Gustave Chaix d’Est-Ange
La famille de la
Bigne
Dictionnaire des familles, 1905
BIGNE (de la). Armes: d’argent à trois roses de gueules.
— Couronne: de Marquis.
La famille de La Bigne appartient à la noblesse
des environs de Bayeux, en Normandie, où elle est connue dès
le XIIIe siècle. On en trouvera une généalogie assez
sommaire dans le Nobiliaire de Normandie de M. de Magny. Elle parait avoir
eu pour berceau la paroisse de la Bigne, au diocèse de Bayeux. Un
Gaces de la Bigne, vraisemblablement issu de cette vieille souche, fut chapelain
des rois Philippe VI et Jean Ier, suivit ce dernier dans sa captivité
en Angleterre de 1356 à 1360 et y composa à sa demande pour
l’instruction de son fils un traité de vénerie en vers intitulé
Le Roman des oiseaux et des chiens.
Raymond de la Bigne, demeurant en la paroisse de Clairefougère,
de la sergenterie de Vassy, dans l’élection de Vire, fut maintenu
dans sa noblesse lors de la recherche de Montfaut en 1463.
Simone de la Bigne, âgée de neuf ans,
fille de Jean, Sgr du Londet, |252
fut du nombre des déesses qui récitèrent des vers au
roi François Ier lors de son entrée à Caen en 1532.
La filiation n’a pu être établie que
depuis Bertrand de la Bigne, écuyer, dont le fils, Robert de la Bigne,
écuyer, Sgr de Lambosne et de la Rochelle, en l’élection de
Mortain, épousa Madeleine Payen par contrat du 1er novembre 1492.
D’après M. de Magny ce Robert de la Bigne aurait été
maintenu dans sa noblesse le 19 mars 1522 par arrêt de la Cour des
aides de Rouen. Mais on trouve d’autre part qu’un Robert de la Bigne, demeurant
à Rully, en l’élection de Vire et de Condé, fut, non
pas maintenu noble, mais anobli lui et sa postérité par arrêt
de 1522 . Il est peu probable qu’il y ait eu là deux Robert de la
Bigne, vivant à la même époque et issus de deux familles
distinctes; il est plus vraisemblable aussi que cet anoblissement fut la
conséquence
d’une de ces dérogeances dont il y eut tant d’exemples dans la
noblesse de Normandie au cours du XVe siècle. Robert de la Bigne
eut de son mariage avec Madeleine Payen un fils, autre Robert de la Bigne,
écuyer, Sgr de Lambosne et de la Rochelle, bailli de la vicomté
de Mortain, qui épousa damoiselle Françoise du Parc par contrat
du 16 février 1524 et qui continua la descendance. Le plus jeune
des fils de celui-ci, Marguerin de la Bigne, né à Bernières,
chanoine de Bayeux, puis doyen de l’Église du Mans, auteur de divers
ouvrages théologiques, fut député du Chapitre de Bayeux
aux États généraux de Blois en 1576, puis au Concile
provincial de Rouen en 1581. Le neveu de cet ecclésiastique, Jean
de la Bigne, fils de Guyon, Sgr de la Rochelle, demeurant à Bernières,
en la sergenterie de Tinchebray, dans l’élection de Vire, fut maintenu
dans sa noblesse le mars 1599 par jugement de M. de Mesmes de Roissy. Ce
même Jean de la Bigne fut encore maintenu dans sa noblesse, cette fois
avec ses frères puînés Gilles et Adrien, le 10 mai 1635
par jugement rendu à Vire de M. d’Aligre, intendant. Adrien de la
Bigne, le plus jeune de ces trois frères, épousa dans un âge
assez avancé Anne Davy et continua la descendance. Son fils, Bernardin
de la Bigne, écuyer, sieur de la Rochelle, demeurant en la paroisse
de Bernières, dans la sergenterie de Tinchebray, fut maintenu dans
sa noblesse le 15 mars 1671 par jugement de Chamillart, intendant de Caen,
comme issu d’une vieille race déjà maintenue noble par Montfaut
en 1463. D’autres représentants de la famille de la Bigne furent
maintenus dans leur noblesse à cette époque par divers jugements
du même intendant. Jean-Baptiste de la Bigne, écuyer, Sgr du
Mesnil, petit-fils de Bernardin, épousa en 1738 Marie le Quesne du
Quesnay. Ce personnage, |253
dont descendent tous les représentants actuels de la famille de la
Bigne, laissa une nombreuse postérité. Son fils aîné,
François-Étienne, né à Bayeux en 1741, connu
le premier sous le titre de marquis de la Bigne, marié en 1784 à
Mlle Daniel de Séfond, fut l’auteur de la branche aînée;
il a été le grand-père de Gaston-Victor, marquis de
la Bigne, né en 1833, colonel de chasseurs, qui fut tué à
l’ennemi pendant la guerre de 1870-71. Trois autres fils de Jean-Baptiste,
Jean Bernardin, né en 1745, décédé en 1825 sans
laisser de postérité masculine, Joseph-Michel, né en
1748, décédé sans postérité dans les prisons
de la Terreur, et Claude-Exupère, né en 1761, firent en 1763,
1765 et 1775 leurs preuves de noblesse devant d’Hozier pour être admis
parmi les pages du Roi. Le plus jeune de ces trois frères devint dans
la suite écuyer cavalcadour du roi Louis XVI, épousa Mlle
Picard de Noir-Épinay et fut l’auteur de la branche cadette de la
famille de la Bigne.
Trois demoiselles de la Bigne avaient fait en 1741,
1750 et 1760 les preuves de leur noblesse pour être admises à
la maison de Saint-Cyr.
M. de la Bigne, Sgr de la Montagne, de Bonvilliers,
de Guignonville, de Boismercier, prit part en 1789 aux assemblées
de la noblesse tenues à Étampes. Mlle de la Bigne se fit représenter
à la même époque par M. de Croisilles aux assemblées
de la noblesse tenues à Vire.
La famille de la Bigne a fourni, outre les personnages
précédemment cités, de nombreux officiers, des chevaliers
de Saint-Louis, etc.
Principales alliances: de Mesenge 1877, Davy 1645,
du Parc, de Baudre, de Coucy 1824, de la Béraudière, de Poilloüe
de Saint-Mars 1828, de Pillot-Chantrans 1852, Le Gras de la Boissière
1855, de Bock 1811, Duval de Grenonville 1867, de Greils de Missillac 1893,
de Banville, de Brébeuf, de Campion 1556, de Clinchamps 1559, le Doulcet
de Pontécoulant 1540, de Parfouru 1659, de Chantepie 1550, etc.
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Gustave Chaix d’Est-Ange, (1863-1923),
Dictionnaire des familles françaises anciennes
ou notables à la fin du XIXe siècle. Tome IVe. Ber-Blo.
[20 vol. in-8 (1903-1929)], Évreux, C. Hérissey, 1905, pp.
251-253.
Blason dessiné par B. G.
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