11 novembre 1918…
11 novembre 1968...
L’allocution
du Maire au Monument aux Morts
Il y a un demi-siècle, dans la clairière
de Rethondes, près de Compiègne, sonnait le clairon de l’Armistice.
Il mettait le point final à une tragédie qui, malgré
son éloignement dans le temps, évoque des images assez précises
à l’esprit de tous, même des plus jeunes. Quels sont ces tableaux
qui marquèrent les combattants et frappèrent l’imagination des
autres ?
D’abord la mobilisation générale, l’enthousiasme
de toute cette jeunesse de 14 qui partait en chantant pour punir en quelques
jours le Kaiser.
La guerre de tranchées: dans les plaines du nord
et de l’est, parmi la végétation brûlée et les
cratères d’obus, les longs boyaux aux parois de fascines retenant mal
la boue, les poilus portant moustache, leur casque émergeant à
peine, le clairon sonnant la charge, l’héroïsme du saut en avant,
le coup de pinard bu entre rescapés en chantant la Madelon.
Dans les airs, Guynemer et les autres champions du combat
aérien dont on sortait vainqueur ou tué car à cette époque
il n’y avait pas de salut par le parachute qui n’existait pas.
Enfin la folle allégresse du 11 novembre 1918
où n’importe qui dansait avec n’importe qui dans toutes les rues et
sur toutes les places de France.
Aujourd’hui, cinquantième anniversaire de ce
jour qui compte parmi les plus fastes de l’histoire de notre pays, en témoignage
de l’épreuve que vécut l’humanité pour faire triompher
la juste cause, retraçons brièvement ces péripéties:
Le 28 juin 1914, l’archiduc héritier d’Autriche
est assassiné à Sarajevo par des patriotes serbes. Un mois après,
l’Autriche déclare la guerre à 1a Serbie. Trois jours plus
tard l’Allemagne déclare la guerre à la Russie, cinq jours
plus tard à la France. Les Allemands ayant envahi la Belgique, l’Angleterre
leur déclare la guerre. Les dés sont jetés.
Nous essuyons quelques revers et les Allemands progressent
jusqu’à ce que Joffre les arrêtent par la contre-offensive de
la Marne. En novembre, le front s’immobilise de la mer aux Vosges dans la
guerre de tranchées. A l’est, il se stabilise du Niemen aux Carpathes.
En 1915, les Français font de vaines tentatives
pour percer le front en Champagne et en Artois, tandis que d’autres reçoivent
pour mission de débarquer en Turquie et en Grèce pour secourir
nos alliés russes et serbes.
L’année 1916 est marquée dès le
mois de février par de furieuses attaques allemandes dans le secteur
de Verdun. La bataille fait rage et fait inscrire dans les mémoires
au palmarès de l’héroïsme les noms de Douaumont, du fort
de Vaux, de la côte 304. En gros, les Alliés reculent jusqu’au
3 septembre, mais, en décembre, Nivelle a repris tout le terrain perdu.
Sur mer, en mai, se livre la grande bataille du Jutland qui permet aux Anglais
de garder la suprématie navale.
1917. La guerre dure. Le moral est touché surtout
après l’échec de l’offensive Nivelle en avril. Avec fermeté
et humanité, Pétain reprend en mains ses troupes, tandis que
Clémenceau redresse le moral de l’arrière. En Russie secouée
par la Révolution, Lénine signe une paix séparée.
Heureusement, les Etats-Unis, exaspérés par la guerre sous·marine
totale que livrent les Allemands, leur déclarent la guerre en avril
et décident l’envoi de troupes en France.
Les sept premiers mois de l’année 1918 sont marqués
par des offensives allemandes destinées à forcer le destin avant
l’arrivée des Américains. Paris est bombardé. La Somme,
les Flandres, l’Aisne, l’Oise, la Champagne sont successivement le théâtre
de très durs assauts qui n’arrivent pas à percer de brèches
dans la défense franco-anglaise. Mais, dès le 18 juillet, Foch
attaque. Le 26 septembre, il déclenche une offensive générale
de la Champagne à la mer. En novembre, les Allemands vaincus sont
refoulés en Belgique. Mais tous leurs autres fronts avaient craqué:
En octobre, les Italiens avaient enfoncé le front autrichien. En Serbie,
Franchet d’Esperey avaient bousculé dans la vallée du Vardar
les Bulgares et les Austro-Allemands.
Le Kaiser abdique le 9 novembre et fuit aux Pays-Bas.
Une délégation allemande franchit les lignes pour être
conduite en forêt de Compiègne, à Rethondes, où
Foch lui communique les conditions d’armistice: Évacuer en 15 jours
les pays envahis, l’Alsace-Lorraine et la rive gauche du Rhin. Interner sa
flotte. Livrer un abondant matériel militaire.
A 11 heures, le clairon sonne l’armistice.
Cette guerre avait coûté 17 millions de
blessés et 9 millions de morts. Pour son compte, la France avait perdu
1 400 000 hommes.
Clairons, sonnez, pour nous rappeler le sacrifice de
ces hommes !
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Gabriel Barrière, maire d’Etampes en 1968
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