Elvina Lépicier, de Bouville: Lettre à son mari mobilisé Henri Robert (Etampes, 11 novembre 1914)

Elvina Lépicier, de Bouville Lettre à son mari Henri Robert, mobilisé Étampes, 11 novembre 1914

Avant notre carte	Henri Isaïe Robert est né à Bouville le 13 décembre 1881 à Bouville, fils du cantonnier Denis Robert et de son épouse et de Maria Louise Gilbert, qui résident au Grand Bouville*. Il fait son service militaire du 16 novembre 1902 au 23 septembre 1905. Il est alors qualifié de journalier et plus précisément de maçon. En 1906 il habite à nouveau chez ses parents. Il fait encore deux périodes d’exercices militaires en juillet-août 1909 puis en mai-juin 1910. Il se marie vers 1910 à Bouville avec la fille du maréchal-ferrant, Elvina Gabrielle Lépicier, qui lui donnera une fille, Marie-Louise, née vers 1911. A cette date il habite avec sa femme et sa fille chez ses parents à Bouville et il est qualifié marchand de vins. En août 1914 il participe à la mobilisation générale et arrive le 12 au 31e régiment d’infanterie, âgé de 32 ans et père d’une fillette de trois ans environ. Il semble que sa femme lui envoie un colis chaque mois, car elle elle expédie le quatrième le 9 novembre 1914.	* voyez le cliché ci-dessous du Grand Bouville vers 1902.
Notre carte postale	Le mercredi 11 novembre 1914, Elvina Lépicier épouse Robert part pour Etampes où elle veut acheter des sabots chez Alexandre Collet, qui tient boutique au n°30 bis de la rue du Haut-Pavé (où il emploie comme gallochiers son frère Léon et son fils Camille)*. Il fait froid. En route elle laisse à Morigny sa fille Marie Louise, âgée de trois ans en compagnie de sa belle-sœur Clara Robert. Elle s’arrête à la poste d’Étampes, d’où elle écrit et envoie une carte à son mari. Elle lui annonce qu’elle lui a envoyé un quatrième colis l’avant-veille.	* Siège aujourd’hui du restaurant Mevlana, reconnaissable à sa deventure circulaire.
Après cette carte.	En octobre 1915 Henri Robert passe dans un nouveau régiment, le 46e d’infanterie. Du 9 juin 1916 au 17 juillet 1917 il est détaché auprès de la maison Larmaraud, entreprise de travaux publics à Ambérieu en Bugey, dans l’Ain*, après quoi il retourne aux Armées dans le 23e régiment d’infanterie, jusqu’à sa démobilisation survenue le 3 mars 1919. Nous le voyons obtenir un certificat d’ancien combattant en 1929. En 1931, âgé de 49 ans, il est dégagé de toutes obligations militaires, en raison d’un scléro-emphysème léger sans bruits adventices. Il décède à Bouville le 17 mai 1957 âgé de 75 ans. Sa femme Elvina ne décèdera que le 22 avril 1963 à Villejuif, âgée de 78 ans.	* Voyez la facture Larmaraud que nous éditons à la fin de cette page.

Monsieur Henri Robert
réserviste 31ème régiment d’infanterie 8ème compagnie
10ème division 5ème corps d’armée
Bureau central militaire de Paris

Étampes 11 novembre 1914

Mon bien cher Henri

Je t’écris à la poste à Étampes, nous sommes en bonne santé et espérons de même pour toi. Je suis avec Alice Guitton, je vais chercher des sabots chez Collet (1). Marie Louise est avec Clara à Morigny. Je t’écrirai demain plus longuement, j’ai bien froid aux mains, j’espère que tu es en possession de tes colis, j’ai expédié le 4ème lundi, je termine en t’embrassant bien fort de tout cœur.

Celle qui t’aime et pense bien à toi.
Elvina.

(1) J. Collet sabotier au 30 bis de la rue du Haut-Pavé (Almanach de 1913)