Sainte Trinité
bois peint du XVIe siècle
Ce magnifique
bois peint conservé à Notre-Dame d’Étampes est un témoignage
intéressant de l’art religieux du XVIe siècle. Nous empruntons
ici à une brochure éditée par la municipalité
d’Étampes en 1998, à l’occasion de l’exposition d’un certain
nombre d’œuvres récemment restaurées, la photographie qu’en
avait prise la restauratrice de l’œuvre elle-même, L. Chicoineau, ainsi
que la notice d’Isabelle Maurel, alors responsable du Musée d’Étampes.
Nous y ajouterons seulement
deux remarques. La doctrine de la Trinité, tout d’abord, ne remonte pas au seul saint Augustin
(qui est du reste loin d’être le premier à avoir écrit
un traité Sur la Trinité), puisque déjà
l’Évangile selon Saint Matthieu , qui date de la fin du premier
siècle, s’achève sur l’ordre d’aller évangéliser
et baptiser toutes les nations au nom du Père, du Fils et
du Saint-Esprit.
Faisons de plus
observer que cette représentation de la Trinité centrée
sur l’épisode de la Crucifixion, est étroitement fondée
sur et autorisée par ce verset de l’Écriture: «Père,
en tes mains je remets mon esprit» (Évangile de Luc XXIII,46),
parole que seul rapporte cet évangile, et qui lui a été
inspirée par le verset 6 du Psaume XXXI.
Nous joignons à
cela quelques parallèles iconographiques, du XIVe siècle au
XVIe siècle, qui permettent de resituer l’œuvre
dans la tradition qui est la sienne.
On remarquera notamment et par exemple que le détail de la tiare porté
par le Père, se retrouve dans les peintures de Pesellino et de Robert
Campin, qui sont du XVe siècle.
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NOTICE
D’ISABELLE MAUREL
Responsable du Musée d’Étampes en
1998
La Sainte-Trinité
XVIe Siècle, Bois polychrome,
91 x 53,5 x 33 cm
Œuvre inscrite à l’Inventaire supplémentaire
des Monuments Historiques
Collégiale Notre-Dame du
Fort, Etampes
Photographie: L. Chicoineau, restauratrice.
Se
référant à l’Évangile de Matthieu (Mt
28, 19), saint Augustin, dans son De Trinitate, rapporte la doctrine
selon laquelle Dieu n’a qu’une nature mais est constitué néanmoins
de trois personnes: le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Au Haut
Moyen-Age, l’Église refusant de représenter sous un aspect
réaliste la Première Personne de la Trinité, laquelle
étant invisible, ce thème est longtemps absent de l’art religieux:
la Trinité est alors souvent évoquée par un idéogramme,
comme trois cercles entrelacés.
Ce n’est qu’au
XIIe siècle, et plus fréquemment à partir de la Renaissance,
qu’apparaît une représentation figurée de la Trinité.
Coiffé
d’une tiare et revêtu d’un manteau rouge, Dieu le Père se présente
sous les traits d’un vieillard patriarcal, doté d’une longue barbe.
Il est assis, derrière et légèrement au-dessus du Christ
en croix, tenant chaque extrémité du patibulum entre
ses mains. La colombe, au-dessus de la tête du Christ, évoque
quant à elle le Saint-Esprit.
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QUELQUES PARALLÈLES
Sculptures
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XIVe siècle, Moisdon-la-Rivière
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XVe siècle, Quimper |
Queven
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XVe siècle, Saint-Lothain |
Enluminures et tapisserie
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XVe siècle, Psautier,
Avignon, 1448
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XVe siècle, Psautier,
Limoges, après 1457 |
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XVIe siècle, Tapisserie
flamande |
Peintures
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XVe siècle, Masaccio
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XVe siècle, Pesellino
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XVe siècle, Botticelli
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XVe siècle,
Robert Campin
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XVIe siècle,
Le Greco |
XVIe siècle,
Lorenzo Lotto |
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Source: le catalogue de 1998, et pour le
reste, la Toile en novembre 2005.
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BIBLIOGRAPHIE
Éditions
Isabelle MAUREL (responsable
du Musée d’Étampes), «La Sainte Trinité»,
in Isabelle MAUREL [rédactrice], Clément
WINGLER (responsable du Service du Patrimoine) [collaborateur] & Patrice
MAITRE (maire-adjoint délégué à la Culture)
[préfacier], Œuvres restaurées. Exposition du 12 septembre
au 6 décembre 1998. Ville d’Étampes. Essonne [21 cm sur 29,4;
16 pages; 14 illustrations en couleur & 14 notices correspondantes],
Étampes, Département Culture et Patrimoine de la Ville d’Étampes,
1998, p. 4.
Bernard GINESTE [éd.], «Sculpteur anonyme:
La Sainte Trinité (bois peint du XVIe siècle)»,
in
Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-16-trinitedenotredame.html, 2005.
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