
que celle que Paul Émile avait imaginée en 1519. Rappelons-là,
d’autant plus qu’elle n’a pas été correctement rapportée
par ceux qui y ont fait allusion.
Le Jean qui serait mort en 1139 n’aurait
pas été écuyer du Charles surnommé Charlemagne,
mais de Charles de Basse-Lorraine, deuxième fils de Louis d’Outremer,
dernier des carolingiens et rival malheureux d’Hugues Capet de 988 à
991.
On pourrait ainsi corriger 361 en 161, comme
propose de le faire Paul Émile.
Ajoutons-y cette remarque. Le plus ancien
témoin connu de la légende, à savoir Vincent de
Beauvais, porte, non pas 361, mais 341. On pourrait donc théoriquement,
dans le cadre de cette hypothèse, adopter la correction 141. Rappelons
que Jeanne Calmant est morte à 122 ans en 1997.
Mais
on peut même aller plus loin que Paul Émile, et se rapprocher
d’un âge vraisemblable en supposant que nos chroniqueurs n’ont pas
commis une seule confusion, mais bien deux simultanément. Selon
toute apparence, ils n’ont pas confondu seulement deux Charles, mais encore
deux Conrad. |
Charles de Basse-Lorraine captif d’Hugues
Capet en 991 (manuscrit d’une traduction française du De Casibus
de Boccace, XVe siècle, BNF ms fr.232)
|
En
effet plusieurs témoins anciens datent la mort de Jean des Temps du règne de l’empereur
Conrad. Or l’on observe bien des traces de confusion entre le règne de Conrad III (1138-1152) et celui de Conrad
II, roi de Germanie (1024-1039) puis empereur (1027-1039). Nos chroniqueurs confondent d’ailleurs fréquemment des papes
ou empereurs homonymes, dont le numéro n’est pas toujours donné
avec exactitude, notamment concernant les pape Luce II et Luce III, comme
on l’a vu dans nos extraits, mais aussi et surtout les empereurs Conrad
II et III.
Il est manifeste par exemple que Martin d’Oppavia et Juan Gil de Zamora confondent allègrement
les règnes de Conrad II et de Conrad III.
Bien plus la chronique de Martin d’Oppavia, pratiquement contemporaine
de celle de Vincent de Beauvais, c’est-à-dire de notre plus ancien
témoin de la légende, date la mort de Jean des Temps non
pas de 1139 mais de l’année 1039.
L’éditeur fait justement remarquer que
d’après le contexte il semble falloir corriger ce texte et lire
1139. Mais faut-il réellement le corriger? N’est-il pas plus
naturel de considérer que l’erreur de Martin d’Oppavia n’est
pas d’avoir porté la mort de Jean des Temps en 1039, mais de
l’avoir décalée sous le règne de Conrad III, tout
en conservant maladroitement la date exacte? On observe bien un déplacement
de ce genre dans la chronique plus tardive de Philippe de Bergame, qui
place la mort de Jean aux alentours de 1144, parce qu’il a maladroitement
intercalé de nouveaux éléments entre le règne
de Conrad III et la mention de la mort de Jean des Temps.
|
Conrad II (mort en 1039), au milieu
(enluminure du XIVe siècle)
|
Si
l’on veut bien de plus se rappeler que Charles de Basse-Lorraine fut
proclamé roi de France en 988, un an après Hugues Capet,
et qu’il ne fut neutralisé par ce dernier que trois ans plus tard,
on calculera vite que, de la fin du règne éphémère
de ce Charles à 1039, il ne s’était écoulé
que 48 ans. D’ailleurs Charles de Basse-Lorraine lui-même, né
vers 953, n’est peut-être mort que vers 1001**.
Ainsi,
un chroniqueur local du XIe siècle a très bien pu noter
en 1039 la mort d’un noble de sa région appelé Jean,
qui aurait été dans sa jeunesse écuyer du roi Charles
dit de Basse-Lorraine, dernier descendant de Charles le Grand, moins de
deux générations avant cela.
|
** Alors qu’on croyait Charles
de Basse-Lorraine mort en prison à Orléans peu après 891, la découverte en
1666 de sa sépulture dans la basilique Saint-Servais à
Maëstricht, qui mentionne une inhumation datée seulement
de 1001, a conduit légitimement certains auteurs à se demander
si ce n’était pas là la date réelle de sa mort, après
une éventuelle libération. Il était né en
953, ce qui ne le ferait mourir qu’à 48 ans.
|
A
cette date de 1039, la légitimité de la royauté
capétienne n’était pas tellement assise dans les esprits
qu’elle puisse faire totalement oublier, comme ce sera le cas dans la
suite, le règne malheureux du dernier des carolingiens.
En Flandre, précisément,
régne alors une dynastie comtale plus ancienne que celle des capétiens,
puisque fondée vers 866 par Baudouin Ier Bras de Fer et son épouse
carolingienne Judith, fille de Charles le Chauve.
En 1039 sévit en Flandre son descendant
Baudouin V (1036-1067), à qui le fils d’Hugues Capet, Robert II
le Pieux a donné sa fille Alix, sœur d’Henri Ier (1031-1060).
Sous le règne du dit Henri Ier, qui n’est
que le troisième représentant de sa dynastie, le pouvoir
capétien paraît bien fragile. De son côté Baudouin
est si puissant qu’il exercera la régence sur toute la France pendant
la minorité de son neveu Philippe Ier.
Un chroniqueur
local, et par exemple flamand, aurait parfaitement pu, en signalant la
mort de ce Jean à un âge relativement avancé, en
faire l’un des derniers témoins de l’ancien régime qui est
encore alors dans toutes les mémoires. La toute jeune dynastie capétienne
est encore mal assurée, et son autorité ne repose que sur
l’élection d’Hugues Capet par ses pairs. On se souvient encore très
bien que ce Capet avait un rival plus légitime: et certains de ceux
qui l’ont servi vivent encore, ou sont morts il y a peu, comme notre mystérieux
Jean.
Si par exemple
notre Jean des Temps était mort en 1039 à l’âge canonique de 80 ans, que les Écritures
considèrent comme exceptionnel, il aurait eu de 29 à 32 ans
sous le règne éphémère et contesté
du dernier des Charles, c’est-à-dire entre 988 et 991.
Voici donc la solution
que nous proposons: la première chronique, aujourd’hui perdue,
qui fit mention de la mort de notre Jean rapportait simplement qu’il était
mort très âgé sous l’empereur Conrad (Conrad II, mort
en 1039), ayant été dans sa jeunesse écuyer du roi
Charles (celui que nous appelons de Basse-Lorraine, et qui n’avait été neutralisé
par Hugues Capet qu’en 991).
En supposant par exemple que ce Jean soit né
vers 971, il aurait pu être écuyer de Charles de Basse-Lorraine
en 911 à l’âge de 20 ans, et il n’aurait eu que 68 ans en 1039,
à la fin du règne de l’empereur Conrad II.
Le chroniqueur suivant aura compris qu’il aurait été
écuyer de Charles le Grand, Charlemagne, mort en 814, et un autre
encore précisa erronément qu’il était
mort sous Conrad III, ce qui fit corriger 1039 en 1139.
Puis on s’est permis de calculer l’âge du mort
d’après ces données. Selon Vincent
de Beauvais par exemple Jean est mort en 1139 âgé de 341
ans; cela signifie qu’il était né en 798 et qu’il n’avait
que 16 ans à la mort de Charlemagne, en 814: et voilà pourquoi
il n’était pas encore chevalier! Car on ne doutait au XIIIe siècle
que toutes les institutions de la chevalerie remontaient à ce monarque,
sinon même à la plus haute Antiquité, et qu’on avait toujours été écuyer
avant que d’être chevalier.
|
|
Quand on voit qu’un
membre de l’Institut comme Gaston Paris, en
1891, recopie de seconde main un texte imprimé de Paul Émile
de 1519, avec une telle négligence qu’il ne le comprend pas et
confond allègrement lui-même Charles le Simple avec son petit-fils
Charles de Basse-Lorraine, il n’y pas à s’étonner outre
mesure de semblables confusions chez des chroniqueurs des XIe, XIIe et
XIIe siècles, qui ne disposaient pas de si bonnes bibliothèques
que nos mandarins sorbonagres, ni de textes aussi invariables que les
textes imprimés.
|
|
*
* *
Quoi qu’il en soit, une page de l’histoire
de cette légende reste à décrypter: il nous manque
beaucoup des chaînons qui ont conduit de ces premiers éléments
à la légende familiale très élaborée
des comtes Stampa. Il faut sans doute chercher du côté de
Morigia et de ses sources. C’est ce
que nous ne manquerons pas de faire dès que nous en aurons le temps,
et l’opportunité. Aidez-nous!
Bernard Gineste, juillet-août 2006.
|
|
Édition:
Toute critique, correction ou contribution
sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
|
Vincent de Beauvais.— Martin d’Oppavia.— Guillaume de Nangis.— Juan Gil de Zamora.— Sigimar
de Kremsmünster.— Jean Lelong d’Ypres.—
Autres chroniques flamandes.— Liber Terre Sancte d’Évreux.—
Philippe de Bergame.— Fulgosius.— Johannes Nauclerus.— Paul
Émile.— Joachim Curius.—
François de Belleforest.— Theodor Zwinger.— Giovanni Selino.— Paolo Morigia.— Jean
Bodin.— Richard Verstegan.— Lewis Bayly.— Balthasar Exner.—
Francis Bacon.— Thomas Browne.— Dom Basile
Fleureau.— Pedro Calderón de la
Barca.— Christian Friedrich Garman.— Henning Witte.— Johann
Jacob Hofmann.— John Evelyn.— Harcouet de Longueville.— Fredric Hasselquist.— Les Comtes Stampa.—
Jean Paul.— Johann Georg Theodor Grässe.—Robert Leslie Ellis.— Emilio Seletti.—
Felix Liebrecht.— Edward Peacock & Abram Smythe Palmer.—
Gaston Paris.— Volkrat Stampa.— Jesko Stampa.— Giacomo Cavallo.— Le comte Henri de Stampa.— Bernard Gineste.
|
Sources: indiquées en
lieux et places
|